Santander freiné par le Royaume-Uni, tiré par l'Espagne
Banco Santander voit son bénéfice net progresser de 10 % au premier trimestre. La Grande-Bretagne n'est plus que son troisième marché.
Par Édouard Lederer
La preuve par Santander : alors que le moteur économique espagnol commence à rugir, la plus internationale des banques ibériques signe un beau début d'année, justement grâce à son marché domestique. C'est un renversement de l'histoire, alors qu'au coeur de la déprime financière de l'Espagne, la banque a bénéficié des grands vents de l'international.
La première banque espagnole a ainsi publié mardi un bénéfice net en hausse de 10 % au premier trimestre, à 2 milliards d'euros, les bons résultats de l'Espagne (dont le résultat net progresse de 26 %) compensant l'impact des changes au Brésil et la performance médiocre du Royaume-Uni. Les marchés ont toutefois accueilli fraîchement ces résultats, le titre se repliant de 3,25 % en fin de séance.
Reprise de Popular
Là aussi, le renversement est frappant : l'Espagne redevient le deuxième marché de la banque (après le Brésil et avant le Royaume-Uni), et contribue grandement à la hausse des profits. Elle bénéficie de l'intégration de Banco Popular. Santander avait racheté Popular pour un euro en juin 2017 lors de la première mise en oeuvre d'un mécanisme européen de résolution destiné à éviter les faillites bancaires. « Les coûts ont augmenté après l'intégration de Popular, mais ils ont été compensés par la tendance positive des revenus commerciaux et l'amélioration du coût du crédit », explique la banque.
Effet de change
A l'inverse, le Royaume-Uni, premier marché de Santander jusqu'en 2016, a vu son résultat net chuter de 23 % (-21 % hors change) « en raison d'un contexte de forte concurrence qui a affecté les revenus, tandis que les coûts ont augmenté » tout comme les « provisions pour insolvabilité », détaille Santander. Avec 13 % du bénéfice net total, le Royaume-Uni n'est plus désormais que le troisième marché de la banque, derrière le Brésil (27 %) et l'Espagne (18 %).
Globalement, le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires, est resté quasi stable à 8,45 milliards d'euros (+0,6 %). La progression du résultat aurait été plus forte encore sans un effet de change défavorable au Brésil souligne la banque. Ainsi, le résultat net y a augmenté de 7 %, mais la hausse aurait été de 27 % sans cet effet.
Edouard Lederer