Marine Le Pen lance la campagne des municipales
La présidente du RN a égrainé un catalogue de propositions politiques, économiques et territoriales dans un discours à Fréjus dimanche. Elle montre là sa volonté de sortir de son rôle d'opposante stérile à Emmanuel Macron.
C'est un surprenant discours que Marine Le Pen a prononcé ce dimanche à Fréjus, où les cadres du Rassemblement national (RN) avaient rendez-vous pour leur rentrée politique. Alors qu'on attendait les attaques de la présidente du parti d'extrême-droite contre Emmanuel Macron, une fois n'est pas coutume, Marine Le Pen a concentré son allocution sur des propositions visant à mettre fin à la fracture entre les « gilets jaunes » - censés représenter le peuple dans l'imaginaire du parti - et les élites, entre la France des petites villes et celle des métropoles embourgeoisées. Son but : « élaborer un projet alternatif à vocation majoritaire ». C'est presque un programme qu'elle a présenté.
Paix fiscale et baisse des dépenses contraintes
D'abord, en ce qui concerne le pouvoir d'achat, la première opposante à Emmanuel Macron veut une « paix fiscale » qui passe par « engager la décrue des prélèvements » sur les classes moyennes. Ensuite, il faut « alléger les dépenses contraintes », a-t-elle insisté. Par exemple en instaurant une sorte de prix progressif de l'eau, les premiers mètres cubes consommés étant payés à prix coûtants, et les suivants étant facturés plus chers. Elle entend aussi stopper les privatisations d'ADP et des barrages hydroélectriques et « renationaliser les sociétés d'autoroutes ».
La présidente du RN propose aussi de créer un mécanisme d'intéressement des salariés en cas de paiement de dividendes de l'entreprise. Enfin, sur la modernisation de la vie politique, Marine Le Pen souhaite revenir à un septennat non renouvelable pour le chef de l'Etat. Elle vilipende aussi le peu de temps de parole dont les députés RN disposent à l'Assemblée nationale sans toutefois faire de propositions précises sur ce point, à part un changement de mode de scrutin pour les législatives, à la proportionnelle.
Fracture territoriale
Mais pour la présidente de RN, la grande thématique de l'élection présidentielle de 2022 sera la fracture territoriale. Là, elle entend revenir sur la spécialisation des quartiers par activité, donnant l'exemple du quartier d'affaires de La Défense près de Paris, que les Français ne peuvent atteindre qu'après des heures de transports en commun. « Cette vision urbaine transforme le travail en asservissement », selon elle. Il faut donc relocaliser les activités au plus proche des habitations « pour retrouver l'esprit village dans les villes », insiste-t-elle. « Nous ferons la 'démétropolisation' par la fiscalité. Les zones rurales désertées seront des zones franches. » Marine Le Pen veut en finir avec les intercommunalités, estimant « qu'en matière de responsabilité territoriale, plus personne n'y comprend rien et que la commune est l'instance la plus proche des Français ».
Fusions de listes possibles au second tour des municipales
Quant aux élections municipales de 2020, la présidente du RN ne croit toujours pas en l'union des droites, taclant sa nièce Marion Maréchal qui milite pour, mais préfère une union nationale allant des patriotes à la droite bonapartiste en passant par les souverainistes de gauche. Pour l'instant, à part quelques ralliements épars, cela reste un voeu pieux. Mais elle estime « des fusions de listes parfaitement possibles au second tour » du scrutin de mars prochain. Marine Le Pen a en tout cas lancé la campagne ce week-end.
Guillaume de Calignon