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« Mes biotechs et medtechs favorites pour les prochains mois »

Lundi 25 janvier, à 16 heures, Anne Barloutaud, notre spécialiste des biotechs et medtechs au sein de la rédaction d’Investir, a répondu à vos questions en direct. Le compte-rendu complet de ce Chat spécial.

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Chat avec Anne Barloudaud, le 25 janvier | Crédits photo : Investir (Investir)
Publié le 20 janv. 2021 à 16:55Mis à jour le 25 janv. 2021 à 17:25

Anne Barloutaud : Bonjour, je suis heureuse de vous retrouver pour ce Chat consacré à la biotech. Ce secteur, sous les projecteurs, dans le contexte actuel de la crise sanitaire, a fortement rebondi l’année dernière et reste en pleine ébullition alors qu’il recueille une multitude d’introductions en Bourse aux Etats-Unis.

Un petit rappel pour commencer. Au cas où il y ait des novices. Les start-up dans la recherche médicale sont encore toutes déficitaires et consomment de la trésorerie. Les annonces cliniques constituent des catalyseurs à la hausse comme à la baisse avec de très fortes variations. Le risque est souvent binaire et il faut garder en tête que la probabilité d’échec est encore de 40% en phase clinique 3, qui est la dernière avant la soumission du dossier du produit aux autorités de santé, qui peuvent aussi le retoquer en fin de course. Comme cela a été le cas pour Genfit ou DBV par exemple...

Kimmo : Bonjour Mme Barloutaud. En ce qui concerne Sartorius Stedim Biotech, que me conseillez-vous ? Gardez cette valeur en portefeuille ou vendre du fait d'une très belle plus-value ? Avec mes remerciements. Cordialement.

Sartorius Stedim fait partie des champions de la Bourse de Paris. Ses multiples de valorisation sont stratosphériques : de près de 65 fois les estimations de profits pour 2021 ! Reste que la visibilité est exceptionnelle et ses perspectives de croissance très fortes. 90% des ventes de Sartorius sont récurrentes car les processus de production que fournit la société à l'industrie pharmaceutique font partie du dossier d'enregistrement du médicament. Ses clients industriels sont donc captifs.

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A court terme, le potentiel de hausse nous semble réduit mais, à moyen terme, il reste toujours très attrayant en raison de la position incontournable de la société sur le marché des médicaments biologiques en forte croissance. Sartorius va bénéficier de l’augmentation des essais cliniques dans les vaccins contre la Covid et aussi de ses récentes acquisitions, qui auront un effet positif sur les marges.

Si vous avez doublé sur cette valeur, n’hésitez pas à en vendre par exemple la moitié, ce qui ramène votre prix de revient à zéro.

Maurice : Pensez-vous que Gensight soit la biotech 2021, par sa réussite de sa thérapie génétique et quels sont vos objectifs de cours pour fin d'année ?

Effectivement, cette biotech, qui a mis au point Lumevoq, un produit de thérapie génique très innovant dans une maladie rare qui entraîne la cécité, est très prometteuse. Lumevoq sera le second au monde en ophtalmologie après le Luxturna, qui traite une autre maladie rare de la rétine. Luxturna a été récemment commercialisé par la biotech américaine Spark Therapeutics, qui a été rachetée 4,3 milliards de dollars par Roche.

Le dossier été soumis, en septembre, en Europe, auprès des autorités de santé européennes. Ces dernières devraient rendre leur avis au quatrième trimestre. De ce fait, le newsflow pourrait être plus maigre d’ici-là, ce qui risque d’entraîner des prises de bénéfices. Toutefois, si le produit est autorisé, le titre garde un gros potentiel de valorisation. Oddo BHF vise par exemple 15 euros et Investir 11 euros, contre un cours actuel de 6,9 euros.

Frédéric : Bonjour à tous, j'ai suivi avec satisfaction vos conseils sur les medtechs Biocorp, Voluntis, et l'augmentation de capital de Predilife (qui a dû subir des dégagements d'opportunité depuis...), avez-vous une autre société favorite ? Quant aux biotechs, quelles seraient vos entreprises « coups de cœur », une pour le court terme, l'autre à horizon lointain ? Merci beaucoup. Frédéric, abonné récent.

Je pense qu'il pourrait être opportun de revenir sur des biotechs du secteur de l’oncologie, qui n’ont pas ou ont peu profité du mouvement de rebond du secteur en 2020. Innate Pharma et Erytech devraient chacun annoncer des résultats déterminants cette année avec de nouvelles approches innovantes en oncologie.

On attend du spécialiste de l'immuno-oncologie Innate Pharma les données de phase 2 pour Monalizumab, développé avec son partenaire AstraZeneca dans le cancer « tête et cou » et des résultats préliminaires pour Tellomak.

Du côté d’Erytech seront dévoilés des résultats intermédiaires d’efficacité au premier trimestre dans le cancer du pancréas en attendant les résultats finaux prévus au second semestre. Il y a aujourd’hui encore peu de solutions thérapeutiques dans ces deux domaines et un succès devrait permettre des rattrapages de valorisation. Nous visons 5 euros pour Innate et 12 euros pour Erytech.

