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« A quoi joue Macron ? », se demande la presse américaine

Les journaux américains reviennent sur la « bromance » affichée par les deux présidents et s'interrogent sur les risques pour Emmanuel Macron.

Par Sophie Amsili

Publié le 25 avr. 2018 à 18:45

Au lendemain de l'accueil en grande pompe d'Emmanuel Macron à la Maison-Blanche et de la conférence de presse commune avec Donald Trump, les articles de journaux américains ressemblaient étrangement à des épisodes de soap opéra.

« Le couple semblait heureux de se retrouver », ironise le « New York Times » qui décrit des « bises », une « étreinte », une « main sur un genou » ou encore un « clin d'oeil » entre deux hommes « en pleine opération séduction ». « Il y avait tellement de contacts », résume le « Washington Post » en première ligne de sa description de la grande « histoire d'amour » (en français dans le texte) entre les deux présidents.

Le ton était légèrement différent après le discours donné par Emmanuel Macron devant le Congrès américain mercredi après-midi, où le président français a défendu des positions aux antipodes de celle de Donald Trump sur le multilatéralisme, le commerce ou encore le climat. Le « Washington Post » et « The Atlantic » ont opté sensiblement pour le même titre : « Après avoir embrassé Trump, Macron déchire le trumpisme ».

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Finalement, la presse américaine s'interroge sur le comportement qu'ont affiché les deux présidents : le Français et l'Américain vivent-ils une vraie « bromance » (comprendre amitié virile) ou assiste-t-on à une compétition de « mâle alpha » (homme dominant) ? L'éditorialiste du « Washington Post » Dana Milbank penche sans hésiter pour la deuxième option : « Trump est l'alpha - et Macron s'est mis dans une position d'obéissance », écrit-il.

« Bichon frisé de Trump »

Il en veut pour preuve « l'affaire de la pellicule » - quand Donald Trump a épousseté la veste d'Emmanuel Macron devant les caméras - qu'il décrit comme « le contact le plus intime d'un président américain avec un dirigeant étranger depuis que George W. Bush a annoncé avoir utilisé le même dentifrice que Tony Blair à Camp David ». On connaît l'issue pour le premier ministre britannique, qui fut assimilé au « caniche de Bush », met en garde l'éditorialiste. « Macron sera-t-il le bichon frisé de Trump ? », poursuit-il.

Alors « à quoi joue Macron ? », se demande Dana Milbank. C'est bien la question centrale qui revient dans la presse : sa « stratégie de la flatterie » peut-elle marcher ? demande le site Slate au chercheur Arthur Goldhammer, du Center for European Studies. « Macron croit beaucoup en sa capacité à gagner la confiance des gens », répond ce dernier. « Il a toujours utilisé dans sa carrière des figures de pouvoir plus âgés. »

Le « Christian Science Monitor » souligne deux épisodes qui ont déjà permis au président français de gagner en crédibilité auprès de son homologue américain : leur puissante - et très médiatisée - poignée de mains, il y a un an, lors du sommet de l'OTAN et son invitation au défilé militaire du 14 juillet.

« L'homme qui murmure à l'oreille de Trump »

Pour plusieurs médias (« The Atlantic », le « New York Times », la chaîne CNN et même le show satirique « The Daily Show »), Emmanuel Macron a déjà gagné un surnom : « l'homme qui murmure à l'oreille de Trump » (« Trump whisperer »). Mais obtiendra-t-il réellement des concessions du président américain sur les dossiers sensibles qu'il a abordés, notamment le nucléaire iranien ?

On en revient au lexique sentimental : « Que se passera-t-il si l'amour du président américain lunatique se transforme en haine ? », s'inquiète Christopher Dickey sur le site « The Daily Beast ». Après les multiples standing ovations dont Emmanuel Macron a bénéficié au Congrès, « Trump, qui est toujours jaloux de l'attention portée aux autres et qui exige une loyauté sans faille, ne comprend-il pas à quel point Macron est aux antipodes de ses prises de position […] ? »

Les risques sont grands pour le président français, met en garde Dana Milbank. « Jusqu'à présent, Macron n'a pas grand-chose à mettre en avant pour compenser sa nouvelle soumission. Peut-être que le chien alpha va lui lancer un os. Mais si Trump déchire l'accord iranien et n'exempte pas la France des tarifs douaniers, les gens vont revenir sur le comportement de Macron pendant l'affaire de la pellicule et vont se gratter la tête. »

Sophie Amsili

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