Michel Fourniret : Après la mort du tueur en série, combien d’affaires non élucidées ?

A la une de la presse ce matin, l’ultime dérobade de Michel Fourniret. Fourniret mort avec ses secrets c’est le titre qui revient le plus souvent ce matin à la une de vos journaux. On ne va pas pleurer la disparition de celui que la presse a surnommé l’ogre. La Dépêche du Midi et l’Est Républicain évoquent ainsi La mort de l’Ogre qui emporte dans la tombe ses secrets.

Michel Fourniret : Cruel jusqu’au bout, titre les Dernières Nouvelles d’Alsace

On ne va pas pleurer mais enrager, car la mort de l’homme de 79 ans -déjà condamné pour avoir tué 8 femmes et suspecté de quatre autres meurtres- prive les familles et les proches des victimes de la justice et de la vérité. Et la plupart de vos journaux s’interrogent sur les résultats des prélèvements d’ADN en cours d’analyse, des traces génétiques qui pourraient faire l’objet de rapprochements avec au moins 21 affaires non élucidées, des affaires de meurtres ou de disparition. Et dans son édition du jour le Parisien pointe la lenteur de la justice. La science génétique ne rattrapera pas le temps perdu car Fourniret ne sera plus là pour répondre aux questions sur ces dossiers en cas de résultats positifs. Voilà pourquoi les Dernières Nouvelles d’Alsace titre Cruel jusqu’au bout.

 

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Libération et le Figaro dressent le portrait du tueur. On découvre cette photo de 2003 prise devant le tribunal de Liège en Belgique, Fourniret ressemble à mon prof de physique de 3e, lunettes cerclées de métal, imberbe, polo et gilet sans manche, il vient d’être arrêté après avoir tenté d’enlever une fillette. Monsieur tout le monde, un homme auquel vous demanderiez votre chemin. Mais dans Libération on lira le récit de la découverte de ses deux premières victimes en juillet 2004. « Les fouilles ont commencé dans le parc. Monique Olivier, sa femme est dans le fourgon. Tandis que Michel Fourniret contemple avec délectation des hélicoptère qui survolent la zone. Pendant plus de 6 heures, le tueur s’improvise directeur de chantier jouant les vedettes. Soudain l’horreur surgit au bout d’une allée. On creusait par couche successive », rappelle un témoin des fouilles, « et là j’ai vu apparaître un pied ».

 

« Elles seraient vivantes si elles n’avaient pas croisé ma route » a déclaré Michel Fourniret

A trois mètre de profondeur on a exhumé le corps d’une première victime de 22 ans enlevée à Charleville-Mézières en 1999. Derrière la dépendance, celui d’une autre, 12 ans, disparue à Namur la même année. Puis à 7 kilomètres, le cadavre d’une autre, 18 ans. Jeanne-Marie, Elisabeth, Céline. Des autres victimes, découvertes plus tard, Fourniret dira avec cynisme « elles seraient vivantes si elles n’avaient pas croisé ma route ». A un procureur, il lancera également « si vous êtes au moins aussi intelligent que moi, que vous avez des éléments, je vous les confirmerai ou pas. Mais si vous ne m’apportez rien, c’est que vous n’êtes pas assez intelligent pour que je vous aide ».

 

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Durant les interrogatoires, Fourniret va jouer au chat et à la souris et tenter de balader les enquêteurs et les juges « oui c’est un sujet à creuser » admet-il quand on lui apporte une piste, « ce visage me dit quelque chose ». Au jury qui l’a jugé pour un premier meurtre, il parle comme un sphynx, joue au plus fin et lance « la crainte n’évite pas le danger, une résolution se prend un jour, et s’oublie le lendemain » Perversité, sénilité, perte de mémoire, le Figaro pointe ce paradoxe, la justice qui a mis du temps à fouiller le passé du tueur a mis les bouchées doubles quand l’homme a commencé à perdre vraiment la mémoire. Aujourd’hui tout repose sur celle de sa femme, Monique Olivier avec cette question : va-t-elle continuer à collaborer avec la justice ?

David Abiker

 

 

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