Julien : Bonjour Anne. Merci pour votre disponibilité pour ce tchat. Possédant des actions Carmat et Poxel, je me pose la question de prendre des PV ou conserver ces lignes dans mon portefeuille, notamment pour Carmat, qui consolide depuis quelques temps aux alentours de 31 euros. Qu'en pensez-vous ? Merci pour votre retour.

Le cas de Poxel est spécial car l’américain Roivant a récemment arrêté son partenariat avec la biotech pour le développement d'Imeglimine, son médicament vedette dans le diabète de type 2. Il a rendu les droits d'Imeglimine à Poxel en Europe et aux Etats-Unis. Un nouveau partenaire est donc recherché pour ces zones géographiques et l’action a été pénalisée en 2020.

Au cours actuel, la valorisation est attrayante. La situation avec Roivant est débloquée et cet évènement, qui a certes été mal perçu, ne remet pas en cause le produit, qui est en cours d’examen au Japon. Le partenaire japonais Sumitomo a déposé le dossier d’enregistrement et un feu vert de commercialisation est attendu d'ici la fin de premier semestre. Nous sommes acheteurs, à titre spéculatif, avec un objectif de retour à 9 euros.

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Malgré le rebond de 55% de Carmat sur un an, nous pensons que l’histoire du coeur artificiel n’en est qu'à ses débuts. Le dispositif a obtenu le marquage CE et devrait être lancé commercialement en Europe cette année. Ce marché potentiel dans l’indication « pont à la transplantation » est estimé à plus de 2.000 patients par an en Europe, sachant qu’il y a de longues listes d’attente (700 patients en Allemagne et 900 en France).

Plus de 95 patients devraient être implantés d'ici fin 2022. Le prix du coeur conçu par le renommé Pr. Carpentier sera de l'ordre de 150.000 euros. Avec le démarrage de l’étude de faisabilité aux Etats-Unis, la medtech devrait entrer dans les radars américains. Elle pourrait constituer à terme une cible pour des leaders du secteur, comme l’américain Edwards (coté au Nasdaq), qui a racheté la technologie de bioprothèses aortiques du professeur Carpentier pour en faire un succès mondial. Nous visons 40 euros.

Thierry : Bonjour Madame, faut-il croire encore à l'action Sanofi. J’ai deux lignes, une à -7% sur mon PEA, et une ligne a +33% sur le PEA de mon épouse. Quelle stratégie adopter étant donné les doutes qui s’installent au sujet de la finalité du vaccin Covid ? Merci pour vos bons conseils.

Nous ne sommes plus du tout dans le secteur de la biotech, mais Sanofi reste pour nous une valeur qui pourrait rebondir en 2021. Sur la base d’un PER de 10,5 pour 2022, sa décote s'élève à près de 20% par rapport à la moyenne du secteur pharma. Le BNPA est attendu en progression de plus de 10% sur 2021-2022 et le dividende est régulier, offrant un rendement très confortable. Le retard de six mois pris dans le développement du vaccin Covid du fait d'une modification de formulation de l’antigène nécessaire pour en augmenter l’efficacité a eu un effet psychologique négatif. Toutefois, les investisseurs n’intégraient aucune vente potentielle pour ce vaccin dans les prochaines années.

En revanche, la feuille de route du directeur général, le britannique Paul Hudson, est ambitieuse. Il vise une remontée de la marge opérationnelle à 34% en 2023, qui pourrait être atteinte plus vite que prévu en raison des avancées du programme d’économies de coût. La montée en puissance du nouveau « blockbuster » Dupixent (traitement de la dermatite atopique, de l’asthme et des polypes nasaux) est prometteuse et le groupe dispose de moyens colossaux (60 milliards de fonds propres et 5 milliards de cash-flows annuels) pour continuer à étoffer son portefeuille. La transformation en profondeur du laboratoire va se poursuivre, avec la sortie de la santé animale, qui permettra de valoriser cet actif et l’abandon des aires thérapeutiques du diabète et du cardio­vasculaire en panne de vitesse. Viser 100 euros.

Anne, nous avons beaucoup de questions sur Nicox. Etes-vous toujours favorable à cette action ? Et pourquoi ?

Nicox n’a pas, il est vrai, suivi le gros mouvement de rebond des biotechs en 2020. Finalement, le fait que la société spécialisée dans l’ophtalmologie ait un médicament commercialisé via son partenaire américain Baush & Lomb la dessert. Les investisseurs surveillent le niveau du chiffre d’affaires, qui est représenté par des royalties d’environ 10% à 15% sur les ventes de Vyzulta, attendues autour d’un petit million en 2020. On est loin des centaines de millions un temps évoqués... Aujourd’hui, le potentiel de Nicox se situe dans le NCX 470, une nouvelle génération de traitement contre le glaucome en stade très avancé, avec deux études cliniques de phase 3 en cours.

