Une filiale de Disney produit un film sur Le Chevalier de Saint-George, « Le Mozart noir »

La vie du chevalier de Saint-George, escrimeur, militaire, musicien et compositeur précoce est méconnue. Un film, produit par une filiale de Disney, va être consacré à la vie de ce fils d’une esclave et d’un propriétaire de plantations aux Antilles. Une destinée inédite qui le mena de la Guadeloupe à la cour de Louis XVI.

Le Chevalier de Saint-George est né bien avant Mozart, vers 1740

La révolution de 1789 et la chute de la monarchie ont marqué la fin du 18siècle, rejetant dans les bas-côtés de l’histoire de France de grands personnages comme ce fut le cas du Chevalier de Saint-George dont la vie exceptionnelle, souvent légendée, reste mystérieuse et méconnue du grand public. Ce ne sera bientôt plus le cas, car comme le révèle le magazine américain Variety, un biopic (film biographique) va être consacré à celui qu’on surnomma « Le Mozart noir » tant sa précocité et ses talents de musicien faisaient penser au compositeur autrichien, né une douzaine d’années après lui.

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On sait déjà que le scénario sera signé Stefani Robinson, à qui l’on doit l’écriture de séries TV à succès comme Atlanta ou What We Do in the Shadows, réalisé par Stephen Williams, lui aussi spécialisé dans les séries TV (Lost, The walking dead, Westworld…) et produit par Searchlight Pictures, une filiale des studios Disney. Le nom de l’acteur qui jouera le rôle titre et les dates de tournage ne sont pas encore connues.

 

Le Chevalier de Saint-Georges commanda à Haydn ses Symphonies parisiennes

Sur cette vie incroyable on a beaucoup raconté, souvent inventé car beaucoup de témoignages concernant le Chevalier Saint-George ont été détruits pendant la révolution. Alain Guédé, l’un de ses biographes, auteur, en 1999, de « Monsieur de Saint-George, le nègre des Lumières » et d’un opéra sur le personnage, écrit qu’il naquit Joseph Bologne (entre 1739 et 1745) à Basse-Terre, fils d’une esclave d’origine sénégalaise et d’un planteur noble, il passe son enfance en Guadeloupe et à Saint-Domingue avant de suivre son père à Paris, alors qu’il n’a qu’une dizaine d’années.

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Joseph Bologne est vite adopté par l’aristocratie parisienne grâce à ses talents d’escrimeur (la légende veut qu’il combattit le Chevalier d’Éon en duel), de danseur, de séducteur, et surtout de musicien, violoniste virtuose, chef d’orchestre et compositeur. On sait qu’il a dirigé le Concert des amateurs puis la société de concerts de la Loge Olympique, considérés comme les meilleurs d’Europe et qu’il avait avec le comte d’Ogny, commandé à Joseph Haydn ses Symphonies parisiennes. Ami intime du duc d’Orléans, proche de Marie-Antoinette, il aurait été désigné par Louis XVI pour diriger l’Opéra royal, mais dut renoncer face à l’opposition de deux grandes cantatrices qui refusaient d’être dirigées par un… « mulâtre ».

 

Le Chevalier de Saint-George meurt 3 ans après l’abolition de l’esclavage, en 1799

Très tôt engagé dans des activités militaires, dans la Garde Nationale pendant la révolution puis à Londres, il crée un régiment de soldats noirs et métis, la légion de Saint-George, dont il est nommé colonel et qui combat sur les frontières du Nord. Suspecté de sympathies royalistes, le Chevalier de Saint-George est emprisonné plusieurs années à la fin de sa vie. Gravement malade, il meurt dans la précarité le 12 juin 1799 à Paris. 3 ans plus tard, Napoléon Bonaparte rétablissait l’esclavage par décret.

Philippe Gault

 

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