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Le Monténégro appelle l'UE au secours pour rembourser un prêt à la Chine

L'Etat des Balkans est en train de construire l'une des autoroutes les plus chères jamais édifiées. Alors que son économie est fortement dégradée par la pandémie de Covid, il craint de ne pas être capable de rembourser le milliard qu'il doit à la Chine. L'Union européenne affirme qu'elle ne paiera pas pour le Monténégro.

Le tracé très accidenté de l'autoroute a rendu son édification très coûteuse pour le Monténégro.
Le tracé très accidenté de l'autoroute a rendu son édification très coûteuse pour le Monténégro. (Savo Prelevic/AFP)

Par Paul Turban

Publié le 13 avr. 2021 à 14:06Mis à jour le 14 avr. 2021 à 07:15

Une quarantaine de kilomètres, 20 ponts, 16 tunnels et environ 20 millions d'euros par kilomètre. Le Monténégro a vu les choses en grand pour relier Bar, son principal port sur la mer Adriatique, à Belgrade, la capitale de la Serbie. Et pour financer ce premier tronçon, qui représente un tiers de la construction totale - Bar-Boljare, à la frontière serbe -, l'Etat des Balkans a fait appel à la banque publique China Exim Bank pour obtenir près de 1 milliard de dollars de prêts, soit environ un tiers de son endettement total.

Mais la pandémie de Covid-19 est passée par là. Le Monténégro, qui vit principalement du tourisme, a connu une forte récession en 2020, avec une chute de 8,7 % de son PIB, selon les prévisions du FMI. Le pays craint de ne pas parvenir à rembourser cette dette envers la Chine et de perdre la propriété des terres sur lesquelles le prêt est gagé. Le candidat à l'entrée dans l'Union européenne a appelé à l'aide sa voisine, mais celle-ci a d'ores et déjà refusé de rembourser.

Une aide de l'Union européenne… pour la suite

Dimanche, le ministre des Finances du Monténégro, Milojko Spajic, avait pourtant incité l'Union européenne à marquer « une victoire petite mais facile » dans la lutte « contre l'influence croissante de la Chine ». « Le Monténégro est suffisamment petit pour que ce soit une décision facile », avait-il estimé dans le « Financial Times ».

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Toutefois, Peter Stano, porte-parole de l'Union européenne, a clairement adressé une fin de non-recevoir à la demande bulgare. « Nous ne rembourserons pas un prêt contracté auprès d'un pays tiers », a-t-il indiqué lundi, selon des propos rapportés par Reuters. Tout en reconnaissant qu'il existait « un risque de déséquilibres macroéconomiques et de dépendance vis-à-vis de la dette ».

Aussi, l'UE est disposée à soutenir le Monténégro dans la construction des futurs tronçons de l'autoroute, notamment par le biais du plan de soutien économique et d'investissement pour les Balkans occidentaux de 9 milliards d'euros . Un financement à des « conditions très préférentielles », a souligné l'Union européenne.

Des enjeux géopolitiques non négligeables

Derrière cette question de la dette, il s'agit clairement de contrer l'influence chinoise dans les Balkans. Un rapport du Conseil européen des affaires étrangères de février jugeait ainsi « de plus en plus évident que Pékin est en train d'étendre et d'intégrer sa présence à travers les Balkans occidentaux dans divers secteurs, tout en s'engageant avec un nombre croissant d'acteurs locaux ».

« Le processus semble s'accélérer à un moment où un consensus occidental émerge sur les défis posés par les incursions de Pékin dans la région », notait encore ce rapport, mettant notamment en avant les risques que représentait l'endettement du pays vis-à-vis de la Chine. Il soulignait aussi la coopération entre le Parti communiste chinois et le Parti démocratique monténégrin des socialistes, qui a perdu le pouvoir en août après trente ans passés aux manettes.

« Pour les infrastructures, nous comptons actuellement sur la Chine… La situation est dramatique d'un point de vue géopolitique », a souligné le ministre des Finances monténégrin, Milojko Spajic. « Nous devons nous connecter plus étroitement à nos alliés de l'UE », a-t-il indiqué. Les problèmes d'endettement du Monténégro pourraient, en effet, retarder son entrée dans l'Union européenne, qu' il espère rejoindre d'ici à 2024 .

VIDEO. La Chine à la conquête du commerce mondial : les nouvelles routes de la soie

Paul TURBAN

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