Le capital investissement veut drainer 10 milliards d'euros d'épargne des Français par an
Elue mardi matin à la tête de France Invest, la fédération française du non-coté, Claire Chabrier ambitionne de démultiplier les capitaux des particuliers vers le private equity.
Par Anne Drif
Nouveau cap pour les fonds d'investissement français. Elue mardi présidente de France Invest, Claire Chabrier veut pousser les feux sur le marché des particuliers.
« Depuis la loi Pacte, il y a eu un certain nombre d'initiatives, mais pour l'heure le résultat - autour d'une centaine de millions d'euros -est plutôt faible. Nous ambitionnons d'aller beaucoup plus loin et de mobiliser 10 milliards d'euros d'épargne des particuliers par an d'ici cinq ans », annonce la nouvelle tête de l'association qui regroupe les acteurs français du private equity.
Directrice associée du pôle capital-investissement du géant Amundi, Claire Chabrier estime que la branche est dans un « excellent momentum ». « A l'heure de la réforme des retraites, les particuliers ne peuvent pas placer indéfiniment des masses de capitaux dans des produits à faible rendement », estime-t-elle, évoquant un rendement net de 11 % par an dans la durée.
Pas de levier fiscal nécessaire
Pour lever enfin les obstacles, celle qui succède à Dominique Gaillard à la présidence de France Invest va mettre sur pied un groupe de travail associant fonds, distributeurs, fabricants de produits d'assurance-vie, et sociétés de gestion afin de recenser tous les points de blocage et ouvrir les chantiers réglementaires indispensables.
Pour elle, cependant, il n'est pas nécessaire d'ouvrir de volet fiscal pour inciter les épargnants, une négociation qui s'avérerait de facto très compliquée compte tenu de la pression du poids de la dette : « notre conviction est que la rentabilité et l'utilité de notre classe d'actifs suffisent à convaincre ».
Aujourd'hui, les souscriptions des caisses de retraite françaises représentent en moyenne seulement 3 % des levées du capital-investissement français sur les 3 dernières années. « Nous levons plus de capitaux auprès de fonds de pensions étrangers qu'auprès des caisses de retraite françaises, c'est un vrai paradoxe », souligne Claire Chabrier.
« Discussions intenses » avec les assureurs
D'autant plus que la branche, qui accompagne 8.300 entreprises et dit avoir créé 280.000 emplois net ces cinq dernières années, veut jouer un rôle dans le cadre de la reprise. Elle compte notamment distribuer 6 milliards d'euros d'obligations « Relance » prévus par le gouvernement. Ceux-ci s'ajoutent aux 14 milliards de prêts participatifs qui doivent être distribués par les banques.
Les fonds de capital-investissement comptent faire la différence, alors que les prêts participatifs démarrent doucement . L'intérêt des assureurs, qui financent les deux instruments, ne se dément pas : « les discussions sont intenses avec les assureurs et les 6 milliards qui devraient irriguer environ 1.500 entreprises seront à disposition avant l'été, c'est l'objectif. Nous sommes confiants », assure Claire Chabrier.
Ces nouveaux dispositifs garantis par l'Etat doivent permettre d'accélérer le rebond des PME et ETI par le financement d'acquisitions, de la digitalisation ou de la transformation, met en avant Claire Chabrier. Ils s'adresseront aussi bien aux entreprises que les fonds accompagnent déjà qu'à de nouveaux clients, qui ont une réticence à ouvrir leur capital.
Anne Drif