La basilique du Sacré-Cœur enfin classée Monument historique

La basilique du Sacré-Cœur enfin classée Monument historique
La basilique du Sacré-Coeur de Montmartre va être classée au titre des Monuments historiques ©PIxabay/Cheneil

Un siècle après sa consécration, la basilique du Sacré-Cœur s’apprête à rejoindre la longue liste des monuments parisiens classés aux Monuments historiques, mais pourquoi aussi tardivement ?

La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France, en partenariat avec la Ville de Paris, a lancé une procédure de classement de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre au titre des Monuments historiques. Validée le 13 octobre par la commission régionale du patrimoine et de l’architecture, celle-ci devrait aboutir d’ici l’été 2021 et permettre ainsi d’allouer plus de crédits à la restauration et à l’entretien du sanctuaire. Deuxième monument religieux le plus visité à Paris, avec 11 millions de visiteurs en 2019, le Sacré-Cœur, construit à la fin du XIXe siècle, est un lieu emblématique du patrimoine parisien. Pourquoi ce classement intervient-il si tardivement ?

Une architecture qui fait débat

La basilique du Sacré-Cœur a tout d’abord souffert d’une certaine déconsidération de son style architectural où le néo-roman se mêle à des influences byzantines. Après le déclin du néo-gothique, cher à Viollet-le-Duc, l’architecture religieuse de la seconde moitié du XIXe siècle voit se multiplier les formules singulières alliant réminiscences médiévales, Renaissance ou orientales à de nouveaux impératifs de rentabilité ou d’urbanisme.

L'architecture de style romano-byzantin de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre ©Unsplash/boesijana

L’architecture de style romano-byzantin de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre ©Unsplash/boesijana

Le projet de l’architecte Paul Abadie pour la butte de Montmartre marque l’apogée du style romano-byzantin qui trouve son expression emblématique et fondatrice dans la cathédrale de Marseille, construite entre 1852 et 1893 par Léon Vaudoyer. À l’époque de violentes critiques se sont élevées dans la presse contre l’abandon du gothique, considéré comme un style authentiquement national. Plus tard, on reprochera à l’édifice la massivité de sa silhouette, ses proportions approximatives et son aspect boursouflé qui lui vaudront le surnom de « chou à la crème » ou de « meringue de la Butte ».
Pour Laurent Roturier, directeur régional des affaires culturelles d’Île-de-France, cette procédure de classement au titre de Monuments historiques est le « signe d’une lente reconnaissance de l’architecture du XIXe siècle ». Elle témoigne également du désir de la DRAC Île-de-France « de donner à cet édifice la reconnaissance qu’il mérite au regard de sa qualité architecturale ».

Un monument qui fait toujours polémique

La polémique, toujours vivace, autour de la construction de l’édifice et de son ancrage dans l’histoire de France explique également en partie ce classement tardif. Petit rappel du contexte dans lequel est né le projet… Pour sauver la France et Paris après la défaite de 1870 contre la Prusse, et délivrer le pape prisonnier au Vatican, deux notables parisiens, Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury, donnent corps à l’idée d’un Vœu national, qui circulait alors dans la population, en proposant d’édifier un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus. Après de nombreuses péripéties et un chantier de plus de soixante ans, financé par une souscription nationale, ce Vœu donnera finalement naissance à la basilique de la Butte Montmartre.
Contrairement à une idée répandue, le vœu (formulé dès 1870) n’était donc en rien une réaction « aux crimes de la Commune », que l’on aurait cherché à expier par la construction d’un sanctuaire. S’ajoute à cela le choix de la Butte Montmartre, haut-lieu de répression de la Commune, où des milliers de communards ont été massacrés par l’armée en mai 1871. Selon le ministère de la Culture, c’est bien à cette « mauvaise lecture de l’Histoire » que le Sacré-Cœur doit de ne jamais avoir été classé.

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