Calanques de Marseille : des quotas pour accéder à certains sites ?

La crise du Covid-19 va-t-elle transformer en profondeur le modèle du tourisme de masse ? Certaines destinations tentent de se réinventer et de mettre fin à la surfréquentation observée ces dernières années. C’est le cas des Calanques, autour de Marseille, victime indirecte de la crise.

Piétinement, parking sauvage, érosion sont les effets de la surfréquentation

Sans voyages ou presque à l’étranger, les Français se sont repliés sur des vacances dans l’hexagone, et les Calanques ont vu leur fréquentation exploser l’été dernier. Elle a été multipliée par deux, comparée aux années précédentes dans les calanques de Sormiou ou d’En Vau.  François Blanc, directeur du parc national des calanques décrit une situation hors de contrôle : « la fréquentation s’est concentrée sur un certain nombre de sites, on a pu avoir des concentrations de l’ordre de 1200 personnes alors qu’on considère habituellement qu’une fréquentation de 700 personnes est déjà énorme (…) il y avait parfois deux files d’attentes pour accéder à l’eau ».

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En mer, il y a eu certains jours au Cap croisette jusqu’à un bateau toutes les douze secondes, une fréquentation aux conséquences importantes sur les milieux naturels : piétinement, parking sauvage, érosion… Dans cet environnement pourtant protégé, le parc a décidé de réagir, d’abord avec une stratégie de de marketing, mettant en avant des plages bondées sur le site internet des Calanques, des messages annonçant des plages difficiles d’accès ou surfréquentées. Depuis 15 jours, l’accès à une des calanques est interdit aux voitures, et dès cet été le parc va tester la mise en place de quotas avec une réservation obligatoire pour accéder à certains sites.

 

Venise, Thaïlande, Dubrovnik  : de plus en plus de destinations surfréquentées régulent les flux de touristes

A Venise, les paquebots sont désormais interdits de centre-ville, en Thaïlande, les autorités ont décidé de fermer certaines îles plusieurs mois par an afin de laisser respirer les écosystèmes. A Dubrovnik, en Croatie, l’accès à la vieille ville est dorénavant limitée à 4 000 visiteurs simultanément. Voilà le paradoxe de cette crise, les effets néfastes du tourisme de masse ont été d’autant plus remarqués que les touristes n’étaient plus là. Selon Jean-Pierre Mas, président des entreprises du voyage, la régulation est une bonne chose : « les visites et les voyages s’anticipent, et peuvent, comme à l’image d’un concert, devenir complets (…) le modèle changeait avant la pandémie, et la pandémie va surement accélérer ces changements ».

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Cette transition amorcée ces derniers mois sera-t-elle durable ou un simple effet de mode ? Une conséquence passagère de la quiétude retrouvée dans certains lieux ou une tendance de fond ? Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra trouver un équilibre entre tourisme durable et retombées économiques, car le secteur pèse 10% de l’économie mondiale et a mis des dizaines de millions de professionnels au chômage forcé depuis plus d’un an désormais.

Baptiste Gaborit

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