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Il a suffi que le coronavirus s’infiltre dans un chiffre américain pour que le Cac 40 voie rouge

La Bourse de Paris a chuté au moment de la publication d’un chiffre inquiétant aux Etats-Unis ce vendredi, témoignant de l’impact du coronavirus sur l’activité économique du pays, en particulier dans les services. 

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Il a suffi que le coronavirus s’infiltre dans un chiffre américain pour que le Cac 40 voie rouge | Crédits photo : Aéroport de Wuhan, en Chine, le 21 janvier 2020 / Dake Kang/AP/SIPA (Aéroport de Wuhan, en Chine, le 21 janvier 2020 / Dake Kang/AP/SIPA)

Par Denis Lantoine

Publié le 21 févr. 2020 à 17:41

Tout s’est joué à 15h45, avec la publication d’un chiffre américain qui, bien souvent, n’est pas considéré comme déterminant. Alors que les spécialistes lui préfèrent l’indice dit « ISM », qui offre une plus forte antériorité statistique, c’est l’indicateur PMI du cabinet IHS Markit, référence en Europe et qui mesure l’évolution de l’activité dans les secteurs de l’industrie ou des services, qui a tout déclenché.

Au-delà des sigles, les chiffres : pour la première fois en plus de six ans, cet indice PMI, dans sa version composite, c’est-à-dire en alliant les données liées à l’industrie et aux services, est tombé sous le seuil critique des 50 points, à 49,6, signe d’un passage en zone de contraction de l’activité. Si elle se maintient au-dessus des 50, la composante manufacturière recule, elle, de 1,1 point à 50,8, affectée par des retards d’approvisionnements liés à l’apparition du coronavirus.

Et c’est bien ce qui effraye les marchés. Pour la première fois, les opérateurs commencent à mesurer les effets néfastes de l’épidémie qui sévit en Chine et qui se propage au fil des jours à d’autres pays. Et ce sont les services qui sont le plus fortement touchés, cœur de l’économie américaine.

En clôture, le Cac 40 a abandonné 0,54%, à 6.029,72 points, parvenant à préserver le seuil des 6.000 points, dans un volume, plus élevé qu’à l’accoutumée, de 4,38 milliards d’euros. A New York, le Dow Jones perd 0,67% et le Nasdaq Composite 1,20%.

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Les voyages et le tourisme en première ligne

« Si l’on excepte le shutdown du gouvernement de 2013, l’activité des entreprises américaines a accusé en février sa première contraction depuis la crise financière », signale Chris Williamson, chef économiste chez IHS Markit. Il ajoute que « l’ensemble des nouvelles commandes a reculé pour la première fois en dix ans. La détérioration est en partie liée à l’épidémie de coronavirus, qui se manifeste par un affaiblissement de la demande dans différents secteurs comme les voyages et le tourisme, ainsi que par la baisse des exportations et les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement ».

Il relève dans le même temps que « les entreprises ont également fait état d’une prudence renforcée dans leurs dépenses en raison des craintes d’un ralentissement économique plus large et d’incertitudes avant l’élection présidentielle » de novembre. Si « l’enquête suggère un ralentissement du PIB d’un peu plus de 2% en janvier à seulement 0,6% en février », Chris Williamson signale cependant que l’enquête de février « reflète également une reprise notable de la confiance pour l’année en cours, témoignant d'un optimisme largement répandu que le ralentissement actuel sera de courte durée ».

Bonne résistance eu Europe

Les chiffres comparables publiés en matinée dans la zone euro avaient pourtant rassuré. L’activité manufacturière y a en effet connu une amélioration surprise au mois de février, l’indice préliminaire PMI manufacturier IHS Markit ayant progressé de 0,4 point à 48,4, un pic de huit mois. Les entreprises du Vieux continent semblent donc avoir relativement bien résisté. L’indice composite, synthèse entre l’industrie et les services, est même ressorti en croissance à 51,6 points dans l’ensemble de la région, un plus haut de six mois.

Dans ce contexte, les investisseurs vont naturellement, au cours des prochains jours (prochaines semaines) continuer d’analyser la vitesse de propagation du virus, avec l’espoir de déceler ce fameux point d’inflexion, synonyme de reprise de l’activité économique. En attendant, le parti communiste chinois a déclaré ce vendredi que ce point d’inflexion n’était toujours pas d’actualité et que la situation dans la province de Hubei demeurait sévère et complexe, selon la télévision d’Etat.

Près de 900 nouveaux cas

Plus de 200 nouveaux cas ont été recensés en Corée du Sud. Singapour et le Japon en ont rapporté plus de 85, sans oublier les quelque 600 cas signalés sur le Diamond Princess dans le port de Yokohama. Le dernier bilan des autorités chinoises faisait état de 118 décès supplémentaires dans le pays jeudi, tandis que le nombre de nouveaux cas totalisait 889, ce qui porte à 75.465 le nombre de personnes infectées en Chine continentale. L’épidémie touche désormais de nouveaux pays comme Israël ou l’Iran, où de nouveaux cas ont été signalés ce vendredi.

Les publications d’entreprises ont été reléguées au second plan. On notera quand même l’excellent accueil réservé à Sopra Steria Group, confiant pour cette année et qui s’est envolé en Bourse de plus de 12%. 

Denis Lantoine

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