Inflation : Face à la hausse des prix, les Français ont-ils raison d’épargner ?

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Selon une étude de l’INSEE, face à l’inflation les Français ont tendance à épargner davantage. Ce comportement prudent risque en fait de plonger les petites épargnes dans un cercle vicieux.

Les Français veulent continuer à épargner malgré la hausse des prix. C’est le résultat d’une étude que vient de publier l’INSEE. Ce choix a de quoi surprendre car l’inflation a pour effet de grignoter le rendement de leurs économies. C’est d’autant plus étonnant que le bas de laine des ménages est déjà bien rempli. A la fin de l’année dernière, il s’élevait à plus de 165 milliards d’euros, soit une hausse de près de 50% pendant les 2 années de pandémie. On pouvait donc s’attendre à ce que les Français puisent dans ces réserves pour amortir le choc d’une hausse des prix qui a frôlé les 5% sur un an en avril. Pourtant c’est le contraire qui est en train de se produire. Face à la dégradation de la situation internationale et aux craintes de récession, nos compatriotes font le dos rond. Les Français préfèrent augmenter leur épargne de précaution et réduire d’autant leurs dépenses courantes. Cela explique qu’au premier trimestre, la consommation ait chuté de 1,3% dans le pays.

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Ce comportement entraîne malheureusement plusieurs problèmes. En trop épargnant les Français risquent d’accentuer le ralentissement économique en cours et de s’appauvrir. En effet, ce surplus d’épargne est en général placé sur des livrets sans risque qui ne rapportent guère plus de 1%, soit 4 points de moins que ce qu’il faudrait pour absorber l’impact d’une inflation à 5%. Le risque de voir s’installer un cercle vicieux est donc grand. Le faible rendement des placements incite les ménages à mettre toujours plus de côté en prévision de jours plus difficiles. C’est exactement ce qui s’était passé pendant la vague d’inflation des années 60-70. A l’époque, le taux d’épargne était passé sur la période de 15 à 20% dans le pays. Pour casser l’inflation et inverser la tendance, il avait fallu une forte hausse des taux d’intérêt et une récession. Un scénario qu’il serait préférable d’éviter cette fois étant donné l’état du pays et de ses finances publiques.

François Vidal 

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