La pollution de l'air fait perdre 1,8 an d'espérance de vie dans le monde
+ VIDEO - Si les recommandations de l'OMS étaient suivies en Inde, chaque habitant pourrait espérer vivre 4,3 ans de plus. En Chine, la législation a permis de réduire les émissions et de faire remonter de six mois la longévité de la vie en trois ans.
Par Joël Cossardeaux
Un peu plus de dix ans. C'est ce que gagnerait en espérance de vie un habitant de New Delhi si le nuage de particules fines qui flotte à longueur d'année sur la mégapole indienne n'était pas plus de dix fois supérieur à la limite (113 microgrammes par m3 d'air) recommandée par l' Organisation mondiale pour la santé (OMS). Il s'agit du pire score relevé par l'Institut de politique énergétique de l'université de Chicago (EPIC) à l'échelle des grandes villes du monde en 2016.
Il dépasse aussi de beaucoup la perte d'espérance de vie imputable à la pollution de l'air sur l'ensemble de la planète. L'étude publiée lundi par cet organisme estime que la concentration excessive de particules fines l'a fait baisser de 1,8 année par personne, ce qui en fait le premier fléau pour l'homme avant le tabagisme (1,6 année d'espérance de vie en moins) ou encore la consommation d'alcool et de drogue (11 mois) !
Fléau numéro 1 dans le monde
Les trois-quarts de la population mondiale, soit 5,5 milliards d'individus, respirent un air non conforme aux préconisations de l'OMS. L'Inde et la Chine, qui comptent pour 36 % de celle-ci, totalisent à eux seuls 73 % des décès prématurés dus à ces particules fines massivement rejetées par les transports et les centrales électriques à charbon. Si l'Inde était dans la norme, chacun de ses habitants pourrait gagner 4,3 années et espérer vivre jusqu'à 73 ans en moyenne, selon l'étude.
« Les gens peuvent décider d'arrêter de fumer et de se prémunir contre les maladies, mais ils ne peuvent pas faire grand-chose à titre individuel pour se protéger de l'air qu'ils respirent », fait observer Michael Greenstone, le directeur de l'EPIC. A contrario, là où des politiques publiques de prévention ont été mises en oeuvre, les chances de vivre plus longtemps remontent. Aux Etats-Unis, l'espérance de vie s'est accrue de 1,5 an depuis 1970. Un progrès lié à l'entrée en vigueur, la même année, du Clean Air Act, une loi fédérale fixant des valeurs limites d'émission pour les véhicules et dans l'industrie. Dix ans après sa promulgation, les rejets de particules fines avaient déjà diminué de moitié.
Gains fulgurants en Chine
La Chine, où cette pollution fait chuter de 2,89 ans la longévité de chaque habitant en moyenne (5,7 ans pour un Pékinois), l a situation tend à évoluer positivement. Entre 2013 et 2016, les rejets de particules fines ont baissé de 12 % sous l'effet d'une évolution de la législation, qui pour fermer des centrales électriques au charbon (remplacées par des centrales au gaz), qui pour restreindre le nombre de véhicules en circulation dans les grandes villes. Résultat : l'espérance de vie a progressé de six mois en seulement trois ans.
Dans la province de Henan, les émanations de particules fines ont chuté de 20 %, permettant à sa population d'espérer vivre 1,3 année de plus. Les 15,5 millions d'habitants de la ville de Tianjin, situé dans nord-est du pays, ont gagné 1,2 an. Des chiffres qui impressionnent les chercheurs de l'EPIC. La baisse de la pollution dans l'ex-empire du Milieu « entre 2013 et 2016 est plus forte que celle observée aux Etats-Unis entre 1998 et 2016 », assurent-ils dans leur étude.
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Joël Cossardeaux