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L’action Dia, le Lidl espagnol, chute de 50% en deux jours, de 90% en un an et vaut désormais moins de 1 euro

De presque 8 euros au printemps 2015, l’action Dia est tombée à 5 euros à l’automne 2017, puis à 2 euros cet été avant de sombrer, ce matin, pour la première fois de son histoire, sous 1 euro. Le distributeur espagnol de hard discount a lancé hier un nouveau profit warning, le troisième en un an. Et rien à voir avec Amazon, l'« usual suspect » du secteur, même si la chaîne n’a pas précisé l’origine de ce nouvel avertissement. L’éclairage des analystes.

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L’action Dia, le Lidl espagnol, chute de 50% en deux jours, de 90% en un an et vaut désormais moins de 1 euro | Crédits photo : © Copyright 2013 DIA Corporate (© Copyright 2013 DIA Corporate)
Publié le 16 oct. 2018 à 16:55

Dia est désormais un « penny stock », le prix de l’action étant tombé ce matin sous le seuil de 1 euro à la Bourse de Madrid. Le distributeur espagnol de hard discount ne pèse plus que 600 millions d’euros en Bourse, soit huit fois moins qu’en avril 2017 quand l’action avait fait une poussée à 7,697 euros en séance, son plus haut historique. A côté, la dette du groupe est deux fois plus élevée, à 1,2 milliard d’euros fin juin (+20% sur un an), ce qui fait dire au cabinet d’analyses Invest Securities que le nouveau profit warning lancé hier par la direction, au sortir du conseil d’administration, est « carrément dévastateur. […] Seule une opération financière peut sauver Dia. » Chez Tulett Prebon, on fait remarquer que « les ratios de crédits ne semblent plus en ligne avec une note ‘investment grade’ et le groupe devrait subir une dégradation en catégorie ‘high yield’. »

Le distributeur a largement abaissé ses prévisions de résultats pour 2018, conséquence d’un recul du volume des ventes et d’une augmentation des dépenses opérationnelles, a expliqué la direction tout en précisant - laissant comprendre au marché que ses bénéfices risquent d’être encore plus minces -   que cette révision ne prenait pas en compte l'impact négatif de son exposition à l’Argentine. « Cette nouvelle guidance n’intègre pas l’application de la norme IAS 29, qui pourrait être exigée compte tenu du contexte d’hyperinflation en Argentine, explique Laurence Hofmann, analyste chez Oddo BHF. Cette norme exige qu’en cas d’hyperinflation atteignant 100% sur trois ans consécutifs, les entreprises doivent comptabiliser leur activité dans le pays concerné au cours de clôture d’un exercice et non au cours moyen, avec retraitement des données historiques sur le cours de clôture de l’exercice « n ». Le but étant de ne pas gonfler artificiellement la croissance organique par de l’hyperinflation. Dia n’est pas encore en mesure d’estimer l’impact de l’application de cette norme. » Le cabinet d’étude, « en première approche », estime cet impact à une dizaine de millions d’euros.

« Toutes les géographies sont sous pression »

Dia, qui suspend le versement du dividende, ne table plus que sur un Ebitda ajusté compris entre 350 et 400 millions d’euros, à comparer avec 568 millions l’année dernière (sachant que le groupe a également fait savoir que les comptes 2017 devraient être revus, ce qui pourrait conduire à un impact négatif de 70 millions d’euros sur les capitaux propres) et un consensus d’environ 500 millions d’euros. Tangi Le Liboux, analyste chez Aurel BGC, fait remarquer que « depuis que la reprise économique s’[est] install[ée], Dia est à la recherche d’un nouveau modèle. »« Toutes les géographies sont sous pression », estime-t-on chez Oddo BHF où l’on veut combler l’absence d’indications sur l’origine du profit warning. En Espagne, il y a « une perte de part de marché face à Mercadona et Lidl », au Portugal, la chaîne est « également sous pression », au Brésil, le distributeur est « attaqué par les modèles de C&C de Atacadao/Carrrefour et GPA/Casino) » et enfin, en Argentine, c’est « la crise économique dans un contexte hyper inflationniste » qui pèse sur les comptes. En définitive, Oddo BHF confirme sa recommandation d’« alléger » sur l’action Dia pour viser un objectif de cours de 90 centimes, pile le prix qu’elle a touché ce matin avant de repartir un peu de l’avant. Globalement, d’après le consensus Bloomberg, les analystes ont un objectif de cours de 1,78 euro avec, pour un peu plus de la moitié d’entre eux, des conseils de « conserver » (33% sont à « vendre », 12% à l’achat).

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Dia publiera ses comptes du troisième trimestre le 30 octobre. A si brève échéance, le nouveau patron du groupe, Stephan DuCharme (qui remplace Ana Maria LLopis qui elle-même avait remplacé Ricardo Curras en août), ne devrait pas être en mesure d’annoncer, lors de cette réunion, un plan stratégique. Ceci dit, d’ici-là, le fonds LetterOne Investment de l’oligarque russe Mikhail Fridman pourrait avoir lancé une OPA sur Dia. LetterOne, entré au capital du distributeur l’année dernière, détient déjà 29% du groupe. Et selon le journal espagnol Expansión, ce fonds guettait depuis des mois l’occasion de racheter, au meilleur prix, les actions qu’il n’avait pas. Cette occasion est maintenant là. Et Mikhail Fridman a déjà placé son homme de confiance, Stephan DuCharme, à la tête de Dia. Celui-ci est déjà président non exécutif du géant de la distribution russe X5 Retail Group, propriété de M. Fridman, après avoir été son PDG.

ME

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