Quand Matignon fait de la pédagogie sur Facebook
Pour la troisième fois depuis qu'il est Premier ministre, Edouard Philippe s'adonne ce mardi à l'exercice du Facebook live.
Par Agathe Mercante
« Mon objectif, c'est à la fois d'être à votre écoute, de répondre aux éventuelles incompréhensions, et surtout de prendre le temps d'expliquer l'action et les décisions de mon gouvernement, au service de tous les Français », indique-t-il, sur sa page Facebook.
Pour la troisième fois, s'exprime et répond aux questions ce mardi à 20 heures, devant les internautes.
Via des vidéos tournées et diffusées en direct sur le réseau social, autrement dit un « Facebook live », le Premier ministre justifie son action, répondant aux différentes questions des internautes - dont les premières sont préalablement choisies par ses équipes.
Ces vidéos connaissent un petit succès, selon Matignon : la première du genre, le 3 octobre, a été suivie par 130.000 personnes. Une réussite qui a poussé Edouard Philippe a renouveler l'expérience, en faisant ainsi un rendez-vous hebdomadaire.
Dans les pas de Macron et de Castaner
Pas d'annonces, donc. Durant 30 minutes, le Premier ministre aborde certes des sujets comme les APL, l'ISF, le chômage, le traité du CETA, la formation professionnelle… mais se contente de les expliquer aux internautes, adaptant, si besoin, ces mesures à des cas particuliers dans un souci de clarté.
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En s'adressant aux Français sur les réseaux sociaux - ils sont environ 30 millions, rien que sur Facebook -, Edouard Philippe s'inscrit dans la continuité d'Emmanuel Macron. Lors de sa campagne pour les élections, le candidat LREM avait en effet résolu de diffuser ses déplacements sur les réseaux sociaux. Une pratique qu'il a maintenue une fois arrivé à l'Elysée, dont le compte Facebook diffuse quotidiennement des vidéos montrant le président « en action » sur le terrain.
Le porte-parole du Gouvernement, Christophe Castaner, utilise lui aussi ce mode de communication d'un genre nouveau, diffusant, toutes les semaines, un compte rendu du Conseil des ministres, enregistré en voiture, ou encore à vélo.
Le porte-parole du Gouvernement débriefe depuis sa voiture
Une expression en réalité verrouillée
La pratique permet aux membres du Gouvernement de s'adresser plus directement aux électeurs mais aussi de toucher un public plus jeune et moins politisé.
Elle permet aussi de s'extraire des canaux de communications classiques et exclut d'emblée les médias. Mais cette « expression directe » connaît ses limites.
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« Le Premier ministre Edouard Philippe donne l'impression de nous inviter à une permanence du député Edouard Philippe, à répondre au défilé des gens de sa circonscription », estime la communicante Anne-Claire Ruel, citée par 20 Minutes. « Il communique auprès de sa cible, sans droit de suite. Il n'y a aucune interactivité, pas de conversation alors que c'est l'essence même du Web. On n'est pas dans une logique propre aux réseaux sociaux », analyse-t-elle.
Car derrière cette apparente proximité, rien n'est laissé au hasard : les premières questions sélectionnées par le Premier ministre sont choisies à l'avance et leurs thèmes aussi. Une façon de « verrouiller » sa communication, tout comme le fait le président de la République.
« Les médias habituels se retrouvent obligés de reprendre les images tournées par les collaborateurs du président. Cela évite les questions qui fâchent », déplore le chroniqueur Marcelo Wesfried sur France Inter.
Agathe Mercante