LISZT Franz

(1811-1886) Epoque Romantique

Liszt est d’abord un pianiste virtuose, qui sera le premier à se produire en récital, seul en scène face au public. Il a été un transcripteur et un compositeur prolifique. Hongrois de naissance, il parcourt l’Europe dès sa jeunesse et se fait connaître partout, puisant dans toutes les cultures et donnant en retour des témoignages innombrables de sa générosité et de son humanité.

Franz Liszt en 10 dates :

  • 1811 : Naissance à Raiding (Autriche-Hongrie)
  • 1822 : Premier concert public à Vienne
  • 1834 : Harmonies poétiques et religieuses (1ère version)
  • 1846 : Rhapsodies hongroises (les premières)
  • 1849 : Après une lecture du Dante (inspiré du poème de Victor Hugo)
  • 1852 : Études d’exécution transcendante (version finale)
  • 1855 : Concerto pour piano n°1 (création à Weimar)
  • 1857 : Sonate pour piano en si mineur (création à Berlin)
  • 1865 : Légende de Sainte Elizabeth (création à Budapest)
  • 1886 : Mort à Bayreuth

 

Liszt est un pianiste virtuose qui déclenche l’hystérie du public

Franz Liszt enfant est un petit Mozart. Son père est musicien et compositeur amateur. Il décèle très vite chez son fils des aptitudes musicales précoces. Czerny et Salieri vont confirmer ce talent et bientôt père et fils vont partir, comme les Mozart, sur les routes des capitales européennes. À Paris, il donne des concerts au Théâtre Italien qui le rendent célèbre. Mais le directeur du Conservatoire, Luigi Cherubini, refuse sa candidature, sans doute parce qu’il n’est pas français.

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Il compose un opéra Don Sanche ou Le château d’amour qui est créé à Paris en 1825 sans grand succès. Il ne reviendra d’ailleurs plus à ce genre musical. En revanche il écrira de nombreuses transcriptions d’airs d’opéras. Il réalisera également la transcription des neuf symphonies de Beethoven. Ses récitals de piano seront pendant toute la première partie de sa vie source de succès et de gloire internationale. On parlera même de « Lisztomanie» (terme évoqué par le poète Heinrich Heine). Sa virtuosité séduit les foules, mais pas seulement…

 

Ce jeune homme talentueux séduit les belles aristocrates en dépit des convenances

À vingt et un ans, il rencontre à Paris la comtesse Marie d’Agoult, qui a six ans de plus, est mariée et mère de famille. Trois ans plus tard, elle quitte tout pour lui et ils fuient ensemble en Suisse puis en Italie. Ils ont bientôt trois enfants nés ainsi hors de France. Leur passion les dévore, mais ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière de concertiste en Europe. Après leur rupture en 1844, il séduit la Princesse Carolyne von Sayn-Wittgenstein, elle aussi déjà mariée et qui souhaite faire annuler sa précédente union pour épouser Liszt. Mais celui-ci échappera finalement au mariage et finira par retrouver une certaine paix en rejoignant l’ordre des Franciscains. Son père décédé, en 1827, en était déjà adepte… et avait recommandé à son fils de se méfier des femmes.

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Les années de pèlerinage en Suisse et en Italie donnent lieu à des pièces pour piano

Marie et Franz quittent la France en 1835 pour gagner d’abord la Suisse, où ils vont vivre sans doute leurs meilleurs moments, en communion avec la nature, les lacs notamment, qui inspirent à Liszt des pièces pour piano comme Au lac de Wallenstadt. Puis ils vont en Italie retrouver les grands poètes et les artistes de la Renaissance. Dante et Pétrarque deviennent leur lecture favorite et Liszt composera plus tard des œuvres directement inspirées de ces grands poètes (Après une lecture du Dante, Trois sonnets de Pétrarque). Cette période « d’exil » de près de quatre ans sera restituée dans un recueil d’œuvres pour piano, d’abord appelé Album d’un voyageur puis Années de pèlerinage.

