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Présidentielle en Turquie : le silence embarrassé des Occidentaux

Hormis Bruxelles, les capitales occidentales n'ont pas encore réagi à la victoire, dimanche, de Recep Tayyip Erdogan. Les relations entre l'UE et la Turquie sont tendues depuis le coup d'Etat manqué de juillet 2016.

Par Adrien Lelièvre

Publié le 25 juin 2018 à 12:15

Silence radio. Les grandes capitales occidentales n'ont toujours pas réagi au succès historique, dimanche, de Recep Tayyip Erdogan . Le « sultan » turc de 64 ans a été réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle (52,54 % des voix, résultat non définitif), tandis que son parti islamo-conservateur (AKP) a viré en tête des élections législatives (42 %). Grâce à son alliance avec les ultranationalistes du MHP, l'AKP va ainsi contrôler le Parlement.

Seule Bruxelles a réagi en fin de journée : dans un communiqué, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn prennent acte de l'évaluation de l'OCSE et du Conseil de l'Europe qui ont dénoncé dans un rapport préliminaire l'absence « d'opportunités égales pour les candidats ».

Ce double scrutin était le premier depuis l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle - adoptée de justesse l'an dernier - octroyant au président la quasi-totalité des pouvoirs exécutifs.

Embarras

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En convoquant en avril des élections anticipées, Recep Tayyip Erdogan a d'abord pris ses adversaires de court. Mais la candidature de son principal rival, Muharrem Ince (CHP) et les nuages noirs s'accumulant au-dessus de l'économie turque ont remobilisé l'opposition, qui a cru dans la dernière ligne droite arracher un second tour. Las. Muharrem Ince n'a finalement recueilli que 30 % des voix et reconnu sa défaite lundi - l'opposition a tout de même dénoncé des tentatives de fraudes.

Le silence des grandes capitales sur la réélection de Recep Tayyip Erdogan, arrivé au pouvoir en 2003 en qualité de premier ministre et président depuis 2014, illustre l'embarras de l'Occident. La Turquie est pourtant membre de l'Otan et officiellement candidate à l'entrée dans l'Union européenne. En 2016, Bruxelles a même signé un accord controversé sur les migrants avec Ankara.

Mais les relations entre la Turquie et ses alliés occidentaux se sont vivement dégradées depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016 , attribué par l'exécutif à la confrérie Gülen . En réaction, Recep Tayyip Erdogan a lancé une purge qui a débouché sur le limogeage de plus 150.000 fonctionnaires et l'arrestation de plus 50.000 personnes. La Turquie vit depuis deux ans sous le régime de l'état d'urgence et est régulièrement pointée du doigt par les ONG en raison des atteintes aux droits de l'homme.

Les félicitations de Poutine

Dans les faits, le processus d'adhésion de la Turquie dans l'Union européenne est au point mort. Si les Occidentaux se sont gardés pour l'instant de commenter le scrutin de dimanche, Recep Tayyip Erdogan a été félicité par Vladimir Poutine, qui a vanté la « grande autorité politique » du chef de l'Etat turc.

Sa réélection témoigne « du large soutien accordé au cap fixé sous sa direction sur les questions sociales et économiques à laquelle la Turquie est confrontée, et au renforcement de la position du pays en termes de politique étrangère », estime un communiqué du Kremlin. Outre le chef de l'Etat russe, les présidents du Venezuela, de l'Iran, d'Azerbaidjan et du Pakistan ont également salué la victoire d'Erdogan.

Adrien Lelièvre

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