Publicité
Data

Enfants, emploi, ménage : chez les jeunes couples, l'égalité est (encore) un mythe

Si les elles ont tendance à se réduire au fil des générations, les différences domestiques au sein des jeunes couples hétérosexuels restent prégnantes, à la défaveur des femmes. C'est particulièrement vrai lors de l'arrivée du premier enfant, note une nouvelle enquête du Céreq.

061611585978_web_tete.jpg
(iStock)

Par Camille Wong

Publié le 10 mars 2021 à 18:00Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:18

Le chemin reste (encore) long. En une décennie, les habitudes des jeunes couples ont certes évolué, mais les femmes portent encore majoritairement la charge des enfants, des tâches domestiques et sont plus souvent pénalisées dans leur carrière professionnelle. C'est en tout cas ce que révèle la dernière enquête « Génération » du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications), qui a analysé les comportements de jeunes couples installés respectivement en 1998 et en 2010, et ce, sur sept années, soit jusqu'à 2005 et 2017.

Quelle que soit la génération, les jeunes femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à s'installer dans une vie de couple dès la sortie d'études. Et la parentalité, en net recul entre les deux générations, arrive bien plus tôt pour les femmes : sept ans après la fin des études, celles de 2017 sont 42 % à devenir mère, contre 20 % pour les hommes.

Des conséquences sur l'emploi

En revanche, les mentalités sur la répartition des tâches domestiques évoluent : 36 % des femmes gèrent principalement ces tâches, contre 49 % en 2005. Les couples qui se déclarent « paritaires » progressent et sont même les plus nombreux (45 %) au sein de la plus jeune génération.

Publicité
Dans un couple « traditionnel », la femme effectue elle-même la majorité des tâches domestiques. Dans un couple « paritaire », les deux membres du couple se répartissent les tâches ou délèguent de façon à être autant impliqués ou que l'implication de la femme ne dépasse pas celle de l'homme. Enfin, un couple est qualifié de « moderne » quand la femme est globalement moins impliquée que l'homme dans la réalisation des tâches domestiques.

Dans un couple « traditionnel », la femme effectue elle-même la majorité des tâches domestiques. Dans un couple « paritaire », les deux membres du couple se répartissent les tâches ou délèguent de façon à être autant impliqués ou que l'implication de la femme ne dépasse pas celle de l'homme. Enfin, un couple est qualifié de « moderne » quand la femme est globalement moins impliquée que l'homme dans la réalisation des tâches domestiques.Céreq

« La part des couples 'traditionnels'(où les femmes portent la charge domestique, NDLR) diminue systématiquement au fur et à mesure qu'augmente le niveau de diplôme de l'enquêtée », remarquent Thomas Couppié et Dominique Epiphane, les auteurs de l'étude. Et il en est de même en fonction de la catégorie socioprofessionnelle : les cadres sont moins mobilisées que les employées. Mais les chiffres croissent radicalement dès que le couple devient parent, où, au global, les jeunes femmes gèrent deux fois plus le foyer que les hommes.

Peu d'évolution du côté des pères

Une fois le premier enfant arrivé, le fossé se creuse au sein du couple. Sans réelle surprise, les femmes sacrifient plus aisément leur emploi au profit de leur vie de famille. Plus étonnant, en revanche, le fait que ce soit davantage le cas pour les plus récentes générations : 36 % des femmes il y a seize ans ont déclaré que leur premier enfant avait eu au moins une conséquence sur leur emploi, contre 49 % aujourd'hui. De fait, les jeunes femmes de la génération 2017 se dirigent davantage vers les emplois à temps partiel et les congés parentaux que la génération 2005 (voir tableau, ci-dessous). Reste que ces chiffres varient fortement en fonction du diplôme, nuancent les auteurs, rappelant qu'en 2017 « l'inactivité concerne 4 % des jeunes mères diplômées d'un Bac+5 ou plus et 23 % de celles diplômées de l'enseignement secondaire ».

Céreq

Du côté des pères, la constante est plus nette : seuls 14 % des hommes remarquent une incidence sur leur vie professionnelle. Un chiffre qui n'évolue pas, ni avec les générations, ni avec le nombre d'enfants. « Les changements chez les hommes sont beaucoup plus discrets, se concentrent vers une participation plus active au travail domestique et ne remettent nullement en cause le primat de l'emploi », expliquent les auteurs.

Les différentes réformes, comme le congé paternité en 2002 et le congé parental en 2014 ont, semble-t-il, eu peu d'impact sur l'articulation vie pro/vie perso des pères. Reste l'allongement du congé paternité, qui devrait être effectif à l'été prochain . Mais, en étant non obligatoire, sera-t-il à la hauteur des espérances ? Pour les sociologues, rien n'est moins sûr.

Camille Wong

Publicité