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La reconstruction en « cinq années » de Notre-Dame fait débat

Après l'incendie qui a ravagé Notre-Dame, Emmanuel Macron a fait le voeu d'une cathédrale « plus belle encore » d'ici à « cinq années ». Il a reçu l'appui de l'architecte Jean-Michel Wilmotte, partisan d'une reconstruction à base de matériaux modernes. Mais ce délai est jugé « irréaliste » par certains professionnels du BTP.

Notre-Dame de Paris le 16 avril 2019 après l'incendie.
Notre-Dame de Paris le 16 avril 2019 après l'incendie. (Chine Nouvelle/SIPA)

Par Elsa Dicharry, Myriam Chauvot

Publié le 17 avr. 2019 à 12:09Mis à jour le 18 avr. 2019 à 10:51

Notre-Dame de Paris sera rebâtie « plus belle encore, et je veux que ce soit achevé d'ici à cinq années », a affirmé mardi soir Emmanuel Macron dans son allocution télévisée. Mais le souhait du président de la République est-il réalisable ? Quelques heures avant cette déclaration, Frédéric Létoffé, le coprésident du Groupement des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH), avait estimé entre « dix et quinze ans » le temps nécessaire à la reconstruction de la cathédrale, ravagée par un incendie, « en fonction des choix techniques qui seront faits ». Il avait aussi écarté la possibilité, évoquée par l'ex-ministre de la Culture Jack Lang, d'une reconstruction en trois ans, la jugeant « irréaliste ».

Choix techniques

« Cinq ans, c'est tout à fait tenable, dans la mesure où on fait un bon choix technique », a affirmé ce mercredi sur France Inter l'architecte Jean-Michel Wilmotte (à qui l'on doit notamment le stade Allianz Riviera à Nice, le Centre spirituel et orthodoxe russe à Paris, ou la rénovation de l'hôtel Lutetia), plaidant pour un recours à des matériaux et techniques modernes.

« Si on veut reconstruire Notre-Dame avec des systèmes traditionnels […], je pense que ce sera beaucoup plus que cinq ans », a-t-il cependant reconnu. Souhaite-t-on notamment doter la cathédrale de Paris d'une nouvelle charpente en bois ? Ou fera-t-on le choix de matériaux plus résistants - béton, métal, bois lamellé-collé ou matériaux composites -, dont l'utilisation est déjà courante ?

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Mardi, le syndicat de la filière bois s'est engagé à réserver ses « plus beaux chênes » pour Notre-Dame. Un peu plus tôt, l'assureur Groupama, propriétaire de forêts, avait offert 1.300 chênes centenaires de Normandie pour ce chantier exceptionnel. « C'est génial d'avoir une forêt, note l'architecte, mais il faut couper le bois, le faire sécher ». Des opérations chronophages. « Et après, la mise en oeuvre avec le système de tenons, de mortaises et de fiches, c'est un travail colossal », a poursuivi l'architecte.

Parti pris architectural

« Je doute qu'on refasse une charpente en bois à l'identique pour Notre-Dame, cela prendrait trop de temps », avait indiqué mardi Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques. Les chefs-d'oeuvre de l'architecture ayant flambé dans un passé récent ont rarement été reconstruits à l'identique. « L'hôtel particulier Lambert, à Paris, a été refait avec une charpente en bois mais le Parlement de Bretagne, dont on qualifiait aussi la charpente en bois de 'forêt', comme celle de Notre-Dame de Paris, a maintenant une charpente en poutres métalliques et bois lamellé-collé », remarque-t-il. Cela n'a pas empêché cette reconstruction de prendre dix ans. De même, conservera-t-on une couverture en plomb pour la toiture de Notre-Dame, ou optera-t-on pour un matériau comme le métal, plus facile à assembler ?

« En fait ce sont les partis pris architecturaux et techniques qui vont déterminer le temps de reconstruction », résume François Pouraud, entrepreneur et membre du GMH, qui prédit de long débats d'experts. « Tout dépend des solutions techniques qui seront acceptées et acceptables ».

Sécuriser le site

« Avant de restaurer, il va falloir nettoyer le site et le mettre en sécurité avec une consolidation pour éviter les possibles effondrements, mettre une protection sur la toiture endommagée et juger de la manière dont la structure de l'édifice va bouger lorsqu'il va se rééquilibrer d'ici à l'an prochain, avait également souligné mardi Frédéric Létoffé. Il faudra d'abord restaurer les parties de voûtes effondrées, traiter les pierres et ce n'est qu'une fois la structure restaurée que viendra le tour de la charpente. » Un travail énorme.

VIDEO. Emmanuel Macron veut rebâtir Notre-Dame « d'ici à cinq années »

Elsa Dicharry et Myriam Chauvot

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