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« A court terme, les cycliques devraient continuer à faire mieux que le marché »

Lundi 8 juin, Rémi Le Bailly, rédacteur en chef d’Investir - Le journal des Finances, a répondu en direct à vos questions. Retrouvez ici le compte-rendu complet.

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Rémi Le Bailly, le 8 juin | Crédits photo : Investir (Investir)
Publié le 4 juin 2020 à 11:59Mis à jour le 8 juin 2020 à 17:20

Rémi Le Bailly : Bonjour à toutes et à tous. Tout d’abord, je renouvelle nos excuses pour les problèmes techniques qui ont perturbé le chat de la semaine dernière. Cette fois, cela semble fonctionner. Allons-y...

Déconfiné : Bonjour Rémi, le marché a mis ses lunettes roses et opéré une rotation sectorielle violente en faveur des values. Simple repositionnement tactique pour ne pas rater la reprise ou le moment est-il venu de lâcher nos défensives (BioMérieux, etc.) ? Merci pour votre éclairage.

Vous avez raison de parler de lunettes roses. Les investisseurs ne voient que les bonnes nouvelles et c'est vrai qu'il y en a. Le déconfinement n’a pas provoqué de remontée des cas de coronavirus. Cela permet donc à l'économie de repartir nettement. Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis l'ont montré de façon spectaculaire vendredi dernier.

Par ailleurs, les banquiers centraux continuent à alimenter la machine, comme l'a montré l'annonce de la BCE d'une forte augmentation de son programme de rachats d'actifs. Les gouvernements annoncent des plans de soutien de l'économie.

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Les choses vont mieux et la Bourse, qui raisonne en tendance, en point d'inflexion, monte fortement.

La semaine dernière, j'avais parlé d'achats tactiques sur les valeurs cycliques. Je pense que cela peut durer encore. On le voit aujourd'hui. Les fortes hausses du jour concernent les pétrolières, les bancaires, le transport, l'aéronautique, les médias... Bref, tous les secteurs qui avaient plongé et qui se redressent.

Nous avons, dans le dernier numéro de l'hebdo, sélectionné trois valeurs qui restent en forte baisse depuis le début de l'année et qui n'ont pas trop rebondi par rapport au point bas. Il s'agit de Natixis, Covivio Hotels et M6. On peut y ajouter Dassault Aviation ou Safran dans l'automobile, Coface ou Axa dans l'assurance ou encore Peugeot dans l'automobile.

A court terme, je pense que ces valeurs vont continuer pendant quelques jours ou quelques semaines à faire mieux que l'indice et cet arbitrage se fera au détriment des titres qui ont résisté ou monté pendant la crise.

Cela se voit très bien aujourd'hui. Les plus fortes baisses du SRD concernent Sartorius Stedim, BioMérieux, Teleperformance, Worldline, Euronext... des titres en nette hausse depuis le début de l’année.

Pour répondre à votre question plus directement, la logique serait de renforcer la part des cycliques à court terme et d'alléger celle des belles valeurs de santé, par exemple. Mais il ne faut pas être radical car ce rebond ne devrait être que provisoire. Dans quelques jours ou quelques semaines, les lunettes roses dont vous avez parlé devraient s'assombrir au détriment de ces valeurs cycliques.

Il faut donc rééquilibrer son portefeuille s'il est trop défensif mais ne pas passer sur du 100% cyclique. Cela me semble trop risqué.

Pour finir, je rappelle qu'il faut toujours avoir un portefeuille équilibré aux deux tiers. Le tiers restant servant à prendre des choix plus tactiques.

Georges : Bonjour. Comment expliquer que tous les spécialistes nous disent d'acheter du Sanofi alors que depuis deux mois au moins le cours ne décolle pas ? Merci.

Pour les raisons que je viens d'expliquer ci-dessus. Le marché est devenu plus offensif et délaisse donc la santé. Nous restons toutefois très positifs sur Sanofi car le titre a moins monté que les autres valeurs du secteur et il est décoté par rapport aux autres grands groupes pharmaceutiques mondiaux. Cela reste donc un très bon choix de moyen terme. A court terme, la valeur risque d'être plus en retrait.

Anser : Bonjour Monsieur, la loi PACTE prévoyait la possibilité de transformer un PERP ancien en PER nouvelle formule ce qui permet, il me semble, une sortie fractionnée en capital. Pouvez-vous me dire si cette possibilité est entrée en vigueur ? Merci de votre réponse.

Oui, c’est tout à fait possible. Effectivement, un des avantages du PER est de permettre une sortie en capital, totale ou fractionnée alors que le PER imposait une sortie en rente sur 80% du capital. Le PERP est donc un produit plus souple. Je vous conseille de prendre contact avec votre banque ou votre assureur. Assurez-vous simplement que le PERP qui vous est proposé vous donne un aussi large choix de supports sur lesquels investir.

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Ant : Bonjour. Les ETF versent-ils des dividendes ? Que pensez-vous d'acheter actuellement un ETF qui réplique le Cac 40 ? A quelle échéance peut-on espérer retrouver les 6.000 points ?

Je vais vous faire une réponse de normand: oui et non. Il existe deux types d’ETF. Certains de distribution (souvent indiqués « part d ») distribuent des dividendes, d'autres de capitalisation (« part c ») capitalisent ces dividendes.

