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Témoignage

« Je suis interne en médecine et athlète de haut niveau »

TEMOIGNAGE// Gabriel Bordier, 24 ans, est étudiant en 7 e année de médecine à la fac d'Angers. En parallèle de son cursus, il est sportif de haut niveau. En 2021, il a décroché le titre de champion de France en 20 km marche et a participé aux Jeux Olympiques de Tokyo.

Au Qatar, en octobre 2019, Gabriel Bordier, étudiant en médecine, est arrivé 24e aux Mondiaux d'athlétisme de Doha. Il vise une médaille à Paris aux Jeux Olympiques de 2024.
Au Qatar, en octobre 2019, Gabriel Bordier, étudiant en médecine, est arrivé 24e aux Mondiaux d'athlétisme de Doha. Il vise une médaille à Paris aux Jeux Olympiques de 2024. (Philippe Millereau/KMSP)

Par Chloé Marriault

Publié le 6 déc. 2021 à 09:00Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:19

« Au lycée, je n'étais pas certain de ce que je voulais faire plus tard. Les sciences m'intéressaient, j'hésitais entre une fac de biologie ou de médecine. Je crois que le concours de première année en médecine m'a motivé à rejoindre ce cursus, en raison de mon goût pour la compétition.

Pour avoir une chance de passer en deuxième année, j'ai préféré lever le pied sur l'athlétisme. J'avais commencé cette discipline à 6 ans, au club de Saint-Berthevin (Mayenne), à 200 mètres du domicile familial, jusqu'à me spécialiser dans la marche athlétique à l'adolescence. Au lycée, je m'entraînais quatre ou cinq fois par semaine.

En première année de médecine, j'allais courir une à deux fois par semaine après les cours, histoire de m'entretenir. Le week-end, je rentrais chez mes parents pour m'entraîner avec mon coach. Finalement, j'ai réussi ma première année du premier coup ! A ce moment-là, j'ai demandé à ma fac s'il était possible d'avoir un emploi du temps aménagé pour concilier études et sport. On m'a répondu favorablement. Cela m'a permis de bien m'entraîner et de performer. En 2017, j'ai remporté la médaille de bronze du 20 kilomètres marche aux championnats d'Europe espoirs d'athlétisme à Bydgoszcz, en Pologne.

Un bon classement aux ECN

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En quatrième année commence l'externat, durant lequel on est normalement en stage le matin et en cours l'après-midi. Pour mettre toutes les chances de mon côté, j'ai demandé à pouvoir m'entraîner l'après-midi, et à réviser de mon côté le soir. J'étais aussi autorisé à m'absenter pour mes différents stages et compétitions.

J'avais en ligne de mire les Jeux Olympiques de Tokyo prévus en 2020. J'ai préféré faire ma cinquième année en deux ans afin d'avoir le temps de m'entraîner sérieusement, sans compromettre ma réussite en cours. Les Jeux ont finalement été reportés d'un an et j'ai dû m'y préparer en parallèle de ma sixième année, qui se clôture par les épreuves classantes nationales (ECN).

J'ai décroché la 552e place sur 9.000 à ce concours. Un classement au-delà de mes espérances. J'avais pour objectif de finir dans les 2.000 ou 3.000 premiers, pour avoir une chance de rester à Angers. C'était beaucoup plus simple de ne pas déménager car j'ai ici mon kiné, mes habitudes, mes lieux d'entraînement… Mon classement m'a même permis de choisir la spécialité que je souhaitais : la rhumatologie.

Quelques semaines après ces résultats, je me suis envolé pour Tokyo. La compétition avait lieu à Sapporo, à plus de 800 km de la capitale. Mon objectif : arriver parmi les seize premiers - j'avais fini 24e aux Mondiaux d'athlétisme de Doha, au Qatar, en 2019 et voulais faire mieux. Je m'en suis finalement tiré avec une belle 24e place sur 60, en 1 h 25'23.

Les JO 2024 dans le viseur

Depuis la rentrée, j'ai réduit la voilure sur le sport, le temps de prendre mes marques en tant qu'interne au CHU d'Angers. Le rythme est assez intense. Il m'arrive de faire du 8 h 30-19 h 30 à l'hôpital, ce qui me laisse un peu moins de temps pour m'entraîner. Dans l'idée, j'aimerais pouvoir m'entraîner deux heures par jour et monter en intensité le week-end.

Je n'ai pas envie de choisir entre médecine et sport. Pour moi, les deux sont complémentaires. J'ai trouvé ma voie dans la médecine et j'adore tout ce qu'on nous enseigne. Le sport me permet de décompresser et de travailler plus efficacement. A l'inverse, faire des études en médecine me permet d'aborder l'athlétisme plus sereinement. Peu importe le résultat d'une compétition, ma vie n'est pas en jeu. Mes études en médecine me donnent aussi une compréhension du corps humain, de la gestion des blessures et de la nutrition qui me sont utiles.

J'ai forcément un peu moins de temps pour boire un verre ou faire la fête que d'autres. Concilier sport et en médecine demande une certaine rigueur, mais c'est faisable. D'autres sportifs le prouvent : Margot Chevrier, Yann Schrub, Pierrik Jocteur…

Ma formation en rhumatologie me permettra, si j'en ai envie, de me spécialiser en médecine du sport, mais je ne suis pas encore sûr de le vouloir. Pour l'heure, je souhaite continuer à m'épanouir en médecine et dans l'athlétisme, en progressant en compétition pour, ensuite, aller chercher une médaille à Paris aux Jeux Olympiques de 2024. Pour ce faire, je n'exclus rien. Peut-être que je demanderai un semestre blanc dans mon internat pour m'y préparer au mieux. »

À noter

Si vous avez aussi une belle (ou moins belle) histoire à raconter, n'hésitez pas à nous contacter : redaction-start@lesechos.fr

Et pour lire d'autres témoignages inspirants, c'est ICI.

Propos recueillis par Chloé Marriault

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