Les poulpes envahissent la côte Atlantique : Un fléau et une aubaine pour les pêcheurs

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Leurs tentacules s’accrochent aux casiers et ils s’attaquent aux crustacés. On en retrouve partout : les poulpes ont envahi la côte Atlantique. A la fois un fléau et une aubaine, c’est en tout cas du jamais vu pour les pêcheurs.

« En 3 jours on en ramène une quinzaine de kilos, il y en a partout »

Delphine Nau, armatrice sur l’île d’Oléron n’a jamais eu les bacs de son chalutier aussi pleins de poulpes, presque cent kilos toutes les trois heures. « En 3 jours on en ramène une quinzaine de kilos, il y’en a partout » confie-t-elle. Du Finistère sud à la Vendée et jusqu’en Charente-Maritime, c’est l’invasion. Les scientifiques s’interrogent sur ce phénomène : le poulpe est peu étudié sur la côte Atlantique car d’habitude il y est assez rare. Selon Thomas Tranain, de l’Océarium du Croisic, « une des suppositions de leur présence en masse est que cet hiver il a fait assez doux et c’est prolifique pour les pieuvres ». Cela va crescendo depuis le mois de juin à la criée de L’Herbaudière à Noirmoutier, dirigée par Christian Cloutour qui vient de dépasser les 40 tonnes débarquées depuis le début de l’été. En temps normal c’est à peu près une tonne sur l’année.

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Le problème est que le poulpe est un prédateur vorace, très friand de crustacés : « on a vu les dégâts que cela provoquait : les pêcheurs qui utilisent des casiers pour la pêche aux homards ou aux tourteaux, retrouvaient des poulpes avec des carcasses de crustacés dedans » selon Christian Cloutour. Dans le Finistère, les pêcheurs craignent aussi pour les fragiles coquilles Saint-Jacques des Glénan, alors que la saison doit bientôt commencer. Plus au Sud, au large de La Rochelle, on se demande si on va pouvoir remplir toutes les tables de Noël et du Nouvel an. Julien Lamothe est à la tête de l’organisation de producteurs From sud-ouest, il  pointe que : « certaines espèces comme le homard sont moins abondantes. Ce crustacé est en plus déjà un produit rare. Les prix du homard pourraient donc être très importants au moment des fêtes ».

Un chiffre d’affaire qui a doublé pour les pêcheurs de poissons

Pour les pêcheurs qui ne sont pas sur les crustacés mais sur les poissons et les céphalopodes c’est par contre une véritable aubaine. Delphine Nau sur l’île d’Oléron l’a constaté :« cette invasion a doublé leur chiffre d’affaire. Ils ont l’habitude de faire des marées de 4 000 ou 5 000 euros en 2 jours et demi. Là, ils font du 9 000 ou 10 000 euros ».

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Elle n’est pas la seule à en profiter à la criée de la Cotinière, le port de l’île d’Oléron que dirige Nicolas Dubois : « on a des acheteurs qui achètent ici des produits plutôt italiens ou espagnols. C’est donc un produit qui se vend bien. L’année dernière on devait être à 3 tonnes de poulpes et on faisait 15 000 euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, on est à 35 tonnes et presque 200 000 euros de chiffre d’affaires ». Il ne reste désormais qu’une chose à faire pour Delphine Nau regarder des recettes pour pouvoir satisfaire les clients. Au menu : poulpe à la galicienne, à la vapeur, grillé ou en salade.

Laurie-Anne Toulemont

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