Deutsche Bank étudie la création d'une « bad bank » de 50 milliards d'euros
Le groupe bancaire étudie la création d'une structure de défaisance qui accueillerait surtout des dérivés à échéance longue pour un montant pouvant atteindre 50 milliards d'euros. Deutsche Bank veut se concentrer sur la banque transactionnelle et la gestion d'actifs.
Par Ninon Renaud
Faute de mariage avec Commerzbank , Deutsche Bank s'apprêterait à faire des choix radicaux pour sauver ce qui peut encore l'être de l'ancien fleuron bancaire allemand en recentrant clairement ce dernier sur la banque transactionnelle et la gestion d'actifs au profil beaucoup moins risqué que celui de la banque d'investissement.
Selon le « Financial Times », Deutsche Bank étudierait en effet le scénario d'une profonde restructuration de ses activités de courtage qui inclurait la création d'une structure de défaisance afin d'accueillir jusqu'à 50 milliards d'euros d'actifs, soit 14 % du bilan de la banque. Ce mouvement irait de pair avec une réduction drastique, voire une fermeture de ses activités de négoce d'actions et de taux hors du Vieux Continent.
Décisions attendues d'ici le 24 juillet
Deutsche Bank n'a pas fait de commentaire, s'en tenant à dire dans un communiqué qu'elle « travaille sur des mesures destinées à accélérer sa transformation afin d'améliorer sa rentabilité de manière durable. Nous tiendrons tous les actionnaires informés si et quand cela sera nécessaire ». Si aucune décision n'est prise, le directeur général du groupe, Christian Sewing, pourrait présenter le fruit de ses réflexions lors de la présentation des résultats semestriels de la banque prévue le 24 juillet.
Lors de l'assemblée générale du groupe, fin mai, il avait déjà indiqué son intention de mener des « coupes drastiques » dans la banque d'investissement. Dans l'entourage de la banque, on souligne qu'il n'est pas question de se débarrasser de mauvais crédits ou de risque mais de faire des choix de stratégie. L'essentiel des actifs qui iraient dans la structure de défaisance concernerait, selon le « Financial Times », des dérivés à échéance longue d'autant moins stratégiques qu'ils sont devenus coûteux du fait des nouvelles règles prudentielles.
Une rentabilité au tapis
Ce coup de balai doit permettre à la banque de redresser rapidement sa rentabilité : elle vise un rendement des capitaux propres tangibles d'au moins 4 % cette année, alors que cet indicateur n'a atteint que 1,3 % au premier trimestre.
Il y a urgence car l'agence de notation financière Fitch Ratings a abaissé il y a dix jours la note de la première banque allemande de BB + à BBB , déjà confrontée à des coûts de financement élevés. De quoi impatienter les actionnaires qui ont vu le cours du titre de Deutsche Bank tomber au-dessous de 6 euros pour la première fois ce mois-ci, en baisse de 40 % sur un an.
La perspective d'une telle restructuration drastique semble du goût des investisseurs : le cours de Deutsche Bank progressait de 2,8 % à 6,195 euros à la Bourse de Francfort lundi en milieu de matinée.
Ninon Renaud (Correspondante à Berlin)