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Week-end à Rome… consacré au budget 2019

La Bourse de Milan est loin de connaître la Dolce Vita. Depuis le 1er octobre, le FTSE Mib a perdu 8,5 %. Le gouvernement de coalition se réunit samedi à Rome pour discuter du projet de budget 2019 qui a été sereinement critiqué par la Commission européenne.  

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Week-end à Rome… consacré au budget 2019 | Crédits photo : Matteo Salvini lors d'une session au sénat italien à Rome, le 11 octobre 2018 / Sipa (Matteo Salvini lors d'une session au sénat italien à Rome, le 11 octobre 2018 / Sipa)
Publié le 19 oct. 2018 à 16:03

Les perspectives de l’économie de la zone euro sont devenues « un peu plus sombres ». Celui qui tient ces propos s’appelle Mario Draghi. L’agence de presse Bloomberg, qui les rapporte, en se référant à une source officielle, souligne que le patron de la Banque centrale européenne a identifié plusieurs risques, dont le Brexit, la guerre commerciale et l’Italie. Un peu plus tôt, la Commission européenne a haussé le ton, critiquant le budget 2019 élaboré par Rome, qui prévoit un déficit de 2,4 % du PIB, bien au-dessus des 0,8 % prévus par le précédent gouvernement de centre-gauche. Ce dérapage est « sans précédent dans l’histoire du Pacte de Stabilité et de Croissance », déplore la Commission dans une lettre adressée à l’Italie, où elle lui intime de présenter ses observations avant « lundi 22 octobre minuit ». Tentant de désamorcer le conflit, Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, a indiqué « avoir simplement envoyé une lettre », ajoutant que la décision finale sur le budget italien reviendrait aux dirigeants politiques.

Le président du Conseil, Giuseppe Conte, a, de son côté, défendu son « beau » budget et indiqué avoir convoqué une réunion du gouvernement dès samedi à Rome. Une réunion qui s’annonce houleuse en raison des tensions au sein même de la coalition gouvernementale. Le vice-président du Conseil Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles, a appelé, jeudi, à une clarification de ses partenaires de la Ligue sur l’étendue de l’amnistie fiscale contenue dans le projet de budget 2019.

Sur les dents

En Bourse, les investisseurs sont sur les dents : le FTSE Mib à Milan perd encore 0,73 %, à 18.947 points, ce qui porte à 8,5 % sa décrue sur le mois et à 13,3 % depuis le 1er janvier.

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La Bourse de Milan sous pressionFactSet

Le rendement du papier italien à 10 ans continue de flamber, touchant 3,8049 %, tandis que le spread avec le Bund allemand de même échéance a flirté avec les 340 points de base, au plus haut depuis cinq ans et demi. Pour ne rien arranger, les CDS (Credit default swap), ces produits d’assurance contre un évènement de crédit dans le pays, à cinq ans s’envole à 293 points, au plus haut depuis 2013.

Les CDS à 5 ans sur l'Italie grimpentBloomberg

Même les données fournies par la Banque d’Italie ne sont guère encourageantes : en août, les ventes nettes d’obligations de la part des investisseurs étrangers, en particulier les obligations d’Etats mais aussi celles de sociétés, sont tombées à – 17,9 milliards d’euros.

Le secteur bancaire est en souffrance : Banca Generali et Ubi Banca chutent de plus de 4 %, Banco BPM de 3 %, Unicredit et Banca Popolare Emilia Romagna de plus de 2 %. Les banques italiennes commencent sérieusement à s’inquiéter de la situation. L’association qui les regroupe a mis en garde ce vendredi contre l’élargissement du spread qui aggrave les perspectives pour la situation budgétaire du pays et pénalise les projets d’investissements à la fois des entreprises et des ménages. « Nous espérons un dialogue plus constructif entre les autorités italiennes et européennes afin de surmonter cette situation qui porte atteinte à l'économie », a déclaré Antonio Patuelli, le président de l’association.

Une dette « junk » ?

Le dernier coup de massue pourrait venir des agences de notation. Moody’s et S&P doivent rendre leur décision sur la note de crédit de l’Italie d’ici la fin du mois. Pour Christopher Dembik, chef économiste de Saxo Banque, les deux agences devraient se limiter à un abaissement de la perspective de l’Italie, la ramenant de « stable » à « négative », sans toucher aux notes, qui, pour l’heure, restent deux crans au-dessus de la catégorie « junk », c’est-à-dire spéculative. Selon lui, les craintes du marché sur l’Italie sont « irrationnelles ». Elles tiennent « plus à la politique du pays qu’à des considérations financières ou économiques. Le risque d’une sortie de l’Italie de la zone euro est très bas, plus bas qu’en mai lors de la formation de la coalition gouvernementale et que fin 2016 » lors du référendum constitutionnel qui a coûté son poste de Président du Conseil à Matteo Renzi.

Pour Fabrizio Pagani, ancien conseiller du président du Conseil Enrico Letta (2013-2014) et désormais responsable de la stratégie globale pour la société de gestion Muzinich & Co, l’Italie ne mérite pas que sa dette soit reléguée en catégorie « junk ». « Les fondamentaux du pays restent solides. On a de la croissance, certes plus mitigée que l'année passée, les entreprises sont sorties d'une crise longue et profonde beaucoup, plus fortes, beaucoup plus dédiées à l'export, et avec une capacité renforcée d'innover et de trouver des marchés », analyse-t-il, tout en reconnaissant qu’« il y a eu un problème de communication de la part de ce nouveau gouvernement, surtout vis-à-vis des marchés » et qu’un « un objectif de déficit budgétaire qui ne diminue pas en l'espace de trois ans, ce n'est pas très sage. »

C.P.

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