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Incendies en Amazonie : Macron accuse Bolsonaro et bloque l'accord Europe-Mercosur

Alors que des feux ravagent la forêt tropicale, le président français a estimé, ce vendredi, que son homologue brésilien avait « menti » sur ses engagements environnementaux et annoncé s'opposer désormais à l'accord de libre-échange. Le G7 travaille à des « initiatives concrètes », indique l'Elysée.

La forêt tropicale est la proie d'un nombre record d'incendies, dont 2.500 nouveaux départs de feu en l'espace de 48 heures, selon l'Institut brésilien de recherche spatiale (INPE)
La forêt tropicale est la proie d'un nombre record d'incendies, dont 2.500 nouveaux départs de feu en l'espace de 48 heures, selon l'Institut brésilien de recherche spatiale (INPE) (Joedson Alves/EFE/SIPA)

Par Sophie Amsili

Publié le 23 août 2019 à 14:29Mis à jour le 25 août 2019 à 15:53

L'Amazonie brûle et enflamme les relations diplomatiques entre le Brésil et l'Europe. Le président brésilien est accusé de ne pas agir pour stopper la progression des flammes, alors que la plus grande forêt tropicale au monde est la proie d'un nombre record d'incendies, dont 2.500 nouveaux départs de feu en 48 heures, selon l'Institut brésilien de recherche spatiale (INPE).

Emmanuel Macron a reproché, ce vendredi, à Jair Bolsonaro de lui avoir « menti » sur ses engagements environnementaux et a annoncé s'opposer à la ratification du traité de libre-échange UE-Mercosur signé fin juin. « Compte tenu de l'attitude du Brésil ces dernières semaines, le président de la République ne peut que constater que le président Bolsonaro lui a menti lors du Sommet d'Osaka [du G20 en juin dernier, NDLR] », a déclaré l'Elysée, estimant que « le président Bolsonaro a décidé de ne pas respecter ses engagements climatiques ni de s'engager en matière de biodiversité ».

Un peu plus tôt, l'Irlande s'était également dite prête à bloquer l'accord « si le Brésil n'honore pas ses engagements en matière d'environnement ». La semaine dernière déjà, Berlin et Oslo avaient sanctionné Brasilia en bloquant plus de 60 millions d'euros de subventions .

Au menu du G7

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La diplomatie allemande s'est elle montrée plus mesurée que le chef de l'Etat français. S'opposer à l'accord sur le Mercosur « n'est pas la réponse appropriée » jugeait vendredi en début de soirée un porte-parole de la chancelière, ajoutant que l'échec de l'accord ne « contribuerait pas à réduire le défrichement de la forêt tropicale ». 

La tension diplomatique est montée d'un cran ces derniers jours. Le président brésilien aux régulières sorties climatosceptiques est accusé, par sa politique de déforestation , de favoriser la survenue de ces incendies records (en hausse de 83 % par rapport à l'an dernier).

Evoquant « une crise internationale », Emmanuel Macron a appelé jeudi soir les membres du G7 - qui s'ouvre samedi à Biarritz - à « parler de cette urgence ». « Notre maison brûle. Littéralement », a écrit le président français sur Twitter, reprenant l'image utilisée par son prédécesseur Jacques Chirac il y a dix-sept ans.

Deux autres membres du G7, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, sont a priori déterminés à aborder le sujet ce week-end à Biarritz. 

Vendredi après-midi, la présidence française indiquait que les conseillers diplomatiques des chefs d'Etat travaillaient déjà sur le sujet. Il « se mobilisent pour avoir des initiatives concrètes pour l'Amazonie, qui pourraient se matérialiser au G7 », précise l'Elysée.

« Une mentalité colonialiste »

Mais le président brésilien, qui n'est pas invité au G7, a opposé une brutale fin de non-recevoir à son homologue français. L'accusant d'« instrumentaliser une question intérieure au Brésil et aux autres pays amazoniens » avec « un ton sensationnaliste qui ne contribue en rien à régler le problème ».

« Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel », a assuré le dirigeant d'extrême droite. Accusant : « La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au XXIe siècle. »

L'Amazonie ravagée par de violents incendies

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L'envoi de l'armée à l'étude

Le président brésilien, qui a tenu une réunion de crise jeudi soir avec plusieurs de ses ministres, a toutefois indiqué ce vendredi qu'il étudiait l'envoi de l'armée pour lutter contre les incendies. 

Après avoir multiplié les déclarations polémiques cette semaine, accusant notamment des ONG d'avoir causé les départs de feu, sans fournir aucune preuve, Jair Bolsonaro a fustigé mercredi « une psychose environnementale » et s'est inquiété des retombées économiques pour son pays : « Si le monde entier commence à dresser des barrières commerciales (contre le Brésil), notre agro-négoce va chuter, l'économie va reculer. »

Avec une superficie de 5,5 millions de km², dont 60 % sur le territoire brésilien, l'Amazonie fait figure de « poumon vert » de la planète et contribue à réguler le réchauffement climatique dans le monde. Près de 20 % de la forêt a disparu en 50 ans, selon le WWF.

Sophie Amsili

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