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Ecole de commerce : ce qu’ils ont (vraiment) appris

Les étudiants de classe préparatoire savent qu’après le concours, ils intègreront tous une école de commerce. Peu savent ce qu’ils vont y apprendre. Nous les avons interrogés, avant et après leur passage dans un programme Grande École.

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Tous sont unanimes : ils deviennent des professionnels de la Suite Office. (Shutterstock)

Par Florent Vairet

Publié le 19 août 2019 à 07:00Mis à jour le 22 août 2019 à 11:48

Vendredi 21 juin. Les oraux battent leur plein à Toulouse Business School. L’école grouille d’étudiants de classe prépa. Tous arborent leur plus beau costume ou tailleur, plus que jamais déterminés à réussir cette ultime épreuve qu’ils préparent depuis deux ans.

En une journée, trois oraux : un entretien de personnalité et deux tests de langues étrangères. Avant d’entrer dans leur salle d’examen, les plus stressés révisent leur liste de mots de vocabulaire et quelques expressions idiomatiques qu’ils veulent à tout prix replacer. Autant dire que ça ne rigole pas dans les couloirs.

Peur de la bascule entre ces deux mondes si différents

A la pause déjeuner, l’atmosphère se détend. Des étudiants de l’école essaient de leur rendre le moment le plus agréable possible : un repas leur est servi et des blind tests sont organisés. Le moment parfait, pour nous, de partir à leur rencontre. 

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Premier constat. Ils appréhendent la bascule entre la prépa et l’école de commerce. Ces deux mondes sont dans la continuité et pourtant les deux modèles n’ont rien à avoir. La première est le terrain idéal pour un dépassement individuel, avec l’atteinte d’un objectif unique : décrocher le concours. L’école de commerce est tout le contraire : beaucoup de travail collectif, un niveau académique moins exigeant et surtout l’absence d’un objectif clair et précis. Il s’agit davantage de trouver sa voie pour sa future orientation professionnelle.

“Plein d’options pour booster mon profil”

Les préparationnaires ne savent pas ce qui les attend (vraiment). Certes, ils connaissent par coeur la plaquette de chaque école qu’ils présentent, prêts à recracher la liste des majeurs, des double-diplômes ou encore des différents cours qu’ils seront amenés à choisir. Le programme pédagogique n’a pas de secret pour eux.

Car pour ces jeunes étudiants, l’apport d’une école de commerce se trouvera d’abord dans les cours. “Je vais apprendre les bases du management”, anticipe l’un d’entre eux. “La formation est multidisciplinaire, je compte sélectionner les cours selon mes envies et surtout pousser les portes de l’international.”

“Ils n’ont pas conscience de la dimension associative”

Une autre souligne l’importance du contenu des cours : “Je sais que le niveau académique sera moins élevé alors je veux prendre plein d’options pour booster mon profil”, confie une candidate qui a peur de s’ennuyer après “l’émulation” de la classe prépa.

“Ils connaissent avant tout l'aspect pédagogique de l’école”, relate l’un des responsables des admisseurs, l’équipe chargée de l’accueil des candidats. “Ils n’ont pas conscience de la dimension associative des écoles de commerce. Ils ne savent pas ce que ça représente d’avoir 30 asso dans une école”. Un constat que nous partageons au fil des interviews. Un seul des candidats interrogés mentionne ses attentes vis-à-vis des asso. C’est pourtant les expériences les plus marquantes pour des diplômés interrogés.

Pour Béatrice, diplômée il y a cinq ans d’un master en marketing, les cours lui ont été “d’une utilité très basse”. “Je ne me souviens même plus des matières enseignées, ni du nom d’un seul de mes profs. En bref, je n’en ai rien retenu”, fulmine-t-elle.

Mais ce n’est pas pour autant que l’école ne lui a rien apporté. “Les travaux de groupe et les rendus réguliers m’ont appris à bien préparer en amont, à anticiper, pour arriver fin prête lors des présentations.” Et d’ajouter : “C’est surtout grâce à mon asso et à mes stages que j’ai pu développer des softs skills : comment faire appel à son réseau, comment formuler des demandes sur LinkedIn ou quelles postures adopter dans un milieu pro.”

L’indispensable Suite Office

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Les travaux de groupe ont aussi été l’occasion de travailler l’aisance à l’oral. Objectif : paraître professionnel tout en faisant de beaux PowerPoint. Reste ensuite l’anglais à perfectionner. Car les “prez” (entendez : les slides PowerPoint) en école sont souvent faites dans la langue de Shakespeare… mais pas celui de la famille royale. “En prépa on apprend un anglais très scolaire”, se rappelle Ludivine, elle aussi diplômée de marketing. “En école, c’est un anglais appliqué au business.”

Et puis il y a Excel, l’autre joyau de la Suite Office. Le célèbre tableur effraie tous les gens qui ne s’y sont jamais frottés. En école, impossible d’y échapper. Le logiciel est vital dans nombre de métiers auxquels l’école prépare : du marketing à la finance en passant par la comptabilité et les ressources humaines. Certaines écoles mènent des cours poussés d’Excel et c’est là que les anciens préparationnaires s’exaltent. Ils retrouvent la logique de la prépa : s'entraîner pour comprendre comment réussir.

Enfin, il est des masters où les connaissances à acquérir sont indispensables. Ceux de finance ou de droit des affaires délivrés par les écoles en font partie. Au sein de ces formations, il est dispensé un package de hard skills fondamentales pour être employables dans ces secteurs. Des connaissances plus concrètes, “dures” que celles des matières dites “molles” comme le marketing.

Florent Vairet

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