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Merkel tente l'impossible pour rester au pouvoir

Mise au pied du mur par son allié bavarois (CSU), la chancelière allemande se démène pour arracher un accord avec l'Italie, l'Autriche et la Grèce sur les questions migratoires.

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Le 13 juin, la chancelière allemande Angela Merkel discutait avec son ministre de l'Intérieur, le Bavarois Horst Seehofer, avant une réunion du conseil des ministres à la Chancellerie, à Berlin

Par Thibaut Madelin

Publié le 17 juin 2018 à 17:41

Angela Merkel tente d'arracher le soutien de plusieurs pays européens pour désamorcer une crise qui menace de faire chuter son gouvernement. Face à un ultimatum inédit de son allié bavarois (CSU), censé prendre effet ce lundi, la chancelière allemande est en discussions intenses avec la Grèce, l'Autriche et l'Italie pour trouver un accord sur l'afflux de migrants.

La crise risque de jeter une ombre sur le conseil des ministres franco-allemand prévu mardi au Château de Meseberg, près de Berlin. Initialement, Emmanuel Macron et Angela Merkel voulaient profiter de ce rendez-vous pour signaler un élan commun et relancer l'Union européenne avant un sommet décisif des chefs d'Etat et de gouvernement, fin juin.

 Je crois que cela peut freiner le projet de réforme de la zone euro. 

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« Je crois que cela peut freiner le projet de réforme de la zone euro, juge Lucas Guttenberg, directeur adjoint de la recherche à l'Institut Jacques Delors de Berlin. Maintenant, Merkel va concentrer toute son attention et son capital politique sur les  car elle est sous pression pour trouver une solution européenne d'ici la fin du mois ».

Ultimatum

Durant le week-end, la tension entre la patronne de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et le président de la CSU Horst Seehofer rendait crédible le scénario d'une crise dans le premier pays de l'Union européenne. Ce dernier affirmait samedi ne pas vouloir faire tomber Angela Merkel tout en laissant courir une rumeur de rupture apparemment irréversible.

Signe de la nervosité, vendredi, un canular sur Twitter par le magazine satirique « Titanic », évoquant la rupture de l'alliance historique entre la CDU et la CSU, a fait chuter temporairement l'euro. Depuis l'échec des négociations de gouvernement entre conservateurs, Verts et Libéraux (FDP), en novembre, plus rien n'est exclu dans un pays qui incarnait jusqu'ici la stabilité.

Compromis

Au coeur du conflit, la volonté de Horst Seehofer de refouler à la frontière à partir de lundi les demandeurs d'asile ayant déjà été enregistrés dans d'autres pays européens, dont l'asile a déjà été refusé ou ne disposant pas de papiers en règle.

Dans une lettre solennelle aux adhérents de la CDU, sa secrétaire générale, Annegret Kramp-Karrenbauer, a évoqué une « situation grave ». Son parti propose un compromis au ministre de l'Intérieur : d'accord pour refouler immédiatement les réfugiés ayant vu leur demande d'asile rejetée, mais seulement eux. La CDU demande en parallèle un délai jusqu'au 29 juin pour trouver des « accords bilatéraux » avec les pays voisins.

Elections régionales en octobre

La CSU, qui estime attendre depuis trois ans une solution européenne illusoire, paraissait dimanche prête à accorder ce délai. « La situation est grave mais elle est surmontable », écrivait son président dans un article à paraître lundi dans la « FAZ ».

Sur le plan institutionnel, le ministre de l'Intérieur peut mettre en oeuvre l'essentiel de son « masterplan » dès lundi mais les experts jugent qu'une telle décision contre l'avis de la chancelière conduirait à sa mise à pied et la rupture de l'alliance entre la CDU et la CSU.

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Chasse sur les terres bavaroises

Les deux partis conservateurs, obnubilés par la concurrence du parti populiste AfD , n'ont jamais connu une telle crise depuis 1976, lorsque le président de la CSU Franz Josef Strauss avait menacé Helmut Kohl de rompre leur coalition. Le président de la CDU avait réagi en menaçant de chasser sur les terres bavaroises, faisant finalement reculer la CSU.

Dimanche, le camp d'Angela Merkel faisait une pression similaire, se disant prête à nommer ses propres candidats aux élections régionales qui auront lieu en octobre en Bavière. Dans un tel scénario, la chancelière aurait besoin d'un allié en plus du Parti social-démocrate (SPD) pour gouverner l'Allemagne. Le gouvernement actuel, né douloureusement six mois après les élections, aurait alors tenu trois mois.

Thibaut Madelin (Correspondant à Berlin)

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