Covid : « Il n’y a aucune raison de ne pas réintégrer les soignants non vaccinés », selon Eric Caumes

Chang Martin/SIPA

Eric Caumes, infectiologue et professeur à Sorbonne Université, était l’invité de la matinale sur Radio Classique. Face à la nouvelle vague de Covid, il milite pour que ce virus et celui de la grippe fassent l’objet d’une campagne commune.

Il faut préparer les seniors à faire des rappels plusieurs fois par an, selon Eric Caumes

A raison de 55.000 cas quotidiens ces 3 derniers jours, le Covid inquiète à nouveau au sein de la population et du gouvernement. Face à la naissance de cette neuvième vague, l’infectiologue Eric Caumes rassure : pour l’instant, « l’impact sur les hôpitaux et sur les réanimations » n’est pas significatif, idem pour le nombre de décès. Si l’hôpital est toujours « mal en point » et confronté à deux autres épidémies, l’infectiologue remarque que la bronchiolite touche les services de pédiatrie et la grippe mobilise les services de gériatrie, ce qui n’engorge pas les hôpitaux.

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Le ministre de la Santé François Braun a reconnu dimanche 4 décembre que la campagne de vaccination actuelle ne fonctionnait pas. En effet, seulement 10% des personnes à risque ont reçu le « vaccin ambivalent », qui contient « la souche historique et la souche Omicron », déplore Eric Caumes. « C’est nettement insuffisant. Je regrette qu’il n’y ait pas un mode de communication calé sur celui de la grippe, qui aurait permis de faire les deux vaccins en même temps », insiste-t-il. Selon lui, la grippe et le Covid sont similaires. Ainsi, il souhaite que les seniors et les personnes avec des comorbidités se préparent à faire des rappels anti-Covid plusieurs fois dans l’année, « de la même manière qu’on se vaccine contre la grippe à l’entrée de l’hiver ».

Le retour de l’obligation du port du masque est peu probable, estime-t-il

Cependant, il ne comprend pas le débat actuel sur la réintégration des soignants non vaccinés. Si on autorise les soignants à ne pas être vaccinés contre la grippe, « il n’y a aucune raison qu’on n’autorise pas le retour des soignants non vaccinés contre le Covid », justifie-t-il. « Il faut être raisonnable », d’autant que le vaccin ne limite pas l’infection ou la transmission, poursuit-il. Interrogé sur le retour de l’obligation du masque dans les transports, menace brandie par François Braun, l’infectiologue note, dubitatif, que cela impliquerait un nouvel état d’urgence sanitaire et un vote au Parlement.

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Eric Caumes est aussi convié à parler de son nouvel ouvrage Sexe : les nouveaux dangers (éditions Bouquins), qui répond selon lui à un « devoir d’alerte » face à la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles. C’est d’abord l’émergence de la pratique du chemsex, « l’utilisation de drogues pour agrémenter la sexualité », avec un fort risque de maladies sanguines et des morts chaque année. Concernant le Sida, l’infectiologue regrette que les autorités de prévention aient délaissé les campagnes de « safer sex » (sexe dans des conditions sûres), dont les opérations en faveur du préservatif. A l’inverse, la PrEP, traitement médicamenteux préventif du VIH, est devenue la solution miracle alors qu’elle augmente, selon lui, la résistance aux antibiotiques et l’émergence de nouvelles maladies, « comme on l’a vu cet été avec la variole du singe« .

Clément Kasser

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