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Portrait

Robert Poujade, premier ministre de l'Environnement, est mort

Il resta 30 ans maire de Dijon, et fut le premier ministre de l'environnement dans l'histoire de France. Le Gaulliste Robert Poujade est mort à l'âge de 91 ans.

Robert Poujade
Robert Poujade (Samira Bouhin/AFP)

Par Laurance N'Kaoua

Publié le 15 avr. 2020 à 08:07Mis à jour le 15 avr. 2020 à 11:15

C'est une page de l'histoire politique qui se tourne. L'ancien ministre Robert Poujade s'est éteint le 8 avril. Il avait 91 ans. Ce Gaulliste dans l'âme fut l'un des artisans de la Vème République.

Elu maintes fois député, et surnommé le « duc de Bourgogne », Robert Poujade, resta 30 ans maire de Dijon. Il fut aussi le premier ministre de l'Environnement de toute l'histoire de France.

Ses premiers pas professionnels se firent toutefois, en 1954, dans une salle de classe, comme professeur de lettres supérieures au Lycée Carnot de Dijon. Fils d'un professeur agrégé de lettres classiques, ce littéraire, grand amateur de poésie, fit, lui-même, des études supérieures qui l'ont mené, après une préparation au lycée Alphonse-Daudet de Nîmes, à l'Ecole normale supérieure et à l'agrégation. Il parlait Grec, Latin.

Faure, Pompidou, Chirac et Malraux

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Mais, dès 1945, l'intérêt général chevillé au corps, le jeune homme, doté d'une certaine idée de la France, veut prendre part à l'action publique. A 18 ans, sur les bancs de Khâgne déjà, il anime des mouvements de jeunesse de tendance gaulliste. Et, à Normale Sup, l'étudiant contribue aux débuts de la revue de doctrine du RPF, le premier parti de de Gaulle. Aux côtés de l'intellectuel Claude Mauriac et du philosophe Raymond Aron, il prêtera, plusieurs années durant, sa plume à la revue « Liberté de l'esprit ». L'écrivain François Mauriac ne lui prédisait-il pas un destin exceptionnel ?

Engagé successivement au RPF, chez les Républicains sociaux, à l'UNR, à l'UDR puis au RPR, il côtoiera André Malraux, Edgar Faure, Edouard Balladur, Georges Pompidou ou Pierre Juillet… De Jacques Chirac, il disait « il est impossible mais irremplaçable ». A propos du Général de Gaulle, il écrira : « rien n'a été comparable dans notre vie à la chance qui nous a été donnée d'avoir pu l'accompagner, de travailler pour lui, et un peu avec lui. » Fidèle, parmi les fidèles.

En 1968, alors que le Gaullisme se voit contesté avec violence, Robert Poujade, fraîchement élu député de Côte d'Or, combat les « rouges et noirs », rappelle le quotidien bourguignon « Le Bien Public ». Envoyé par le général à la conquête de Dijon, Robert Poujade fera, la même année, son entrée au conseil municipal, dans cette ville ouvrière, longtemps bastion de la gauche. Il en deviendra maire en 1971.

Ministère de l'impossible

Quelques mois plus tard, sous la présidence de Georges Pompidou, le chef du gouvernement, Pierre Chaban-Delmas, le nomme ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Protection de la nature et de l'Environnement. Un poste que Robert Poujade gardera jusqu'en 1974, y compris au côté du second Premier ministre du septennat : Pierre Mesmer.

Précurseur, il s'attelle alors à lutter contre la pollution sonore, veut contrôler la qualité de l'air, se penche sur les compétences des agences de l'eau, réfléchit à des normes contre les nuisances industrielles… Et déjà, à l'aube du premier choc pétrolier de 1973, le portefeuille n'est pas une sinécure.

Plus tard, il écrira un ouvrage baptisé « Le ministère de l'Impossible », dénonçant, au fil des pages, des moyens trop maigres et des blocages de l'administration. A l'époque, Valéry Giscard d'Estaing, alors à Bercy, lui aurait déclaré : « C'est intéressant, votre ministère, il ne devrait rien coûter à l'Etat ». Moqueur aussi, Albin Chalandon, ministre de l'Equipement et du Logement, lui aurait glissé : « En somme, tu es préposé à embêter tout le monde, un métier plutôt risqué. »

Dans la foulée, Robert Poujade présidera, entre mille autres choses, le Conservatoire du littoral (en 1976), la Commission nationale des Secteurs sauvegardés (en 1978) ou le conseil d'administration de la BNF… Ce père de famille, plusieurs fois grand-père et écrivain, dépeint comme courtois, cultivé, a renoncé à briguer un mandat de maire en 2000. Il resta député jusqu'en 2002.

« Installé à Paris, il n'a cependant jamais arrêté de suivre le jeu politique national et Dijonnais d'un oeil attentif », écrit le « Bien Public ». L'ancien maire, député et ministre, a été inhumé mardi dans l'intimité familiale.

Laurance N'Kaoua

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