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Merkel quitte la scène européenne en laissant des questions en suspens

Les Vingt-Sept ont cherché à temporiser, jeudi et vendredi, dans la crise qui les oppose à Varsovie sur l'Etat de droit. Ils sont apparus divisés sur les réponses à apporter sur la flambée des prix de l'énergie.

Angela Merkel, entourée d'Emmanuel Macron et de Charles Michel, président du Conseil européen, lors d'une photo de famille prise à Bruxelles le 21 octobre.
Angela Merkel, entourée d'Emmanuel Macron et de Charles Michel, président du Conseil européen, lors d'une photo de famille prise à Bruxelles le 21 octobre. (JOHN THYS / POOL / AFP)

Par Karl De Meyer

Publié le 24 oct. 2021 à 15:19Mis à jour le 24 oct. 2021 à 15:47

Jeudi et vendredi derniers se tenait probablement le dernier sommet européen d'Angela Merkel. La chancelière allemande, qui a participé à 107 Conseils européens, a reçu à Bruxelles une « standing ovation » de ses homologues. Le Président du Conseil, le belge Charles Michel, lui a rendu un hommage appuyé.

Mais la chancelière, le visage soucieux, a lancé un message d'alerte lors de sa dernière conférence de presse bruxelloise : « Je quitte maintenant cette Union européenne en ma responsabilité de chancelière dans une situation qui m'inquiète », a-t-elle déclaré. Avant d'expliciter : « Nous avons surmonté de nombreuses crises, par le respect et les efforts pour trouver des solutions communes, mais nous avons une série de problèmes non résolus », a-t-elle averti.

Concernant l'Etat de droit (indépendance de la justice, liberté des médias...), sujet sur lequel la Pologne est actuellement dans le collimateur de l'UE, la chancelière a répété son souhait d'un débat plus apaisé.

Dans le bras de fer avec Varsovie, les chefs d'Etats et de gouvernements ont réaffirmé « leur conviction que l'Etat de droit et l'indépendance judiciaire sont absolument fondamentaux », tout en temporisant sur les ripostes étudiées par Bruxelles.

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Sanctions contre Varsovie

Gardienne des traités, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait promis mardi au Parlement européen de sévir contre la Pologne. Elle a reçu le soutien des Etats pour agir, mais sans précipitation, alors que le Parlement menace de poursuivre la Commission devant la Cour de justice de l'UE pour inaction. L'Assemblée de Strasbourg souhaiterait que l'exécutif communautaire enclenche un nouveau mécanisme, entré en vigueur en 2021, qui permet de suspendre les versements de fonds européens aux pays où sont constatées des violations de l'Etat de droit affectant le budget communautaire. Jusqu'ici, la Commission a préféré attendre la confirmation de la validité de ce dispositif par les juges de Luxembourg.

« Nous n'agirons pas sous la pression du chantage (mais) nous sommes prêts au dialogue », a déclaré jeudi le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki .

Divisions sur l'énergie

Sur l'autre dossier sensible de ce sommet, l'inflation des prix de l'énergie, les dirigeants européens ont eu du mal à s'entendre sur une réponse commune. Les débats ont surtout révélé les divergences sur les objectifs de l'Union européenne en matière de changement climatique. Des pays comme la Pologne ou la Hongrie estiment que le plan « Fit for 55 » de l'UE est responsable d'une envolée des prix, notamment parce qu'il augmente le prix du CO2 sur le marché européen du carbone. Les Pays-Bas et l'Allemagne ont au contraire défendu les objectifs du bloc, la Commission estimant qu'il faut à l'inverse accélérer la montée en puissance des renouvelables pour remédier à la dépendance européenne aux énergies fossiles.

Marché de l'électricité

Madrid, de son côté, demande carrément une révision des règles de fixation des prix de l'électricité de gros, indexés sur celui du gaz, qui sont orientés à la hausse pour des raisons conjoncturelles et structurelles. Les conclusions du sommet ont surtout invité les Etats membres à utiliser la « boîte à outils » présentée mi-octobre par la Commission pour « soulager à court terme les consommateurs les plus vulnérables et soutenir les entreprises européennes ».

Alors que les ministres de l'Energie de l'UE reprennent ces débats dès ce mardi, le dossier devrait revenir à l'agenda du Sommet européen de la mi-décembre.

Karl De Meyer

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