Publicité

Le président ukrainien en passe de remporter les législatives

Les législatives anticipées de dimanche devraient accorder le contrôle du Parlement au parti du nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Le nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devrait obtenir un Parlement à sa main.
Le nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devrait obtenir un Parlement à sa main. (Odd ANDERSEN/AFP)

Par Yves Bourdillon

Publié le 20 juil. 2019 à 15:01

Un nouveau coup de balai. Trois mois après son élection surprise à la présidence de l'Ukraine, Volodymyr Zelenski devrait remporter largement les législatives anticipées de ce dimanche. Les sondages créditent de 42 à 52 % des voix son parti Serviteur du peuple, qui n'a pourtant qu'un an d'existence.

Pas de cohabitation

Non que les débuts à la tête du pays de cet ex-comédien de quarante et un ans aient été tonitruants. Il s'est contenté de trois décrets contestables sur le plan juridique et de mesures symboliques, comme le déménagement de l'administration présidentielle, ou sa demande de ne pas accrocher son portrait dans les bureaux des hauts fonctionnaires, « accrochez-y plutôt la photo de vos enfants et regardez-les dans les yeux avant chacune de vos décisions ».

Mais les électeurs estiment prioritaire de lui donner les moyens de gouverner et d'éviter une cohabitation avec un Parlement hostile. L'actuelle chambre des députés a bloqué les nominations de ministres déposées par le chef de l'Etat. Volodymyr Zelenski avait fait campagne lors de la présidentielle sur sa volonté de remplacer intégralement une classe politique corrompue et formée à l'époque soviétique, thème visiblement toujours mobilisateur lors de ces législatives.

Publicité

L'ascension fulgurante de Voldoymyr Zelenski a donné des idées à la star du rock ukrainien, Sviatoslav Vakartchouk, dont la formation pro occidentale Golos (Voix), créée en mai, pourrait arriver en troisième position derrière un parti pro russe. Le président sortant, Petro Porochenko, humilié par le score de 73 % de son adversaire à la présidentielle, verra son parti peiner pour dépasser le seuil de 5 % permettant d'obtenir des députés. Il en va de même pour la formation de l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, figure centrale de la vie politique du pays depuis la révolution orange de 2005.

Comme le parti Serviteur du peuple a refusé d'investir des députés ralliés, le scrutin de dimanche (225 sièges seront désignés à la proportionnelle et 199 au scrutin majoritaire à un tour de circonscription) devrait conduire à un renouvellement sans précédent de la classe politique, au point que « jusqu'à 75 % des députés seraient des novices » prédit Oleksandr Souchko, directeur de la fondation Renaissance à Kiev.

Les coudées franches

Pour accentuer sa réputation de Monsieur Propre, qui lui permet de passer sous silence son inexpérience, Volodymyr Zelenski s'est même laissé aller à promettre de limoger tous les hauts fonctionnaires ayant servi sous l'administration précédente. Une volonté de faire table rase du passé qui lui a valu les remontrances des ambassadeurs des pays du G7. Ces derniers, tout en saluant sa volonté de réforme, ont souligné que « des limogeages arbitraires seraient une menace contre la démocratie ».

Le chef de l'Etat devrait donc avoir les coudées franches pour nommer le Premier ministre réformateur de son choix, sans doute Vladyslav Rachkovan, directeur du Fonds monétaire international pour l'Ukraine, ou Aivaras Abromavičius, ex-ministre de l'Economie. Deux quadragénaires estimés des milieux financiers internationaux, un atout pour un pays menacé de faillite. La volonté du chef de l'Etat de s'attaquer à la corruption est mise en doute par certains analystes qui remarquent qu'il a conservé des liens avec un oligarque, Igor Kolomoisky, de retour d'exil et ex-propriétaire de Privat Bank, nationalisée après une faillite soupçonnée d'être frauduleuse.

Les autres défis seront le relèvement du niveau de vie - le salaire moyen ne dépasse pas 350 euros - et, surtout, le règlement du conflit séparatiste dans l'est de ce pays de 45 millions d'habitants. Ce conflit a fait 13.000 morts depuis son déclenchement en 2014 à la suite de l'annexion de la Crimée sur décision du président russe, Vladimir Poutine. Ce dernier s'est entretenu au téléphone avec son homologue ukrainien la semaine dernière. Signe que les discussions seront difficiles, Moscou a annoncé mercredi le prolongement de la détention de 24 marins ukrainiens capturés fin 2018 lors d'un incident en Mer Noire. « Poutine n'a pas pour habitude de donner sans contrepartie », souligne le centre d'études Razumkov.

Yves Bourdillon

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

qfkr8v3-O.jpg

La baisse de la natalité est-elle vraiment un problème ?

Publicité