Toutefois, il faut bien avoir en tête que l’on se situe dans une marché très concurrentiel et encombré (de nombreux collyres sont prescrits contre la pression oculaire, à très bas prix (car génériqués) avec des mécanismes d’action différents. L’innovation devra donc être significative pour permettre à la société de se distinguer avec des prix élevés. Nous sommes acheteurs de la biotech, dont la valorisation est faible et qui pourrait rebondir à la faveur de résultats de phase 3 convaincants pour NCX 470. Nous visons un premier retour autour de 6 euros.

Jacky : Bonjour, pouvez-vous s'il vous plaît nous donner votre avis sur les biotechs DBV et Genfit ? Merci. Bien cordialement.

Concernant DBV, nous en sommes redevenus acheteurs, à titre spéculatif le 5 janvier dernier, estimant que le produit vedette, le patch contre l’allergie à l’arachide Viaskin Peanut, n’était pas mort malgré les difficultés de la société à faire autoriser son dossier d’enregistrement par la FDA.

En outre, les autorités européennes ont accepté récemment d'examiner le dossier. L’action a flambé ces deux dernières semaines (+120% depuis le début de l'année) alors que les discussions avec la FDA progressent. Des solutions aux grandes questions soulevées par celle-ci concernant l’adhérence du patch semblent se dessiner. DBV n’aura pas besoin de faire un total retour en arrière en relançant toutes les phases de tests cliniques pour Viaskin Peanut. Une nouvelle étude d’une durée de six mois avec des patchs modifiés devrait suffire. Ses résultats pourraient être présentés dès la fin de l’année.

Le fait que l’unique concurrent, le produit de l'américain Aimmune Therapeutics, Palforzia, qui amorce sa commercialisation, ait séduit Nestlé, qui s’est offert la biotech américaine pour 2,2 milliards d’euros (plus de 4 fois la valorisation actuelle de DBV), en août dernier redonne du potentiel à DBV. Son patch est d’administration beaucoup plus confortable pour des enfants et un risque d’effets secondaires moins élevé. Nous sommes acheteurs, à titre spéculatif pour viser 15 euros.

Après le lourd échec de son produit vedette contre la Nash, Elafibranor, Genfit risque d’avoir du mal à se relever car ce traitement représentait près de 90% de la valeur de la société. L’action fait donc partie des quelques grosses déconvenues de 2020. L’ex-star de la bioetch, qui dispose de près de 200 millions de trésorerie, garde quelques billes. Dans la cholangite biliaire primitive (CBP), une cirrhose du foie, les résultats de phase 2 d’Elafibranor ont été très solides et la phase 3 est en cours. Le marché est bien plus étroit, estimé à environ 500 millions, contre près de 2 milliards pour la nash, mais les prix beaucoup plus élevés. Même si le cours est très bas après une chute de 80%, nous préférons rester encore à l’écart, le retour de la confiance des investisseurs risque d’être long.

Borts : Bonjour. Que doit-on faire de Novacyt et d'AB Science qui ont bien monté mais jusqu'où ? Merci de bien vouloir répondre à ma question. Salutations.

Concernant le spécialiste des tests de diagnostic Novacyt, nous avions conseillé des prises de bénéfices partielles en début d’année 2020 après une multiplication par quatre de l’action. La société était alors en situation financière fragile et nous préférions assurer nos gains. L’action s’est enflammée depuis (+5.700% en 2020), après l’explosion de ses ventes de tests du Covid-19. La société a signé un nouveau contrat avec le Royaume-Uni pour la fourniture de tests PCR rapides. Elle a également indiqué que ses tests identifiaient le virus mutant. Nous pensons que la valorisation intègre désormais déjà toutes ces bonnes nouvelles et qu’après une telle performance boursière il est un peu tard pour acheter. D’autant que la vaccination devrait à terme réduire le volume des tests.

AB Sciences a présenté, ces derniers mois, de bons résultats cliniques dans une multitude d’indications pour son produit vedette Masitinib. Les plus convaincants ont été ceux dans la maladie d’alzheimer publiés récemment. AB Science mène cinq programmes de phase 3 (cancer de la prostate, du pancréas, maladies inflammatoires et du système nerveux...) ce qui dilue le risque. En outre, grâce à sa capacité d’action en amont de la phase inflammatoire sévère dite « tempête de cytokines », Masitinib va entrer en phase clinique 2 pour être évalué dans le traitement de la Covid-19.

Nous restons acheteurs, à titre spéculatif, en dépit d'un doublement du titre en six mois ce qui va mécaniquement entraîner quelques prises de bénéfices. Le newsflow est riche à court terme et de bonnes nouvelles pourraient encore intervenir. La société va publier les résultats de son étude dans le cancer de la prostate métastasée à la fin du premier trimestre et ceux de l'étude clinique de phase 2 dans le covid-19 le courant de l'année. Rien ne vous empêche toutefois, de sécuriser une partie de vos gains.

Le temps passe vite et vos questions ont été très nombreuses. Je n'ai malheureusement pas pu répondre à toutes. J'espère en tout cas vous avoir apporté quelques éclaircissements. Je vous donne rendez-vous, lundi prochain, pour un nouveau Chat plus général sur la Bourse avec Rémi Le Bailly. Bonne soirée à tous et merci encore de votre participation.

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