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Congé maternité : pour ne plus angoisser à l’idée de revenir

Vous êtes enceinte ? Félicitations ! À peine l’euphorie des premiers jours, il faut déjà préparer la layette, anticiper la garde du rejeton et… le retour en entreprise. Pour vous aider à franchir cette étape qui peut être angoissante, voici les conseils d’experts.

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C'est parfois difficile de se séparer de son bébé les premiers jours, mais tout ira bien. (Shutterstock)

Par Fabiola Dor

Publié le 21 oct. 2019 à 07:00Mis à jour le 24 oct. 2019 à 16:14

Le retour de congé de maternité devient vite une source d’angoisse pour les femmes actives. Victoria, cheffe de produit marketing, chez Essilor tente de relativiser pour se concentrer sur l’arrivée de ses jumeaux, mais son inquiétude reste palpable. “Je vais partir près de 8 mois. Cette longue absence me stresse parce que j’ai peur de ne plus retrouver mon poste à mon retour”. Pour avoir les bonnes pratiques à suivre, elle a assisté à l’atelier sur la préparation du retour de congé de maternité. Cette masterclass a été organisée en septembre dernier, par Gloria, une communauté engagée en faveur de l’égalité femmes-hommes.

Un sentiment de solitude…

Comme elle, ce jour-là, une trentaine de femmes enceintes ont bravé la fatigue (et la pluie) pour se rendre dans un espace de coworking du 11ème arrondissement de Paris. Pendant deux heures, les questions et les anecdotes personnelles fusent. Comment demander son congé parental ? Ce congé a-t-il des conséquences négatives sur la carrière ? Pour les éclairer et les rassurer, Guillaume Da Mota, DRH chez L’Oréal et animateur de l’atelier Gloria s’appuie sur des textes de loi et des cas pratiques. 

Le premier ressenti commun à toutes ces futures mamans est la solitude. C’est d’ailleurs comme ça que le concept de ces ateliers est né. Les deux co-fondatrices Florie Benhamou et Laura Lasry, se sont senties très seules durant leur grossesse. 

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Clara, une ex-commerciale de 37 ans qui travaille dans une startup parisienne suit cet atelier pour anticiper le retour et le rapport avec son employeur. “Mon dernier retour de congé de maternité a été un enfer”, se souvient-elle. Je pensais être protégée par la loi, mais j’ai été placardisée sur un poste complètement éloigné de mes fonctions principales et j’ai perdu tous mes bonus”. Enceinte de Son 4ème enfant, elle prend désormais toutes ses précautions pour éviter les mauvaises expériences.

Bien préparer le départ ! 

D’autres s’inquiètent pour leur salaire. Et pour cause. En moyenne cinq ans après l’arrivée d’un enfant, les mères perdent environ 25 % de leurs revenus salariaux, par rapport à ce qui se serait produit sans cette arrivée, indique une étude de l’Insee publiée le 10 octobre. Mais pour les 5% de femmes les moins bien rémunérées, ce chiffre grimpe à 38 %. À l'autre extrémité, les femmes aux salaires les plus élevés perdent en moyenne 5% de leur salaire. Les pères, eux, sont épargnés par ce phénomène.

Pour limiter cet écart salarial après l’arrivée des enfants, la loi de 2006 oblige l’entreprise à revaloriser les salaires des nouvelles mères. Plus précisément, le salarié a droit aux augmentations générales et à la moyenne des augmentations individuelles perçues ou décidées durant son congé pour des salariés relevant de la même catégorie professionnelle (ou à défaut de la moyenne des augmentations individuelles dans l’entreprise). “Pourquoi personne ne m’en a parlé quand je suis revenue de congé maternité”, regrette Clara. “C’est le rôle des RH, mais il est aussi important de bien connaître vos droits…”, explique Guillaume Da Mota, coach qui anime l'atelier Gloria. 

Une intervenante lève la main. “Comment aborder la question du salaire quand on a été absente plusieurs mois”. Le sujet suscite l'intérêt de toutes les participantes qui se disent pas toujours à l’aise avec cette requête. Guillaume Da Mota est clair : “Soyez subtiles. Aborder le sujet le lendemain de votre arrivée n’est peut-être pas la meilleure idée, mais gardez bien en tête de ne pas vous excuser de demander votre dû”. 

Garder un lien avec l’entreprise… 

Tout au long de l’atelier, le DRH invite les jeunes mamans à déculpabiliser. “Le meilleur moyen de bien réussir son retour de congé de maternité, c’est de soigner l’annonce de la grossesse et de bien préparer le départ. Ne laissez pas de cadavres dans le placard, ce qui pourrait entacher votre retour”, prévient Guillaume Da Mota.

Rappelons que la loi ne prévoit aucune obligation quant à la façon de l’annonce à son employeur. “En revanche, il vaut mieux le prévenir le plus tôt possible”, conseille le DRH. Cela vous permet de co-organiser le départ et d’envisager une alternative avec votre manager”. 

Pendant le congé mat’... Sachez que l’entreprise n’a pas le droit de vous déranger. “C’est important de laisser la maman profiter de son temps avec le bébé et s’imprégner de cette nouvelle aventure”, indique Fabienne Reynaud, cofondatrice de Good To Know, une agence spécialisée sur le handicap, la diversité et l'égalité femmes-hommes en entreprise. Néanmoins, pour éviter la voie de garage, il peut être utile de garder un lien avec l’entreprise de manière informelle”, nuance la coach. 

L’arrivée du bébé est un bon moyen de relancer la machine. “C’est cliché, mais le mail avec la photo du nouveau né qui pèse 2,8 kilos est un bon reminder qui sous-entend : “attention, je ne vais pas tarder à revenir”, lance Guillaume Da Mota. “Une fois passée l’étape des félicitations, vous pouvez prendre un rendez-vous pour commencer à envisager la reprise”. 

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“Les RH et les managers peuvent vous informer des missions en cours et celles à venir”, indique Ilhame Boirie, fondatrice de Make Mother Matter France, un mouvement mondial qui valorise le rôle des mères “Quand on s’y prend trop tard, on prend malheureusement ce qui reste”.

Un moyen de repenser sa carrière 

Un bébé entraîne pas mal de bouleversements. “Prenez le temps de vous posez les bonnes questions. Est-ce que j’ai encore envie de faire carrière dans cette entreprise ? Si la réponse est oui, il faut le manifester clairement”, conseille Fabienne Raynaud. “Gardez à l’esprit que de manière inconsciente, on pensera que vous êtes moins disponible pour vous positionner sur de gros dossiers”, constate-t-elle. 

Pour Guillaume Da Mota, l’arrivée d’un bébé est aussi l’occasion de repenser sa carrière, négocier un changement de poste. “Si vous avez envie de tester autre chose, c’est le moment idéal pour négocier une rupture conventionnelle, parce que les femmes enceintes sont quasi intouchables en entreprise”, insiste le DRH de L’Oréal.

La maternité permet de développer des softs skills

D’après son expérience, les femmes se sentent souvent moins légitimes après leur accouchement. “Vous êtes parties en congés de maternité, vous n’avez pas fait un AVC, vous avez des compétences à défendre au sein de l’entreprise. C’est même un atout que vous pouvez défendre sur votre CV : “La maternité permet de développer des softs skills forts comme la logistique, la patience, l’écoute”.


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Fabiola Dor

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