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EDF : Pandore, Hercule et le lion de Némée

L'Etat lance le premier des travaux du plan Hercule d'EDF et ouvre la boîte de Pandore.

Double (EDF)
Double (EDF)

Par Les Echos

Publié le 18 janv. 2020 à 16:19Mis à jour le 19 janv. 2020 à 15:29

« Il n'est pas bon d'être trop libre », pensait Pascal. Voir les investisseurs applaudir à une tentative de re-réglementation quand une libéralisation mal conduite a abouti au chaos reste néanmoins inhabituel. Les 3 milliards d'euros de capitalisation regagnés par EDF vendredi (+9,8%) sont certes à la hauteur de la destruction de valeur (une quinzaine de milliards) depuis la mise en place il y a huit ans et demi d'un tarif d'accès de ses concurrents à l'électricité nucléaire (Arenh). La réforme de cette mécanique infernale, qui plafonnait les revenus d'EDF en période de hausse des prix de l'énergie sans le protéger des baisses prolongées - une « option gratuite d'arbitrage » pour la concurrence qui ne participe pas aux engagements de long terme de l'atome, selon la Cour des Comptes -, est le premier des travaux indispensables au plan « Hercule » de scission élaboré par le PDG, Jean-Bernard Lévy. Son remplacement par un « corridor » de prix, que l'Etat doit faire valider par Bruxelles, pourrait être, comme pour le héros mythologique, une peau de lion immunisant l'activité de production contre les fluctuations du marché. Mais le gouvernement ouvre aussi une boîte de Pandore, celle de l'improbable estimation des « coûts complets » du nucléaire, devant servir d'axe central au dispositif. Entre l'actionnaire du futur « EDF vert », les consommateurs et le contribuable, les comptes ne seront pas forcément bons.

À noter

Lors de sa dernière estimation en 2016, la Cour des Comptes évaluait à 62 euros le mégawattheure le « coût courant économique » de l'électricité nucléaire (correspondant à un coût global moyen sur toute la durée de fonctionnement du parc, sans tenir compte de son coût de financement), alors que le tarif de l'Accès régulé au nucléaire historique (Arenh), appliqué aux concurrents d'EDF depuis le 1er juillet 2011 et inchangé depuis 2012, s'élève à 42 euros (en dessous du prix de marché « forward » à un an, à 45,50 euros). Les magistrats de la rue Cambon relevaient néanmoins à l'époque une énorme inconnue dans leurs calculs : le coût des centrales nucléaires de nouvelle génération (EPR), aujourd'hui toujours incertain. Les coûts « cash » de production du parc existant (n'intégrant pas l'amortissement, le démantèlement et le renouvellement des réacteurs) étaient estimés à 33 euros le mégawattheure en 2017 par la Société française d'énergie nucléaire.

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