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Fosun, ce géant chinois qui rachète Lanvin

C'est l'un des plus gros conglomérats privés chinois qui en moins de dix ans a multiplié les opérations à l'étranger, certaines colossales.

Par Hélène Gully

Publié le 14 févr. 2018 à 21:15

Les projecteurs se sont redéployés sur l'entreprise, ou plutôt l'empire, Fosun, après l'annonce, lundi, de sa reprise de Lanvin. Peu connu en Europe jusqu'en 2015, le conglomérat chinois était apparu sur le devant de la scène à la suite de son rachat du Club Méditerranée.

Cette semaine, l'appétit du chinois pour les marques françaises s'est donc à nouveau exprimé, sur un terrain plutôt inattendu. Surtout, en moins de dix ans, l'un des plus gros conglomérats de Chine a composé une liste à la Prévert d'acquisitions à l'étranger, multipliant les opérations, certaines colossales.

Portrait en quatre traits de ce géant chinois aux goûts éclectiques, et toujours entouré de mystères.

· Le pari de quatre étudiants

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Il n'y a pas d'empire sans mythe fondateur. Et Fosun distille le sien à l'envi. Tout commence donc en 1992, lorsque quatre amis, diplômés de la prestigieuse université de Fudan à Shanghaï, décident de créer leur entreprise. La période semble propice, les réformes de Deng Xiaoping permettant à la Chine de s'ouvrir à l'économie de marché.

Guo Guangchang, Liang Xinjun, Wang Qunbin et Fan Wei empruntent 38.000 yuans, l'équivalent de 7.000 dollars, et montent leur société. Ils la baptisent « Fosun », prononcer « Fu-Xing », qui signifie : « étoile de Fudan ».

C'est « une histoire digne de Bill Gates et Microsoft », raconte Pierre-Antoine Donnet dans son livre « Quand la Chine achète le Monde ». Car très rapidement, la petite entreprise prospère. Spécialisée à l'origine dans l'immobilier, elle se diversifie, deux ans après sa création, dans la pharmacie. Et se transforme en conglomérat.

En 1998, Fosun est coté à la Bourse de Shanghaï. Et, sans le moindre répit, se diversifie une nouvelle fois dans le secteur de la sidérurgie, puis de l'industrie minière aurifère. Parallèlement, Fosun développe ses activités financières en gérant plusieurs fonds d'investissement dont une coentreprise avec l'américain spécialiste du capital-investissement Carlyle.

Au printemps 2013, l'agence Dow Jones révèle que l'« étoile de Fudan » développe un nouveau fonds d'investissement, doté d'un milliard de dollars, dont l'objectif est d'investir dans des groupes européens cherchant à se développer en Chine : s'ouvre alors un nouveau chapitre du mastodonte.

· 15 milliards d'acquisitions à l'étranger

Fosun se lance dans une frénésie d'acquisitions tous azimuts. Le conglomérat compte ainsi des parts dans des entreprises du monde entier, allant de l'industrie à la finance, en passant par l'immobilier et les loisirs.

En mars 2017, Fosun confiait d'ailleurs avoir dépensé pas moins de 15 milliards de dollars en acquisitions à l'étranger depuis 2010. Dans l'Hexagone, son coup d'éclat est sa prise de contrôle du Club Med, début 2015, après deux ans de bataille.

Fin 2017, le mastodonte chinois y rachète Tridem, une entreprise spécialisée dans la distribution de médicaments en Afrique francophone. La transaction s'élève à 63 millions d'euros. Entre-temps, le conglomérat a fait d'autres emplettes comme la marque St Hubert, celle de mode Iro, la société française de gestion immobilière Paref. Et convoite sans encore conclure une part du capital de la Compagnie des Alpes, qui gère bon nombre de grands domaines skiables.

Dans son portefeuille, Fosun compte aussi des participations dans le voyagiste britannique Thomas Cook, le « Cirque du Soleil » canadien, et même le club de football anglais de Wolverhampton, racheté à l'été 2016.

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Au total, Fosun pèse 9,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires (en 2016) et 1,6 milliard de résultat net.

· La disparition mystérieuse de son président

Le 11 décembre 2015, le média chinois, Caixin, rapporte la disparition du cofondateur de Fosun Guo Guangchang.

Le désormais milliardaire a été vu escorté par la police à l'aéroport de Shanghai, où se situe le siège de Fosun. Puis plus de nouvelles. La rumeur court alors qu'il a pu être arrêté à la suite de la campagne anticorruption du président Xi Jinping.

Dès le lendemain de la nouvelle, son compte Weibo, le Twitter chinois, suivi par 117.775 abonnés, était entièrement effacé. Sa disparition provoque un séisme dans les milieux d'affaires. Et la suspension de la cotation des actions de sa filiale cotée à la Bourse de Hong Kong.

Mais l'épisode inquiétant prend fin quatre jours plus tard lorsque le « Warren Buffett » chinois réapparaît à une assemblée des actionnaires de Fosun. Ses explications : il aurait été entendu par la police au sujet d'affaires personnelles. Aucun autres détails supplémentaires ont par la suite fuité.

Hélène Gully

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