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Analyse et Stratégie

Aucun rescapé sur le Cac 40 en mars, les hausses sont à chercher ailleurs

Alors que le Cac 40 a connu le pire trimestre de son histoire, aucune des entreprises qui le compose n’a réussi à gagner de la valeur en mars. Les hausses sont à chercher ailleurs. Du côté des PME en France, qui vendent des tests, des masques, des gants. Et, plus globalement, du côté des biotechs, des distributeurs alimentaires ou des entreprises qui profitent à plein du télétravail.

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A worker wearing protective gears sprays disinfectant as a precautionary measure against COVID-19 during a nationwide confinement to counter the virus, in Suresnes, outside Paris, Tuesday, March 31, 2020 (Christophe Ena/AP/Sipa)

Par Marjorie Encelot

Publié le 31 mars 2020 à 18:18

Jour 31 de mars, mois du krach, l’heure est au bilan. Mensuel et trimestriel. A Paris, les comptes sont vite faits. Au sein du Cac 40, aucune des entreprises cotées sur l’indice phare n’a réchappé à la déferlante vendeuse, même pas Sanofi ; aucune d’entre elles n’est parvenue à clôturer le mois en hausse. Ni même le trimestre d'ailleurs, et cela malgré l’élan pris en début d’année par certaines, comme Dassault Systèmes, Legrand ou Schneider Electric, qui ont atteint des records en janvier ou février. Ici, le palmarès est celui du « moins pire ».

Il y a les entreprises qui ont surnagé, comme Hermès, L’Oréal et Carrefour. Celles qui ont chuté autant que le Cac 40 (-17% en mars, -26% depuis le début de l’année), comme Michelin, Vinci et EssilorLuxottica. Et celles pour qui les conséquences du coronavirus sont absolument terribles ; c’est notamment le cas du gérant de centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield, d’Airbus et des banques BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.

Sur le mois écoulé, Unibail-Rodamco-Westfield a perdu plus de la moitié de sa valeur, dont l’essentiel à partir du vendredi 13 mars, date à laquelle les rumeurs de confinement ont commencé par faire plonger l’action de 20%. Après, dans les jours qui ont suivi, la fermeture des magasins non essentiels a fait le reste. Avec, comme épilogue, un plongeon de 53% sur le mois.

Les concessions automobiles sont elles aussi fermées, au grand dam de Renault (-33%), déjà mal en point  avant le coronavirus, plombé par les nouvelles normes antipollution, le ralentissement économique, l'affaire Ghosn, un mariage raté avec Fiat et son divorce annoncé d'avec Nissan. C’est le sixième mois d’affilée que le constructeur automobile perd de la valeur en Bourse ; et le troisième d’affilée au cours duquel il chute de plus de 10%. Renault est perdant de 58% depuis le début de l’année, après déjà quatre années boursières passées dans le rouge. 

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« Les chocs violents sont des révélateurs de fragilité, explique Didier Saint-Georges, membre du comité d’investissement stratégique de Carmignac. Les banques et l’automobile affichent ainsi les pires performances depuis le début de l’année, tandis que la santé, l’agro-alimentaire, la technologie, se sont avérées les plus résistantes en dépit des valorisations. »

L’« impressionnant » plongeon du pétrole

Face à de telles dégringolades, Total - qui finit le mois en baisse de 8% - fait figure de résistant. Et cela d'autant plus qu’avec des prix du baril en chute libre (-60%), les entreprises du secteur « pétrole et gaz » ont décroché en mars, de telle sorte qu’au Royaume-Uni, « le rendement de ce compartiment a atteint 14% au cours de ces derniers jours », nous fait remarquer Paul Jackson, responsable de la recherche chez Invesco ETFs. Certes, « il y aura une baisse des dividendes », mais le chiffre de 14% est suffisamment marquant pour illustrer l’ampleur de la chute « dans un secteur qui a particulièrement souffert. »

En tout cas, pour Paul Jackson, l’« impressionnant » plongeon des prix du pétrole - tombé à presque 20 dollars pour le Brent, au plus bas depuis dix-sept ans - fait partie des évènements qui, sur le mois, ont particulièrement marqué les esprits. Des sociétés comme TechnipFMC, qui fournissent des services d’ingénierie pour l’amont pétrolier, c’est-à-dire l’exploration et l’extraction, qui ne tirent aucun revenu de la distribution de carburant, ont senti la chute. TechnipFMC (-52% sur le mois), sortie la semaine dernière du Cac 40, signe l’une des plus grosses contre-performances du Stoxx 600.

Les valeurs « coronavirus »

Sur cet indice des plus grosses entreprises européennes, une cinquantaine de valeurs finissent tout de même le mois en hausse. Dans le Top 5 ? L’allemand HelloFresh (+39%), qui livre des kits repas à domicile, le spécialiste français du diagnostic bioMérieux (+23%), l’équipementier médical suédois Getinge (+19%), qui fabrique notamment des respirateurs, le distributeur belge Colruyt (+18% environ) et l’italien DiaSorin, qui vend aussi des tests de dépistage.

Vu le contexte, rien d’étonnant à ce que les entreprises du secteur de la santé aient gagné en valeur. Sur Euronext Paris, elles sont même nombreuses, parmi les PME, à voir le prix de leur action plus que doubler depuis le début de l’année. C’est notamment le cas de Novacyt, de Biosynex, d’Euromedis, d’Intrasense, d’UVGermi, d’Orapi ou d’Eurobio Scientific. Elles vendent des tests, des masques, des gants, du gel hydroalcoolique ou des solutions de dépollution de l’air.

Même constat outre-Atlantique où les biotechs, qui travaillent à l’élaboration de traitements innovants - et pas forcément contre le coronavirus - pullulent parmi la centaine de valeurs en hausse en mars sur le Nasdaq Composite.

Plus globalement, aux Etats-Unis, tirent également leur épingle du jeu les entreprises qui profitent à plein du télétravail - comme Zoom Video Communications, Citrix Systems ou Equinix -, UPS, les distributeurs alimentaires Walmart, Costco et Kroger, l’éditeur de jeux vidéo Take-Two Interactive, l’assureur santé Centene ou encore le fabricant de produits désinfectants Clorox.

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