Publicité

Fibre optique : l'Etat prévoit des centaines de millions d'euros d'économies

L'enveloppe de 3,3 milliards d'euros prévue pour subventionner le déploiement de la fibre en zone rurale n'a pas été consommée. 140 millions d'euros d'économies sont déjà disponibles pour financer plus de lignes.

16 millions de Français sont aujourd'hui connectés à la fibre optique, ils seront 30 millions en 2022.
16 millions de Français sont aujourd'hui connectés à la fibre optique, ils seront 30 millions en 2022. (Photo Sipa)

Par Sébastien Dumoulin

Publié le 16 oct. 2019 à 16:32Mis à jour le 16 oct. 2019 à 19:15

C'est un chantier public titanesque. Plus de dix ans de travaux et 3,3 milliards d'euros de subventions gouvernementales mobilisés pour équiper 34 millions de Français en fibre optique, dont 30 millions avant la fin 2022.

Et une fois n'est pas coutume dans le BTP : les délais seront tenus. 16 millions de Français sont aujourd'hui raccordables à la fibre et au rythme actuel de plus de 4 millions de lignes supplémentaires par an, il n'y a plus d'inquiétude à ce sujet. Quant au budget, il sera respecté. Mieux, Bercy assure que des centaines de millions d'euros seront économisés et pourront financer des lignes supplémentaires. L'EPR de Flamanville peut en prendre de la graine.

« Nous disposons pour le moment de 140 millions d'euros. Et toutes les économies réalisées seront immédiatement recyclées pour financer de nouvelles lignes », a expliqué mercredi la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher. « Nous allons rouvrir le guichet pour les 25 départements qui ne sont pas encore partis pour une généralisation de la fibre jusqu'au domicile. »

Publicité

3 millions d'« exclus » de la fibre

Ce montant de 140 millions d'euros est cependant jugé très insuffisant par les associations d'élus. Elles réclament depuis des mois de nouvelles subventions de l'Etat pour équiper davantage de foyers. Environ 3 millions de Français sont actuellement « exclus » des déploiements de fibre. La Bretagne à elle seule compte un million de lignes en suspens et réclame 210 millions d'euros à Bercy pour lancer les travaux…

L'Etat ne conteste pas cette analyse, mais demande de la patience. Julien Denormandie, le secrétaire d'Etat à la cohésion des territoires, reconnaît lui-même que le gouvernement estime actuellement qu'il faudrait mobiliser « entre 400 et 500 millions d'euros de subventions » pour finir de fibrer la France. Pour l'heure, il ne les a pas. Mais le gouvernement compte bien faire encore des économies.

Et l'Elysée a donné sa bénédiction. Chaque euro économisé sur l'enveloppe d'origine ne sera pas reversé au budget général, mais automatiquement réinvesti dans le chantier du Très haut débit. « Ces 140 millions sont appelés à augmenter. On est très large aujourd'hui, assure Agnès Pannier-Runacher. Notre appréciation, c'est qu'avec les 3,3 milliards d'euros initiaux, nous sommes en capacité de porter l'ensemble du déploiement par recyclages successifs. »

La 5G en embuscade

Si l'Etat a fait autant d'économies sur les réseaux de fibre, c'est grâce à l'amélioration des conditions de financement ces dernières années. D'un côté, l'industrialisation massive a permis de réaliser des économies d'échelle substantielles. « Nous faisons de moins en moins de génie civil - c'est ce qui coûte le plus cher, explique Etienne Dugas, président d'Infranum, l'association qui regroupe les industriels du secteur. Nous réutilisons les installations d'Orange et déployons aussi les câbles en aérien par exemple ». De l'autre, les investisseurs privés sont de plus en plus férus de fibre et les taux de subventions dans les campagnes descendent maintenant sous les 10 %.

La question reste néanmoins ouverte de savoir si tous les Français seront connectés à la fibre en 2025. Le gouvernement refuse de s'y engager. Sa seule promesse, dans le cadre européen de la « société du Gigabit », est que tous les Français aient accès à une connexion de 1 Gb/s en 2025. Aujourd'hui, la fibre est la seule technologie capable de fournir ces débits. Mais l'arrivée de la 5G pourrait changer la donne dans les zones les plus reculées. Et encore fournir une occasion au gouvernement de tenir ses promesses à moindre coût.

Sébastien Dumoulin

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité