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Le partage de véhicules sans station bouscule le transport en ville

Les services de partage de vélos, de scooters ou de voitures « sans station » font florès en France. La rentabilité du « free floating » reste à démontrer.

Par Lionel Steinmann, Julien Dupont-Calbo

Publié le 19 oct. 2017 à 17:30

Le « free-floating » a le vent en poupe en France. Le principe, qui consiste à mettre à la disposition du public un moyen de locomotion sans passer par des stations dédiées, fait une percée spectaculaire ces dernières semaines dans le domaine du vélo en libre-service (VLS), après avoir essaimé dans les scooters et les voitures à partager.

Le « sans station », c'est une petite révolution pour les nouveaux services de mobilité urbaine. Jusqu'à présent, les systèmes de VLS, à l'image des Vélib' parisiens, s'appuyaient en effet sur des réseaux de stations fixes, où l'utilisateur prend et dépose son deux-roues. Avec le free-floating, plus besoin de bornes : les vélos disponibles sont géocalisés par smartphone par le client. Le téléphone sert également à verrouiller et déverrouiller le cycle, qui peut ensuite être laissé à peu près n'importe où sur la chaussée.

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Ce système, qui s'est développé à une vitesse foudroyante en Chine, est en train de faire florès en France. Il y a quinze jours, la jeune pousse hongkongaise Gobee-bike s'est lancée à Lille puis à Paris. Le géant mondial du parking Indigo prépare son propre service, Indigo Weel, qui sera inauguré à Metz début décembre, avec ensuite de grandes ambitions en France et à l'international.

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« Le free-floating est une tendance de fond, souligne Laurent Kennel, directeur pour la France du chinois Ofo, qui annonce ses premiers tours de roues dans les semaines à venirIl est d'une extrême simplicité pour le consommateur, qui n'a pas besoin de trouver une station ni de contracter un abonnement. Il paie à l'usage. Et côté pouvoirs publics, plus besoin de subventions… »

Vidéo - Les vélos en libre-service se bousculent à Paris

Les scooters aussi

Les engins motorisés ne sont pas en reste. On retrouve ainsi le free-floating dans les scooters à partager. A Paris, les deux-roues électriques en libre-service de Cityscoot ont fait leurs premiers tours de roue avec des stations dans les parkings souterrains« Mais nous nous sommes vite aperçus que cela gênait les clients. Le free-floating s'est imposé », raconte Bertrand Fleurose, le fondateur de la société, qui a vu ces derniers mois arriver de nouveaux concurrents fonctionnant sur le même modèle - les Américains de Scoot et les Barcelonais de Cooltra ayant suivi Coup, une entité appartenant à Bosch.

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L'autopartage a également exploré le terrain, à l'instar de Zipcar (Avis) et Car2Go (Mercedes). A Madrid, PSA détient avec des associés une offre de quelque 600 véhicules en free floating qui a séduit plus de 140.000 personnes en dix mois.

De leur côté, les parkings Indigo comptent étendre leur service Indigo Weel en 2018 aux scooters électriques en sus des vélos, puis toujours à partir de la même application, à un réseau de voitures électriques, accessibles là encore en free-floating.

Vidéo - Gobee. bike vient bousculer Velib' à Paris

Les villes freinent

Si les clients plébiscitent le modèle (trouver une place dans une station proche n'est pas toujours aisé…), le free-floating n'a pas que des partisans. Au sein des municipalités, notamment à Paris, on craint une invasion de vélos sur les trottoirs, déjà bien encombrés par les scooters et les motos. « Le free floating est un système sans station, mais pas sans règles », rassure Paul Valencia, directeur général d'Indigo Weel.

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Autre bémol, les pouvoirs publics subventionnent largement les systèmes à station (les équivalents de Velib'ou d'Autolib')… et n'ont donc pas vraiment intérêt à les voir concurrencer, d'autant que pour l'heure ces nouveaux acteurs n'acquittent pas la redevance d'occupation du domaine public. A Paris, Zipcar se désespère du faible nombre de places de stationnement consacré à l'autopartage…

Cela coûte plus cher que les stations

Mais la véritable interrogation réside dans le modèle économique. « Le système coûte plus cher à opérer qu'un service à station », estime Emmanuel Nedelec, chez Ubeequo, un spécialiste de l'autopartage en entreprise. Il faut en effet ramener les engins dispersés dans les bonnes zones, voire les recharger un à un dans le cas de véhicule électrique. « Bien géré, un service d'autopartage sans station est rentable », tempère Grégory Ducongé, le patron de la société de logiciel d'autopartage Vulog. Chaque engin doit être loué au moins cinq ou six fois en une journée, a calculé un expert du secteur. « Par exemple, le vélo en free-floating est adapté à une typologie de villes très précise : terrain plat, densité de 3.000 habitants au kilomètre carré et différents centres d'activités reliés entre eux », tranche Paul Valencia, chez Indigo.

Julien Dupont-Calbo

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