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En chiffres

Budget : la cagnotte fiscale permet d'amortir le choc de la flambée des dépenses

Malgré l'annonce d'une « indemnité inflation » chiffrée à 3,8 milliards, Bercy assure éviter tout dérapage des comptes. Le déficit public est revu en baisse de 8,4 % à 8,1 % du PIB cette année, et attendu en légère hausse de 4,8 % à 5 % en 2022. Un surplus de 10 milliards de recettes fiscales est envisagé grâce à la reprise, alors que les dépenses nouvelles représentent 14,9 milliards.

Bercy s'attend à un endettement contenu sous 114 % du PIB l'an prochain.
Bercy s'attend à un endettement contenu sous 114 % du PIB l'an prochain. (Shutterstock)

Par Renaud Honoré

Publié le 22 oct. 2021 à 12:48Mis à jour le 24 oct. 2021 à 21:09

Fin septembre, le gouvernement avait présenté un « budget à trous » pour 2022, prévenant qu'il y aurait des ajustements à faire . Un mois après, ces ajustements arrivent, et ils sont plus importants que prévu.

Bercy a ainsi revu ce vendredi ses prévisions pour les comptes publics en 2021 et 2022, marquées par un net bon des recettes fiscales attendues, qui devraient compenser une partie importante de la facture laissée par les dépenses nouvelles annoncées ces dernières semaines.

« Nous sommes dans une période de transition, qui est toujours le moment le plus délicat en sortie de crise. Dans ce contexte, nous évitons un dérapage des comptes publics, tout en assurant nos priorités pour l'investissement et la protection des Français », a plaidé, ce vendredi, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances.

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Variations limitées du déficit

En surface, les variations sont limitées, surtout si on les compare aux évolutions en yo-yo de l'an dernier en pleine pandémie : le déficit public pour 2021 est désormais attendu à 8,1 % du PIB contre 8,4 % annoncé fin septembre, quand celui pour 2022 est désormais prévu à 5 % contre 4,8 % il y a quelques semaines. « J'avais annoncé que nous ne dépasserions pas le seuil de 5 % l'an prochain, l'objectif est tenu », s'est vanté le locataire de Bercy, qui a confirmé un objectif de croissance à 6,25 % cette année et à 4 % l'an prochain . L'endettement devrait par ailleurs être sous l'étiage de 114 % du PIB en 2022.

Ces évolutions contenues des finances publiques masquent en réalité de grands mouvements à la hausse et à la baisse pour les caisses de l'Etat. A la hausse, car les rentrées fiscales s'avèrent bien plus fortes que prévu. Il faut dire que la vigueur de la reprise économique ne se dément pas, l'exécutif anticipant désormais 460.000 créations nettes d'emplois cette année contre 325.000 il y a quelques semaines. Cette embellie économique dope logiquement les rentrées de TVA, d'impôt sur les sociétés, d'impôt sur le revenu et de cotisations.

Du coup, Bercy s'attend désormais à 4,7 milliards supplémentaires de recettes fiscales en 2021, et 5,2 milliards pour 2022 par rapport à ce qui était attendu fin septembre. Déjà à l'époque, Bercy avait surpris en annonçant 20 milliards de surplus fiscaux cette année , ce qui donne une idée de la vigueur de la sortie de crise.

Cagnotte fiscale bienvenue

Cette cagnotte fiscale s'avère bienvenue au vu des nombreuses dépenses annoncées depuis un mois, alors que la campagne présidentielle est déjà lancée. Au total, ce sont 14,9 milliards d'euros qui ont été engagés au fil de l'eau par Emmanuel Macron.

Il y a d'abord « ce qui vise à préparer l'avenir des Français », comme l'a expliqué Bruno Le Maire, mais qui représente moins d'un tiers de la facture. Ainsi une enveloppe de 1,2 milliard supplémentaire va être affectée au plan compétences, dont une partie servira au futur revenu d'engagement pour les jeunes précaires - dont les ambitions ont été fortement revues en baisse ces dernières semaines .

Par ailleurs 2,8 milliards vont être ajoutés au projet de loi de finances pour 2022 pour financer le plan d'investissements France 2030 dévoilé la semaine dernière par Emmanuel Macron - un peu moins que la fourchette de 3 à 4 milliards annoncés initialement.

Facture en hausse

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Mais le plus gros morceau de ces dépenses va à ce que Bruno Le Maire appelle « la protection des Français » face à la flambée des prix de l'énergie. « L'indemnité inflation » détaillée ce jeudi par Jean Castex va coûter 3,8 milliards, dont 1,5 milliard sera engagé en 2021 (pour les salariés, les fonctionnaires et les indépendants) et 2,3 milliards en 2022 (pour les chômeurs, les retraités et les bénéficiaires de prestations sociales). «Toute la réponse à cette crise des prix du carburant ne peut pas venir de l'Etat, qui a fait sa part. Il faut que les entreprises se saisissent du problème», a souligné le ministre de l'Economie, appelant celles-ci à utiliser les primes défiscalisées ou les mécanismes d'intéressement mis en place sous le quinquennat. Jeudi soir, Carrefour avait annoncé vouloir doublé la prime de 100 euros créée par le gouvernement.

Au delà, il ne faut pas oublier le bouclier tarifaire mis en avant il y a deux semaines par Jean Castex , dont le coût a encore augmenté depuis son annonce. Le montant de la baisse des taxes sur l'électricité (TICFE) a été revu de 5 à 5,9 milliards en une semaine, du fait de la poursuite de la montée du prix, tandis que l'effort de contrôle des prix du gaz représenterait 1,2 milliard.

Cette inflation énergétique comporte toutefois aussi quelques bonnes nouvelles pour les comptes de l'Etat : Bercy s'attend à une hausse du dividende versé par EDF et à une baisse du financement des énergies renouvelables - corrélé aux prix de l'énergie - qui devraient lui rapporter au total 3,2 milliards. De quoi compléter les plus-values fiscales pour amortir le choc des nouvelles dépenses.

Renaud Honoré

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