L’opéra : 4 choses à savoir sur un genre lyrique présent dans le monde entier

« Un opéra, c’est une histoire où un baryton fait tout pour empêcher un ténor de coucher avec une soprano .» Telle est la définition de l’écrivain George Bernard-Shaw quant au genre lyrique le plus chanté au monde. Et vous, connaissez-vous les principes de l’opéra ? On vous propose un quizz pour réviser. 

Un opéra est une pièce de théâtre chanté, avec des costumes et des décors.

Vrai. Au Moyen-Âge, déjà, des pièces mêlent théâtre et musique. On les appelle les mystères, mais elles sont toujours plus ou moins inspirées de sujets religieux. A la Renaissance, les intellectuels s’intéressent à des sujets profanes, et se penchent sur les formes théâtrales de l’Antiquité : un texte compréhensible – ce qui est alors rarement le cas dans la polyphonie complexe de l’époque – et une alternance entre des personnages solistes et un chœur. Forts de ces observations, les compositeurs italiens Peri et Cavallieri se lancent, dans les dernières années du XVIème siècle, dans l’écriture d’ouvrages en mélodie accompagnée (1 voix avec un accompagnement sobre). Ces œuvres sont représentées sur une scène, avec décor et costumes : c’est le début de l’opéra. L’Orfeo de Monteverdi (1607) fait partie des premières réalisations de ce nouveau genre lyrique.

Au fil des siècles, les intrigues se complexifient, les styles musicaux évoluent, mais le but est toujours de susciter des émotions chez le spectateur. Comme au théâtre (parlé), on va à l’opéra (chanté) pour voir sur scène des personnages aimer, souffrir, être en danger… et vivre tout cela à travers eux. Quand on est mélomane, on apprécie aussi l’opéra pour ses qualités musicales intrinsèques. L’orchestre accompagne les chanteurs et le chœur, souligne leurs émotions ou apportent (notamment chez Wagner, grâce aux leitmotiv) des informations supplémentaires.

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L’amour est toujours le sujet principal d’un opéra, quelle que soit son époque.

Faux. Certes, l’amour est presque toujours présent à l’opéra, quel que soit le pays ou l’époque à laquelle il a été composé. Didon et Enée de Purcell (1689), Les Indes galantes de Rameau (1735), Les Noces de Figaro de Mozart (1786), La Traviata de Verdi (1853), ou encore Le Chevalier à la rose de Richard Strauss (1911), tous tournent autour d’une histoire d’amour. Celle-ci se finit bien (L’Elixir d’amour de Donizetti), ou mal (Otello de Verdi), selon qu’on est dans le registre de la comédie ou de la tragédie. Cependant, il existe aussi des opéras où l’amour est secondaire. Si Néron se montre aveuglément amoureux de sa maîtresse dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, c’est néanmoins la soif insatiable du pouvoir qui ressort de cet opéra. Dans La Damnation de Faust de Berlioz, Marguerite est séduite, mais c’est le pacte avec le diable qui est le véritable sujet. Dans Elektra de Richard Strauss, la vengeance est en première ligne, l’histoire entre Clytemnestre et son amant Egisthe n’étant qu’un ressort de l’histoire. Enfin, quelques opéras se passent complètement de l’amour. C’est le cas d’Iphigénie en Tauride de Gluck, où l’amour passionnel est totalement absent. Seul subsiste l’amour fraternel d’Oreste et de sa soeur Iphigénie.

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Les rôles principaux sont toujours attribués à la soprano et au ténor. Mezzo et baryton n’incarnent que des rôles secondaires.

Faux. L’une des conventions de l’opéra, veut que les tessiture soient attribuées en fonction de l’âge des personnages. Ainsi le spectateur peut immédiatement identifier s’il s’agit d’une jeune fille (soprano) ou d’une femme plus mûre (mezzo voire contralto), qui sera peut-être alors une figure d’autorité dans l’histoire (mère, servante prodiguant des conseils…), à moins qu’elle ne soit une rivale. En effet, une tessiture plus basse peut aussi être à l’opéra le reflet d’une âme plus sombre, sans qu’il y ait de grande différence d’âge. Le méchant de l’histoire est donc traditionnellement un baryton. Mais il peut y avoir des exceptions ! Ainsi, dans Rigoletto de Verdi, le duc de Mantoue, libertin invétéré par lequel arrivent tous les malheurs aux personnages… est un ténor ! Verdi veut ainsi souligner sa jeunesse. Le rôle de Rigoletto, homme dans la force de l’âge et père de surcroît, est chanté par un baryton. Voilà donc un opéra où le ténor n’a pas le premier rôle masculin, et ce n’est pas un cas isolé chez Verdi. Il en est de même dans Nabucco ou Simon Boccanegra. De même, Moussorgsky confie le rôle éponyme de Boris Godounov à un baryton-basse. Chez les femmes, les jeunes héroïnes (incarnées par des sopranos) cèdent parfois aussi la première place aux mezzo dans la seconde moitié du XIXème siècle. Ainsi Carmen, même si elle est chantée par des sopranos dramatiques (comme Maria Callas), reste plutôt un rôle de mezzo.

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Dans un opéra, les chanteurs interviennent chacun leur tour, sans se couper la parole.

Faux. L’opéra a évolué au fil du temps. A l’époque baroque, les chanteurs se succèdent pour des arias exprimant des émotions variées, que la musique se charge d’expliciter : la colère (air de bravoure, virtuoses et remplis de vocalises), la crainte, la tristesse (tempo lent, et mélodie plaintive), la joie (tonalité majeure, rythme souvent plus allègre) etc. Des duos existent, mais sont peu fréquents. Rares aussi sont les ensembles de plusieurs solistes. Le chœur apparaît pour quelques interventions, et commente l’action, héritage du théâtre antique. Les duos, les trios et les ensembles (quatuor, quintette, sextuor) se généralisent à l’époque de Mozart. Dans Don Giovanni ou dans Les Noces de Figaro, le point culminant de la tension dramatique est porté par les ensembles de solistes à la fin des actes. Au XIXème, le Romantisme apprécie les duos, occasions de tendres confidences entre les amoureux. Le trio fait alors souvent intervenir le rival ou le père, dont la ligne vocale tranche avec celle du couple d’amoureux. Au XXème siècle, l’évolution de l’opéra se situe davantage au niveau du langage harmonique, ou du sujet général de l’ouvrage.

 

Sixtine de Gournay

 

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