Le pianiste João Carlos Martins peut à nouveau jouer grâce à des gants « magiques »

Privé de l’usage de ses mains depuis des dizaines d’années, le grand pianiste brésilien peut à nouveau jouer grâce à une paire de gants bioniques. Il fera une démonstration lors de 3 concerts le 25 janvier à São Paulo et devrait se produire au Carnegie Hall à New York en octobre prochain.

João Carlos Martins est considéré comme un grand interprète de Jean-Sébastien Bach

Dans les années 60, João Carlos Martins, était considéré comme un des plus grands spécialistes des interprétations au piano de JS Bach avec Glenn Gould. En 1965, un accident lors d’un match de football, son autre passion, puis, 30 ans plus tard, une violente agression après un récital à Sofia l’ont privé en grande partie de l’usage de ses mains. Il ne put alors jouer que de la main gauche et avec un doigt de la droite. Pire encore, en 2001, il contracte une maladie neurologique et perd la mobilité de son membre gauche. De multiples traitements médicaux et 24 opérations n’y feront rien. “Après avoir perdu mes outils; mes mains, ne plus pouvoir jouer du piano, c’était comme s’il y avait un cadavre dans ma poitrine », avait-t-il déclaré à l’agence Associated Press (AP).

 

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Alors qu’il se tourne vers la direction d’orchestre, c’est une rencontre avec un de ses admirateurs Ubiratã Bizarro Costa qui va changer le cours de cette vie d’artiste brisée par le destin. Ce designer industriel (spécialisé initialement dans les pièces automobiles) va, en collaboration étroite avec João Carlos Martins, développer des gants qui permettent au pianiste, dans un 1er temps, de jouer lentement avec ses pouces et parfois les index. Avec obstination, les 2 hommes continuent de perfectionner le dispositif jusqu’à aboutir en fin d’année 2019 à des prototypes enfin opérationnels et efficaces. Il s’agit d’une paire de gants bioniques (gants d’extension), recouverts de néoprène et avec une structure en fibre de carbone. Si auparavant, à cause de la maladie, ses mains étaient toujours fermées, avec ces gants, il s’habitue à remettre ses doigts dans une position normale et peut même repositionner les coussinets intérieurs du gant pour jouer à un rythme plus rapide ou plus lent.

 

 

João Carlos Martins espère rejouer la Toccata et Fugue en Ré mineur de JS Bach

Grâce à ces extensions, João Carlos Martins peut donc à nouveau faire courir ses doigts sur un clavier, même s’il sait qu’à 79 ans il ne retrouvera jamais la virtuosité de ses années de gloire.  «Je ne retrouverai peut-être pas la vitesse du passé. Je ne sais pas quels résultats j’obtiendrai. Je recommence comme si j’étais un garçon de huit ans qui apprend » a déclaré le pianiste qui ne désespère pas interpréter à nouveau l’intégralité d’une œuvre de Bach.

 

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« Je rejouerai la Toccata et Fugue en Ré mineur. Cela pourrait prendre un, deux ans. Je continuerai à travailler jusqu’à ce que cela se produise. Je n’abandonnerai pas ». Dans un 1er temps, João Carlos Martins, va se produire ce week-end lors de 3 concerts donnés à l’occasion des 466 ans de São Paulo et compte bien jouer au Carnegie Hall en octobre prochain, où il est invité pour un concert célébrant le 60e anniversaire de sa première apparition sur la grande scène new-yorkaise.

 

Philippe Gault

 

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