Climat : La forêt amazonienne brésilienne émet désormais plus de carbone qu’elle n’en absorbe

The French Travel Photographer

L’Amazonie brésilienne émet désormais plus de carbone qu’elle n’en absorbe, d’après les conclusions d’une étude scientifique qui vient d’être publiée. La forêt amazonienne, victime notamment de l’Homme, est à bout de souffle. C’est un basculement majeur de cet écosystème crucial pour la régulation du climat.

La forêt amazonienne émet désormais 18% plus de CO2 qu’elle n’en absorbe

Les forêts tropicales sont les poumons de la planète, on estime que l’Amazonie représente un peu plus de 10% du carbone absorbé sur terre. Seulement ces dernières années, l’Amazonie brésilienne joue de moins en moins ce rôle. Pire, entre 2010 et 2019, elle a même rejeté 18% de CO2 en plus qu’elle n’en a absorbé. L’Amazonie a donc basculé, comme le souligne Jean-Pierre Wigneron, directeur de recherche à l’INRAE et coauteur de l’étude : « l’Amazonie participe elle-même au réchauffement de la planète (…) on s’y attendait, on savait que cela allait basculer tôt ou tard (…) les stocks de carbone ne jouent plus leur rôle de tampon ».

Les scientifiques craignent un point de bascule irréversible

Ce qui est en cause, c’est la déforestation évidemment, mais ce sont surtout les dégradations qui abiment l’Amazonie, une fragilisation plus difficile à constater selon Jean-Pierre Wigneron : « c’est plus discret, des coupes sélectives de beaux arbres, des petits feus, mais cela entraîne une perte de carbone très importante ». Ces dégradations sont humaines mais aussi climatiques, avec la sécheresse qui fragilise les arbres.

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Pour l’instant, les autres pays qui se partagent le massif amazonien permettent de compenser les pertes de la partie brésilienne. Au total, l’Amazonie est à l’équilibre, mais jusqu’à quand ? Et cette situation est-elle réversible ? Théoriquement oui, sauf si l’Amazonie n’est plus en capacité de se régénérer, et c’est bien ce point de bascule que redoute Jérôme Chave, directeur de recherche au CNRS : « l’Amazonie pourrait être proche d’un point irréversible (…) quand on a passé un certain taux de déforestation le climat lui-même changerait rendant le tout défavorable à la persistance d’une forêt ». L’évapotranspiration des arbres permet de créer un microclimat favorable à la forêt mais sans ce microclimat, la forêt se transformerait peu à peu en savane aride, un scénario catastrophe qui est aujourd’hui sur la table.

Baptiste Gaborit

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