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Cartes grises : les automobilistes au bord de la crise de nerfs

Lancée en novembre, la délivrance automatisée des cartes grises souffre d'énormes bugs informatiques. Environ 200.000 documents sont en attente.

Par Anne Feitz, Florian Dèbes

Publié le 11 juin 2018 à 07:00

Les vendeurs de voitures sont épuisés. Depuis le 6 novembre dernier, date à laquelle le système d'immatriculation des véhicules a basculé au « tout informatique », ils vivent un véritable cauchemar. « Le système plante, les dossiers disparaissent et réapparaissent, on se voit demander des justificatifs absurdes... », résume l'un d'eux. Résultat : l'obtention d'une carte grise prend plusieurs semaines, voire plusieurs mois, contre 48 heures auparavant.

Rapport de l'IGA

Au point que le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, interpellé en début de semaine dernière par la commission d'évaluation des politiques publiques de l'Assemblée nationale, a indiqué que les démarches nécessaires allaient être simplifiées. Par ailleurs, un rapport de l'inspection générale de l'administration (IGA) a été demandé pour évaluer le plan préfecture nouvelle génération (PPNG), dans lequel s'inscrit ce changement. 

Lancé en 2015, ce plan vise à simplifier et à moderniser les procédures d'obtention de titres officiels (cartes grises, mais aussi cartes d'identités, passeports, permis de conduire) _ et gagner au passage 1.300 postes. Les demandes ne sont plus traitées par les préfectures, mais sont dématérialisées sur le site de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) et gérées ensuite par des Centres d'expertise et de ressources titres (CERT). Pour les cartes grises, la bascule a eu lieu alors que l'outil n'était pas au point. Le prestataire informatique est selon plusieurs sources un consortium mené par Atos. Contactée, la SSII dément néanmoins être maître-d'oeuvre du projet.

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Ventes ratées

Les professionnels ont été lourdement pénalisés. « Fin 2017, la situation était très inquiétante. Les clients veulent des voitures immatriculées. Or on ne pouvait plus livrer, et l'argent ne rentrait pas... », témoigne Guillaume Paoli, cofondateur d' AramisAuto« J'ai raté des ventes ! », affirme de son côté Pascal Brethomé, chargé de la question au CNPA (Centre national des professions automobiles), et lui-même garagiste. « Et aujourd'hui encore, des clients hésitent car ils veulent être sûrs de pouvoir utiliser leur voiture cet été. » 

Les distributeurs reconnaissent toutefois que la situation s'est améliorée. « Le ministère a pris les choses au sérieux, en ajoutant du personnel dans les CERT », indique Pascal Brethomé. La durée de validité des plaques provisoires (WW) a aussi été étendue, de un à quatre mois, « mais cela représente pour nous un coût supplémentaire, entre 50 et 80 euros par véhicule », avance-t-il.

Recours en justice

Selon lui, le nombre de cartes grises bloquées a atteint plus de 300.000 cet hiver. Gérard Collomb a indiqué qu'il en restait aujourd'hui 200.000, dont une bonne partie en raison de l'absence de certaines pièces justificatives. « Trois millions et demi de cartes grises ont été délivrées depuis novembre », a insisté le ministre. 

Le système n'est toujours pas fluide pour les dossiers les plus complexes, ceux des véhicules importés ou immatriculés avant 2008. « Il y a énormément d'exceptions, rendant difficile la numérisation totale », relève Guillaume Paoli. Les particuliers sont peut-être aujourd'hui les plus démunis. Certains vont jusqu'au recours en justice. « Je reçois dix dossiers par jour ! », indique l'avocat Jean-Marc Descoubès. L'Etat a été condamné deux fois. Pour le moment.

Anne Feitz et Florian Debes

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