Un milliardaire fait don d’un exceptionnel ensemble d’armes et d’armures anciennes au Metropolitan Museum of Art de New York

Un milliardaire fait don d’un exceptionnel ensemble d’armes et d’armures anciennes au Metropolitan Museum of Art de New York
Ronald S. Lauder aux côtés d'une armure de chevalier allemand (1515-1530) de sa collection personnelle ©Mark Hiethoff

Le Metropolitan Museum of Art de New York s'apprête à recevoir une donation exceptionnelle du magnat des cosmétiques, Ronald Lauder : 91 armes et armures provenant de sa collection personnelle.

Le 9 décembre 2020, le milliardaire Ronald Lauder a promis de faire don de sa collection d’armes et armures au Metropolitan Museum of Art (Met) de New York et d’apporter un soutien financier important à l’institution. En conséquence, le musée a décidé de renommer ses salles d’exposition qui prendront donc le nom de « Galeries Ronald S. Lauder des Armes et Armures » (Ronald S. Lauder Galleries of Arms and Armors »). Le Met a salué la « générosité exceptionnelle » du philanthrope qui fait ici la plus importante donation enregistrée depuis 1942 par le musée pour ses collections d’armes et d’armures.

Pièces uniques

La collection de Ronald Lauder, entamée en 1976, contient des pièces extrêmement rares comme une armure de Toscane, produite par un atelier fournissant la famille Médicis au XVIIe siècle, dont il n’existe que deux exemplaires connus. On y retrouve également une armure de tournoi complète dont il reste même le chanfrein, une protection pour la tête du cheval, elle aussi datée du XVIIe siècle et fabriquée à Greenwich en Angleterre. D’après le Met, il s’agit de l’armure rattachée aux armureries royales de Greenwich de l’époque la mieux documentée et la seule du genre à conserver des décorations polychromes. L’ensemble de ces objets, 91 au total, représente un patrimoine unique pour l’étude de l’évolution stylistique des armes et des armures au fil des siècles.

Armure de tournoi du Duc Frédéric Ulrich de Brunswick-Lüneburg, Greenwich, 1610-1613, de la collection personnelle de R. Lauder ©Hulya Kolabas

Armure de tournoi du Duc Frédéric Ulrich de Brunswick-Lüneburg, Greenwich, 1610-1613, de la collection personnelle de R. Lauder ©Hulya Kolabas

À qui profite le don ?

Le musée, qui n’aurait pu (même sans limite budgétaire) réunir par lui-même un tel ensemble, se réjouit évidemment de cette donation. Néanmoins, il s’agit aussi pour Lauder, fervent ami et soutien de Donald Trump, de faire oublier certains de ses choix politiques et de ses investissements dans des mouvements pro-Trump. D’après le média américain Bloomberg, plus de 100 employés d’Estée Lauder avaient demandé sa démission du conseil d’administration en juin dernier à cause de son soutien au président sortant.

Demi-chanfrein dune armure du roi Felipe IV d'Espagne ou de son frère, Bruxelles, 1624-1626, de la collection personnelle de Ronald Lauder ©Hulya Kolabas

Demi-chanfrein dune armure du roi Felipe IV d’Espagne ou de son frère, Bruxelles, 1624-1626, de la collection personnelle de Ronald Lauder ©Hulya Kolabas

Un collectionneur d’art avisé

Héritier de la riche famille Lauder dont la mère, Estée Lauder, a bâti un empire autour des soins de beauté, Ronald Lauder a notamment été nommé ambassadeur des États-Unis en Autriche par Ronald Reagan, fonction qu’il a occupée pendant un peu plus d’un an. Proche de Benyamin Netanyahu, il occupe depuis 2007 la fonction de président du Congrès Juif Mondial. Homme d’affaires, il s’est enrichi à travers la presse, notamment la chaîne israélienne Channel 10. Il a par ailleurs œuvré à la diffusion de la culture juive ainsi qu’à la préservation et la diffusion de la mémoire de la Shoah.

Il est cependant plus connu pour être un philanthrope et un collectionneur d’art avisé. C’est notamment lui qui a acquis, en 2006, le célèbre Portrait d’Adele Bloch-Bauer I de Gustav Klimt pour 135 millions de dollars, une vente record pour un tableau de l’artiste à l’époque. L’œuvre est depuis exposée à la Neue Gallery à New York, que Ronald Lauder a créée en 2001. Formé par de grands noms du milieu de l’art, comme Stephen Grancsay ou Serge Sabarsky, le milliardaire s’est construit une solide réputation en la matière, tant par la qualité de ses goûts que par celle de ses collections. Il est également connu pour être l’un des plus grands collectionneurs de la période de la Sécession de Vienne, courant de peinture dont font partie notamment Egon Schiele ou Gustav Klimt. Son frère, Leonard Lauder, avait par ailleurs déjà fait don de sa collection d’œuvres cubistes en 2013 au Met.

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