WeWork va louer à HSBC « le plus grand open space au monde »
Le spécialiste des bureaux partagés va mettre à disposition de la banque britannique un espace de plus de 1.000 postes en plein coeur de Londres. Un bail stratégique, alors que WeWork se tourne de plus en plus vers les grands comptes pour rassurer sur son modèle à l'approche d'une éventuelle cotation.
Par Basile Dekonink
Un bail providentiel pour WeWork. A l'approche d' une cotation qu'il n'a pas encore officialisée mais qui ne fait plus vraiment de doutes, le spécialiste des bureaux partagés va louer pour plusieurs années à HSBC « le plus grand open space au monde », en plein coeur de Londres.
Situé à Southbank Place, non loin de la gare de Waterloo, l'espace est flambant neuf et dispose de 1.135 postes. Une belle vitrine pour WeWork sur le marché saturé de la capitale britannique, troisième ville la plus chère du monde en termes d'immobilier d'entreprise et où la concurrence - The Office Group et IVG, notamment - s'arrache chaque mètre carré de nouvel espace.
Le contrat est d'autant plus stratégique qu'il fait du groupe bancaire, qui loue également des espaces WeWork à Hong Kong, l'un des principaux locataires du géant du co-working. Or, ce dernier fait la cour aux grands comptes, plus rémunérateurs et moins assujettis aux aléas de la conjoncture économique que les petites structures et les indépendants. Une stratégie destinée à rassurer sur son modèle, alors que WeWork a accumulé 1,9 milliard de dollars de pertes en 2018 et est lesté d'une dette de 18 milliards.
Un modèle qui évolue
La décacorne, qui compte 425 locaux répartis dans 36 pays, revendique désormais 40 % de grandes entreprises parmi ses clients. Une proportion amenée à croître encore, alors que WeWork prévoit l'ouverture prochaine de nouveaux locaux destinés aux entreprises de plus de 1.000 salariés. Et notamment à Londres, où le 2 Southbank Place dispose au total de 6.000 postes.
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WeWork, qui a publié en mai les résultats d'un premier trimestre encourageant (des revenus en progression de 112 % sur un an à 728 millions de dollars, des pertes qui se contractent), fait également évoluer son modèle.
Alors que sa stratégie a toujours consisté à conclure des baux de longue durée pour les sous-louer à court terme et de manière flexible, la firme veut désormais devenir propriétaire de ses locaux. Aux côtés du spécialiste canadien de l'immobilier Ivanhoé Cambridge, qui a mis 1 milliard de dollars au pot, WeWork a inauguré en mai une plate-forme immobilière dotée de près de 3 milliards.
Doutes persistants
L'objectif : capitaliser sur la valeur prise par les biens immobiliers lorsque la société investit des nouveaux locaux. WeWork, qui veut également se transformer en fournisseur de services (gestion des espaces immobiliers, valorisation des espaces grâce à l'IA ou prêt de matériel), cherche ainsi à dégager de nouveaux revenus.
Car les doutes sur sa capacité à atteindre la rentabilité subsistent, jusqu'à Softbank qui a pourtant injecté des milliards de dollars dans ses caisses. La dernière levée de fonds en provenance de fonds Vision Fund, de « seulement » 6 milliards de dollars, a déçu le monde de la finance qui en attendait une dizaine de plus.
Pas forcément un bon signe pour une entreprise à la valorisation titanesque - 47 milliards de dollars -, qui s'apprête à faire son entrée sur les marchés financiers. Le bail du « plus grand open space au monde » arrive donc à point nommé.
Basile Dekonink