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Insecticides : le gouvernement fait marche arrière pour sauver la betterave

Interdit depuis 2018, l'usage des pesticides néonicotinoïdes pourra être autorisé à titre dérogatoire et jusqu'en 2023, le temps de sortir la filière betteravière de l'ornière et de trouver des formules de substitution.

Le gouvernement veut permettre aux planteurs de betteraves à sucre d'employer, « dans des conditions strictement encadrées », un insecticide interdit depuis 2018 afin de protéger leurs cultures des pucerons verts, vecteurs du virus de la jaunisse.
Le gouvernement veut permettre aux planteurs de betteraves à sucre d'employer, « dans des conditions strictement encadrées », un insecticide interdit depuis 2018 afin de protéger leurs cultures des pucerons verts, vecteurs du virus de la jaunisse. (Gutner/SIPA)

Par Joël Cossardeaux

Publié le 6 août 2020 à 18:39Mis à jour le 6 août 2020 à 18:49

Ce qu'une loi fait, une autre peut le défaire. Le gouvernement va revenir sur la loi biodiversité de 2016 qui a banni depuis septembre 2018 l'usage d'insecticides néonicotinoïdes dans les cultures, dont celles de betterave. Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, a annoncé jeudi, à l'issue d'une réunion avec les représentants de cette filière, qu'une modification législative interviendrait à l'automne permettant de suspendre temporairement l'interdiction de ces substances néfastes pour les abeilles.

Cette mise entre parenthèses s'appliquera  pour la campagne 2021 et éventuellement jusqu'en 2023, précise le ministère. Pour la mettre en oeuvre, le gouvernement s'appuiera sur un règlement européen qui autorise les Etats membres à prendre au moment des semis « une dérogation de 120 jours pour les semences enrobées, dans des conditions strictement encadrées ». 

Des conséquences très lourdes

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Le gouvernement n'entendait pas laisser les betteraviers français plus longtemps désarmés face à la propagation du virus de la jaunisse sur l'ensemble des régions productrices. Une maladie transmise par les pucerons auxquels les néonicotinoïdes faisaient barrage jusqu'à leur interdiction, il y a donc deux ans.

Ne pas agir aurait eu des conséquences très lourdes, selon le ministère de l'Agriculture où l'on évoque de possibles pertes de rendement de 30 à 50 % avec le risque de voir les exploitants se détourner massivement de la betterave en 2021. Un scénario insupportable pour Julien Denormandie conscient du poids économique (46.000 emplois, dont 25.000 agriculteurs et 21 sucreries) de cette filière qui fait de la France le premier producteur de sucre européen.

Cette mesure, ainsi que les autres annonces faites jeudi par le ministère, notamment une indemnisation pour les pertes de rendement les plus importantes de la campagne passée dues à la jaunisse, ont été immédiatement saluées par les acteurs de la filière aux abois depuis plusieurs semaines . Elles « sont de nature à sécuriser les semis de betteraves pour la campagne 2021/2022 » et « vont permettre d'envisager plus sereinement [les] choix d'assolement pour la campagne 2021 », s'est félicité Tereos, premier acteur sucrier en France et second groupe sucrier mondial.

Une ONG scandalisée

En revanche, ces dispositions n'enchantent pas - c'est peu dire - les ONG. Générations Futures , la plus en pointe, s'est déclarée « scandalisée par cette décision ministérielle qui constitue un recul important sur la question de ces insecticides tueurs d'abeilles ». François Veillerette, son directeur, promet « d'employer toutes les voies de recours possible », objectant que des produits homologués, autres que les néonicotinoïdes, existent pour lutter contre le puceron de la betterave.

« Les alternatives techniques aujourd'hui se sont révélées inefficaces », lui oppose-t-on au ministère de l'Agriculture où l'on indique vouloir se montrer vigilant sur les conditions de réintroduction provisoire des néonicotinoïdes. « Seule l'utilisation via l'enrobage des semences pourra être envisagée, et celle par pulvérisation demeurera interdite, afin de limiter les risques de dispersion », assure-t-on notamment.

Joël Cossardeaux

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