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Compensation : les trésoriers d’entreprises choisissent la zone euro

L’AFTE, qui regroupe les trésoriers des grandes entreprises françaises, souhaite que les chambres de compensation soient implantées en zone euro après le Brexit. Une question de sécurité pour leur travail.

Par Guillaume Benoit

Publié le 25 sept. 2017 à 16:01

C’est une nouvelle voix qui est venue prendre part au débat sur la localisation des chambres de compensation après le Brexit. Et pas n’importe laquelle : celle des trésoriers des grandes entreprises françaises. L’AFTE, l’association qui les représente, vient de prendre position pour un rapatriement au sein de l’Union Européenne du traitement des transactions en euros. Et elle encourage Bruxelles à affiner sa position en ce sens. 

La voix des utilisateurs de dérivés

Si les trésoriers se préoccupent de la question, c’est qu’ils sont de grands consommateurs de produits dérivés. Ils les utilisent pour se protéger contre un certain nombre de risques, qui ont un impact direct sur le bilan et les mouvements de trésorerie de leur entreprise. Ils se couvrent ainsi contre les variations, des taux de changes, des taux d’intérêt ou des prix du pétrole. « Progressivement, ces produits de couverture de taux, qui sont échangés de gré à gré (OTC), passent par des chambres de compensation, explique un membre du bureau de l’AFTE. En outre, nos contreparties pour ces couvertures se couvrent à leur tour sur le marché de dérivés. »

Bruxelles estime que plus de 60 % des dérivés OTC sont désormais compensés. Et le mouvement va se poursuivre, poussé par les régulateurs financiers mondiaux. En s’intercalant entre l’acheteur et le vendeur du produit dérivé, la chambre de compensation sécurise l’opération, en limitant la casse si l’une des parties n’est pas en mesure de respecter ses obligations. Mais de ce fait, elle se retrouve à concentrer tous les risques.

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Des acteurs devenus systémiques

Les chambres de compensation sont donc devenues des acteurs systémiques , et certaines qui traitent des volumes énormes de transaction, préoccupent particulièrement les trésoriers. Notamment LCH Ltd, qui compense 97 % des dérivés de taux. « Il y a un enjeu de sécurité, s’inquiète-t-on à l’AFTE. Les chambres de compensation implantée en Europe sont placées sous la supervision de la Banque centrale européenne, et pourront, en cas de difficultés, bénéficier de son soutien. Ce ne sera plus forcément vrai pour les « clearing houses » londoniennes, surtout en cas de Brexit « dur » ».

Une question de souveraineté

Il s’agit aussi d’une question de souveraineté monétaire . Parce que leur activité porte sur des contrats de taux, ou qu’elles peuvent jouer sur l’attractivité des obligations d’Etat en fonction de la valeur de garantie qu’elles leur attribuent, les chambres de compensation ont une influence sur la devise européenne. La crainte est qu’en cas de crise, une chambre de compensation britannique privilégie les intérêts de la City au détriment de ceux de la zone euro.

Sans rapatriement en zone euro de ces grands acteurs, l’association redoute notamment des interruptions temporaires dans les transactions, des pertes sèches si la partie qui fait défaut n’est pas soumise au droit européen, ou que des actions prises pour des raisons purement nationales pèsent sur la liquidité de ces instruments. 

Guillaume Benoit

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