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Des Rhapsodies hongroises d’inspiration tzigane aux oeuvres religieuses

Liszt n’a jamais oublié ses origines hongroises, revenant souvent à Pest où il est fêté comme un roi. Il y donne des concerts gratuits qui attirent les foules. Il n’st pas rare qu’il soit porté en triomphe dans la ville à l’issu de ces prestations. La musique tzigane l’a toujours inspiré et ses Rhapsodies hongroises, composées sur plusieurs années à partir de 1846, puisent dans les airs populaires. Elles deviendront un succès planétaire, bien après sa mort, joué par tous les grands pianistes du XXème siècle.

Rhapsodie hongroise n°2 (Lang Lang)

 

A la fin des années 1840, Liszt choisit de renoncer à ses récitals de piano et de se consacrer à la composition d’oeuvres ambitieuses. Il est installé confortablement à Weimar avec sa Princesse, et peut travailler dans l’isolement et le calme. Ses douze Poèmes symphoniques sont composés de 1848 à 1858 et dédiés à Carolyne. Puis la Messe de Gran pour la consécration de la grande basilique hongroise, la Légende de Sainte Elizabeth (Sainte hongroise patronne des pauvres) et l’oratorio Christus (1862-1866) approfondissent la méditation religieuse de Liszt, qui prend les ordres mineurs à Rome en 1865 et devient l’abbé Liszt.

 

A Bayreuth, Liszt rejoint sa fille Cosima devenue l’épouse de Wagner

De ses trois enfants, seule Cosima est encore de ce monde. Mariée à l’élève préféré de Liszt, Hans von Bülow, elle est devenue la maîtresse de Wagner et a eu des enfants de lui. L’histoire se répète… Elle finit par quitter son mari et rejoindre définitivement Wagner. Liszt du coup se brouille avec celui-ci, qui était son ami et protégé depuis plus de vingt ans. Mais après quelques années, Cosima renoue avec son père. Elle le fait souvent venir à Bayreuth où elle est installée depuis 1874. Il est présent lors de l’ouverture du premier Festival en 1876. Après la mort de Wagner, elle exige que son père, pourtant très fatigué, vienne à Bayreuth. Il arrive très malade à l’été 1886 et meurt le 31 Juillet. Enterré à Bayreuth, sa maison est devenue un musée, à côté de la villa Wahnfried de Richard Wagner.

 

L’héritage musical de Liszt concerne aussi bien les pianistes que les compositeurs

Les œuvres pour piano de Liszt constituent pour les pianistes professionnels un catalogue incontournable et réputé difficile. La technique pianistique exigée est souvent telle qu’elle a pu rebuter certains, mais la plupart aiment travailler et jouer ses Années de pèlerinage ou sa Sonate en si mineur. Son ami Chopin, à qui il a consacré un livre après sa mort, a sans doute bénéficié d’une image plus accessible et d’une programmation plus fréquente dans les concerts. Mais la richesse du millier d’œuvres laissées par Liszt n’a pas fini de séduire les musiciens épris de rigueur et de poésie.

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Les compositeurs sont nombreux pour leur part à revendiquer l’héritage lisztien. Richard Strauss et Maurice Ravel par exemple ont souvent rendu hommage à leur illustre prédécesseur. Les Jeux d’eau de Ravel sont directement inspirés des Jeux d’eau à la villa d’Este, cette ultime grande pièce de piano composée par Liszt à Rome en 1882. Dans un article de 1912 sur les concerts Lamoureux, qui venaient de jouer le poème symphonique de Liszt Les Idéals, Ravel écrit : « Que nous importent les défauts de cette œuvre, de l’œuvre entière de Liszt ? N’y a-t-il pas assez de qualités dans ce bouillonnement tumultueux, dans ce vaste et magnifique chaos de matière musicale, où puisèrent plusieurs générations de compositeurs illustres ? ».

 

Philippe Hussenot

 

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