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Bourse : Trump relance le débat sur l'intérêt des résultats trimestriels

Le président a demandé au gendarme de la Bourse américaine d'étudier l'intérêt de revenir sur l'obligation faite aux entreprises de publier des résultats tous les trimestres. Il milite pour des annonces semestrielles.

Faut-il renoncer à l'obligation de présenter des résultats trimestriels, au risque de limiter la visibilité des investisseurs ? La question fait débat à Wall Street.
Faut-il renoncer à l'obligation de présenter des résultats trimestriels, au risque de limiter la visibilité des investisseurs ? La question fait débat à Wall Street. (Wang Ying/XINHUA-REA)

Par Pierrick Fay

Publié le 19 août 2018 à 17:56Mis à jour le 21 août 2018 à 07:15

Une fois n'est pas coutume, un tweet publié par Donald Trump n'a pas provoqué de tensions à Wall Street. Le président américain a indiqué avoir contacté la SEC, le gendarme de la Bourse américain, pour qu'elle se penche sur la possibilité pour les entreprises de ne plus avoir à publier de résultats tous les trimestres, mais uniquement à la fin des semestres. Ce serait une source « de plus grande flexibilité et d'économie ».

Un porte-parole de la Maison-Blanche a précisé que l'idée est de savoir si cette obligation trimestrielle « réduit l'incitation des entreprises à s'engager sur des investissements à long terme ». Certaines entreprises pourraient en effet renoncer à investir à court terme pour tenir leurs prévisions de résultats, afin de ne pas être sanctionné par les analystes. « Cela fait partie des réformes réglementaires en cours susceptibles de s'assurer que l'économie américaine demeure la plus productive du monde », a précisé la Maison-Blanche.

L'exemple anglais

Selon Bloomberg, l'idée lui a été soufflée par Indra Nooyi, l'ex patronne de PepsiCo, lors d'une rencontre entre Trump et plusieurs grands patrons américains. Elle lui a « suggéré d'explorer l'harmonisation entre les systèmes européens et américains sur les publications financières ». Plusieurs pays européens ont en effet renoncé à obliger les entreprises à publier leurs résultats tous les trimestres. Ainsi, au Royaume-Uni, seulement 57 des 100 entreprises du Footsie 100 continuent de publier des trimestriels, selon un rapport datant de septembre 2017.

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Dans un communiqué publié vendredi, Indra Nooyi a tenu à préciser que la plupart des intervenants à cette table ronde s'étaient accordés pour dire que « les vues à court terme pouvaient inhiber les stratégies de long terme, et donc l'investissement et l'emploi ».

Une pratique vieille de 84 ans

Le débat n'est pas nouveau, alors que cette obligation date de 1934, à la création de la SEC. Il y a un peu plus de deux mois, deux des voix les plus écoutées de Wall Street - Jamie Dimon (JPMorgan Chase), et Warren Buffett (Berkshire Hattaway) - avaient publié une tribune pour exhorter les entreprises à ne plus succomber à la tyrannie des prévisions de résultats trimestriels.

Il prend de l'ampleur surtout après la publication d'un autre tweet, celui d'Elon Musk, annonçant son intention de sortir Tesla de la Bourse. Un choix justifié par l'« énorme pression » subie par Tesla, poussant « à prendre des décisions qui peuvent être bonnes sur un trimestre donné, mais pas forcément sur le long terme ».

La SEC va donc se pencher sur la question. Son nouveau patron, Jay Clayton, nommé par Trump a d'ailleurs fait une priorité de l'augmentation du nombre d'introduction en Bourse aux Etats-Unis. Le durcissement de la régulation - et les coûts afférant - serait perçu comme un frein par de nombreux chef d'entreprise. Un rapport du Crédit Suisse a révélé l'an dernier qu'en dix ans, le nombre de sociétés cotées aux Etats-Unis avait été réduit de moitié (3.671 fin 2016 contre 7.322 fin 1996).

Mais l'institution, longtemps réticente à cette idée, a le rôle de protéger l'équité entre les actionnaires. Certaines voix s'élèvent pour dénoncer les risques liés à la disparition des trimestriels. Cela réduirait la transparence et défavoriserait les petits actionnaires au profit de certains analystes bien introduits auprès des entreprises. Elle réduirait aussi la visibilité des investisseurs et pourrait entraîner une forte hausse de la volatilité si les entreprises ne devaient dévoiler leurs comptes que tous les six mois.

Pierrick Fay

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