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Le Cac 40 prend très au sérieux le risque d’enlisement du conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis

La Bourse de Paris perd plus de 1%, plombée par la crainte d’un étalement dans la durée du différend commercial sino-américain et de mauvais indicateurs. Le compartiment automobile accuse la plus forte baisse sectorielle en Europe.

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Le Cac 40 prend très au sérieux le risque d’enlisement du conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis | Crédits photo : shutterstock (shutterstock)

Par John Wiburg

Publié le 23 mai 2019 à 14:54Mis à jour le 23 mai 2019 à 14:55

La Bourse de Paris s’inscrit en forte baisse, tout comme les contrats à terme sur indices américains, les investisseurs craignant que le différent commercial entre les Etats-Unis et la Chine ne s’installe dans la durée avec en ligne de mire la position de numéro un mondial de la technologie. Le marché redoute qu’une succession de hausses des droits de douane et de mesures de rétorsion entre les deux pays n’affecte durablement la croissance mondiale. De quoi reléguer au second plan les « minutes de la Fed », dans lesquelles la Réserve fédérale américaine se dit satisfaite de la croissance économique et de la bonne santé du marché du travail, tout en reconnaissant que la faiblesse de l’inflation l’incite à maintenir ses taux d’intérêt en l’état « pendant un certain temps ».

Les indicateurs du jour se révèlent décevants en Europe. L’indice PMI IHS Markit composite (synthèse entre l’industrie et les services) d’activité dans le secteur privé a certes rebondi à 51,6 en mai dans la zone euro (51,7 attendu par le consensus), mais il laisse entrevoir un ralentissement de la croissance du PIB de la région à environ 0,2% au deuxième trimestre, selon Chris Williamson, chef économiste chez IHS Markit. En Allemagne, l’indice Ifo du climat des affaires est tombé à 97,9 ce mois-ci, son plus bas niveau depuis novembre 2014.

L’automobile freine des quatre fers

Les valeurs sensibles aux tensions commerciales sont particulièrement touchées, à commencer par celles liées à l’automobile, dont l’indice associé Stoxx 600 accuse la plus forte baisse sectorielle en Europe (-3%). A Paris Valeo accuse une baisse de même ampleur, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, ayant déclaré que les Etats-Unis ne devraient pas engager les discussions commerciales avec l’UE de sitôt, occupés qu’ils sont par le dossier chinois et les discussions en cours avec le Japon, le Canada et le Mexique. La technologie est également à la peine à l’image de STMicroelectronics (-4%). A New York, Apple, Intel, Micron Technology et Qualcomm perdent entre 1,7% et 3% en avant-Bourse. Les valeurs chinoises cotées aux Etats-Unis comme Alibaba Group ou Baidu sont également signalées en baisse.

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Vivendi recule de plus de 3%. Le géant des médias et de la communication se tourne désormais vers des groupes industriels pour une prise de participation dans Universal Music Group (UMG) alors que certains fonds privés se montrent réticents face au prix élevé et à la lenteur de la procédure, rapporte Bloomberg en citant des sources proches du dossier. Contre la tendance, Eutelsat progresse de 0,7% grâce à une note de HSBC qui a relevé sa recommandation de « conserver » à « achat ». A noter, enfin que la cotation des actions Rallye et de celles de sa filiale Casino est suspendue dans l’attente d’un communiqué, alimentant ainsi la spéculation sur une restructuration de la dette.

Peu avant 15 heures, le Cac 40 recule de 1,54% à 5.296,23 points dans un volume d’affaires de 1,5 milliard d’euros. Ailleurs en Europe, le Footsie londonien perd 1,14% et le Dax de la Bourse de Francfort de 1,50%. Le contrat future juin sur indice Dow Jones lâche 225 points (-0,87%).

Une chute de 6% en Asie grâce à Trump

En Asie, l’indice MSCI Asie-Pacifique hors Japon accuse un recul de 6% depuis que Donald Trump a annoncé, début mai, son intention de relever les droits de douane sur les importations chinoises. La mise au ban du géant chinois des télécoms Huawei et celle probable du spécialiste de la vidéosurveillance Hikvision ont aiguisé les tensions entre Washington et Pékin, conduisant le secrétaire américain au Trésor à reconnaître que les relations sino-américaines avaient fait un pas en arrière. Il a néanmoins ajouté que le président Trump rencontrera probablement son homologue Xi Jinping en marge du G20 au Japon fin juin.

Autre signe de tension, l’armée américaine a annoncé avoir envoyé deux navires dans le détroit de Taiwan mercredi. Une décision qui risque d’être perçue comme une provocation par Pékin qui revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine du sud, où les Etats-Unis conduisent également des patrouilles pour assurer la liberté de navigation.

Theresa May poussée vers la sortie

Si le consensus de marché tablait jusqu’à maintenant sur une prochaine résolution du bras de fer sino-américain, les économistes ont changé leur fusil d’épaule. Goldman Sachs estime désormais que le risque d’impasse a fortement augmenté, tandis que Nomura Holdings a indiqué qu’une hausse des droits de douane touchant la quasi-totalité des importations chinoises est désormais son scénario de base, avec une probabilité de 65% d’ici la fin de l’année. La guerre commerciale devrait durer jusqu’en 2035, estime pour sa part un chercheur du gouvernement chinois cité par Bloomberg.

Plus près de nous, Theresa May est poussée vers la sortie par les parlementaires de son propre parti conservateur et la crise liée au Brexit s’est aggravée avec la démission d’Andrea Leadsom, la ministre des relations avec le Parlement. Au moment où la Première ministre fait campagne pour les élections européennes ce jeudi, le Times rapporte qu’elle devrait annoncer sa démission vendredi.

John Wiburg

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