Ce sera donc un second tour Yannick Jadot – Sandrine Rousseau. Le résultat de cette primaire des Verts est une surprise. Ce qui surprend d’abord, c’est la participation elle-même à cette primaire, avec 122.000 inscrits. Plus de 100.000 votants, c’est une belle performance. C’est trois fois plus que la primaire à laquelle avait participé Nicolas Hulot, c’est sept fois plus que le nombre d’adhérents à Europe-Ecologie-Les Verts.
Eric Piolle et Sandrine Rousseau s’affichent volontiers avec Jean-Luc Mélenchon
Le parti écologiste a su créer un véritable élan militant. Dans ces temps de discrédit de la politique, c’est un succès à souligner. L’autre surprise, c’est ce quatre-quarts presque égal entre Yannick Jadot, Sandrine Rousseau , Delphine Batho et Eric Piolle. Personne ne triomphe, personne n’est humilié, mais personne ne s’impose. C’est la marque involontaire d’un parti qui rechigne à la personnalisation des batailles électorales. Yannick Jadot est en tête. Est-il pour autant le favori ? Eh bien c’est le contraire.
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Je le crois en grande difficulté. Sa première place est en trompe-l’œil. D’une part parce qu’il n’a pas profité de sa notoriété pourtant infiniment plus forte que celle des autres candidats. Et d’autre part, parce qu’il est assez isolé sur sa ligne politique que l’on pourrait qualifier de modérée, avant tout soucieuse de montrer la capacité des Verts à gouverner, voir à faire des compromis, quand ses trois adversaires principaux revendiquaient leur radicalité. Eric Piolle et Sandrine Rousseau par exemple, s’affichent volontiers avec Jean-Luc Mélenchon.
Yannick Jadot s’était retiré en 2017 au profit de Benoît Hamon, on a vu le résultat !
Quant à Delphine Batho, elle a une conception de la République et des menaces communautaristes plus proche de Jadot que de Rousseau ; mais elle a fait campagne sur le thème de la croissance – avec d’ailleurs un succès qui est une des surprises de ce premier tour. Et pour le coup, ce n’est pas du tout la vision de la tête de listes des dernières européennes. Tout ça pour dire qu’a priori, les reports de voix semblent plus faciles et plus nombreux en direction de Sandrine Rousseau. Ce qui confirmerait une fois de plus la propension des écologistes à choisir le candidat qui rassemble et qui ouvre le moins ; tout cela au nom d’une supposée pureté idéologique.
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Quelle incidence aura l’identité du vainqueur de la primaire écolo sur l’ensemble du paysage à gauche ? Au congrès du PS, Olivier Faure a lancé un nouvel appel à une candidature unique, mais personne n’y croit. Yannick Jadot s’était retiré en 2017 au profit de Benoît Hamon, on a vu le résultat ! En secret Anne Hidalgo prie pour une victoire de Sandrine Rousseau parce qu’elle pense que beaucoup d’électeurs écologistes ne se reconnaîtront pas dans sa ligne éco-féministe et radicale, et qu’elle pourrait alors en profiter. Jean-Luc Mélenchon espère une victoire de Sandrine Rousseau en vertu d’un autre pari. Si la candidature de la Verte ne prend pas, le leader Insoumis veut croire qu’elle se retirera in fine en sa faveur. Ce qui est peut être un vœu pieu. En attendant, verdict le 28 septembre.
Guillaume Tabard
