Le soutien de l'Europe à la Grèce touche à sa fin
Les ministres des Finances de la zone euro devraient débloquer lundi une nouvelle aide à Athènes. Il s'agit désormais de préparer une sortie en douceur de la Grèce du programme d'aide.
Par Catherine Chatignoux, Gabriel Grésillon
Le bout du tunnel est en vue pour la Grèce. Les ministres des Finances de la zone euro s'apprêtent lundi à Bruxelles à envoyer un signal très positif à Athènes, en pointant la fin imminente de la « troisième revue », avant-dernière étape d'un programme de sauvetage du pays décidé à l'été 2015.
Ces dernières semaines, la Grèce a mis les bouchées doubles pour faire passer les réformes que ses créanciers attendaient d'elle. Comme le résume un officiel européen, « l'accord de terrain a été trouvé avec une telle efficacité et avec un degré de coopération tel que si cela avait été le cas au cours des huit dernières années, nous ne serions pas en train de parler de ce sujet ». Lundi 15 janvier, le Parlement grec a voté une nouvelle loi dite « omnibus », contenant une série de mesures largement impopulaires, dont une restriction du droit de grève, mais jugées nécessaires par les partenaires européens de la Grèce.
Nouvelle tranche de financement
Certes, il n'est pas certain que cette revue soit formellement bouclée dès lundi. Les équipes des créanciers passent encore au peigne fin les mesures votées et les décisions administratives du gouvernement. Mais, sur le fond, la conclusion de la troisième revue ne fait plus de doute. Elle devrait permettre de débloquer une nouvelle tranche de financement pour Athènes, estimée entre 6 et 7 milliards d'euros, qui sera comme chaque fois déboursée en plusieurs tranches.
Protéger le pays des secousses
Cette somme devrait aider l'Etat à rembourser des crédits (des besoins évalués à 3,3 milliards de février à juin), à payer des arriérés (1,5 milliard), mais aussi à amorcer (à hauteur de 1,9 milliard) la constitution d'un matelas financier (« buffer »), destiné à protéger le pays des secousses lorsqu'il retournera sur les marchés pour se financer à partir de l'été. Ce matelas de sécurité a été choisi plutôt qu'une ligne de précaution du FMI dont ne voulait pas Athènes. Il doit être financé pour moitié par le Mécanisme européen de stabilité (MES) et pour moitié par des emprunts du gouvernement grec. Il pourrait atteindre 19 milliards d'euros, un montant représentant un an et demi d'échéances de dette, une somme de nature, espère-t-on à Athènes, à rassurer les investisseurs.
Ultime revue en juin
C'est en effet la fin de ce programme - et à la clé un rééchelonnement de la dette- qui est désormais dans tous les esprits. Celle-ci est prévue pour le mois d'août. Compte tenu du temps que prennent les procédures, il faudrait que la quatrième et ultime revue soit bouclée au mois de juin. Et il est essentiel que la sérénité soit de retour, pour assurer une transition en douceur. « Il faut à tout prix que ce pays redevienne un pays européen comme les autres », plaide Pierre Moscovici, le Commissaire européen chargé des Affaires économiques. En décembre, le représentant de la Commission européenne au sein de la troïka des créanciers, Declan Costello, s'était montré plus alarmiste, mettant en garde contre le mythe d'une « sortie propre » du programme d'aide européen et rappelant que le retour d'une croissance harmonieuse exige « la mise en oeuvre des réformes structurelles dans les années à venir ».
Catherine Chatignoux