Quant à un achat aujourd'hui d'ETF sur indice, je serais assez prudent. Après son fort rebond, le marché pourrait plafonner à plus ou moins court terme, la hausse des cycliques et les prises de bénéfices sur les valeurs de croissance se neutralisant. Je vous conseille plutôt, si vous voulez utiliser des ETF, de vous diriger sur des ETF qui jouent les sociétés « value » celles qui bénéficient du rattrapage actuel. Vous pouvez aussi vous diriger vers certaines sociétés d'ont j'ai parlé en réponse à ma première question : Natixis, Safran, Peugeot, M6...

Enfin pour les 6.000 points, je pense qu'l faudra plutôt attendre la mi-2021, voire 2022.

monmarson : Comment voyez-vous l’évolution d’Alstom ? J’ai 2.300 actions achetées à 26 euros, dois-je les vendre ou les garder ? Merci de la réponse.

Cela fait une belle ligne... Je ne connais pas la taille de votre portefeuille. Mais je rappelle qu'il ne faut pas qu’une ligne dépasse 10% d’un portefeuille et quand il s'agit de « gros portefeuilles », il faut plutôt parler de 5%. Donc, en dehors de toute considération sur la qualité d'Alstom et de ses perspectives, je vous conseille peut-être d'alléger.

Mais nous restons positifs sur le titre qui bénéficie des perspectives du transport ferroviaire moins polluant que l'automobile ou le transport aérien.

Vendre entre un tiers et la moitié de votre position serait dans doute une bonne solution.

Jrialan : Bonjour, possédant déjà du Total (qui n'est pas le pire sur ce secteur), je souhaiterais me renforcer dans les renouvelables via l'achat de l'action Neoen. La croissance annoncée du chiffre d’affaires semble prometteuse. Qu'en pensez-vous ? Julien.

Nous en pensons du bien. Le problème est que nous ne sommes pas les seuls. Le titre est en hausse de 11% depuis le début de l'année. Le secteur de l'énergie verte a le vent en poupe et cela devrait durer compte tenu de la montée en puissance des fonds spécialisés dans l'ESG et dans l'environnement.

Ses « concurrents » Albioma et Voltalia affichent cependant des progressions encore plus fortes de 30% et 22%, ce qui signifie que Neoen est sans doute un peu en retard, même si les sociétés ne sont pas totalement comparables.

Kimmo : Bonjour M. Le Bailly, compte tenu du contexte (réouverture restaurants), faut-il garder Elis ou la vendre ? Merci et cordialement.

Je pense que vous pouvez la garder. Le titre perd encore plus de 30% depuis le début de l'année. Il devrait bénéficier du retour en grâce des valeurs ayant beaucoup baissé même si ce n'est pas notre dossier préféré. Les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration ont beaucoup souffert et l'impact sur les comptes d'Elis risque d'être assez fort. C'est pourquoi nous ne sommes pas revenus à l'achat à Investir.

JJP : Bonjour M. Le Bailly. J’avais réagi un peu tardivement à la chute des marchés en mars mais je ne m’en tirais pas trop mal en ayant coupé mes positons avec « seulement » 10% de pertes. Echaudé par les crises précédentes, je m’étais bien promis d’attendre quelques mois et la stabilisation pour revenir sur les marchés, mais vers le 20 mars, après une première remontée des cours, j’ai eu la conviction que les marchés allaient rechuter vers leurs plus bas et j’ai pris des parts très conséquentes de Elan Bear et de BX4. Depuis, l’envolée des marchés m’a surpris. Mille fois, j’ai pensé que ça ne pouvait pas durer et j’ai maintenu mes positions mais, après savoir investi à 3.914 points, je me pose la question de me couper un bras et prendre mes pertes ou bien de faire le dos rond en me disant que le tour des « bonnes nouvelles » ou des « moins mauvaises qu’attendues » ne continuera pas éternellement et que la réalité économique finira par rattraper les marchés. Je ne mise plus sur un retour vers les 3.500, ni même les 4.000, mais peut-être une correction de 300 ou 400 points qui diminueraient un peu la casse. Mais est-on arrivé à un niveau de stabilisation ou bien le risque n’est-il pas que, porté par la vague haussière, le Cac, au contraire, gagne ces 300 ou 400 points ? Merci vivement de votre avis. Bien amicalement.

Je peux vous rassurer, vous n'êtes pas le seul à ne pas avoir anticipé un rebond aussi fort et surtout aussi rapide. C'est le cas de nombreux gérants... et aussi le nôtre.

L'enthousiasme des marchés, soutenu par les banques centrales peut encore se poursuivre quelques temps mais je pense que l'on ne coupera pas à une consolidation de 400 à 500 points. Mais d'ici là le marché peut continuer à monter. Et avec un produit comme le BX 4, vous pouvez être financièrement perdant même si vous avez eu raison sur le fond. Il serait peut-être plus judicieux d'acheter des turbo puts qui sont plus sécurisants. Vous pouvez les prendre avec une barrière désactivante autour de 5.500-5.600 points, assez éloignée des niveaux actuels. Attention toutefois à deux choses : les turbos, contrairement au BX4, ne peuvent pas figurer dans un PEA. Par ailleurs, il faut bien les surveiller car vous pouvez tout perdre si la barrière désactivante est touchée.

Il est l'heure de nous quitter... pour une semaine. Vous aurez le plaisir de retrouver le grand Denis Lantoine, en personne, lundi prochain. Merci de votre fidélité et à bientôt.

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